Identification

Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Les Magiciennes et autres idylles, Théocrite (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 22 Mars 2022. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Poésie

Les Magiciennes et autres idylles, Théocrite, Gallimard, Coll. Poésie, trad. grec ancien, Pierre Vesperini, novembre 2021, 192 pages, 11,50 € Edition: Gallimard

 

De Théocrite, l’on sait peu de choses, à peine de quoi remplir une page, au fond. Par contre, de sa postérité, de l’influence qu’ont eue ses Idylles, depuis Virgile jusqu’à Leconte de Lisle, du sens qu’ont ces poèmes, de leur place exacte dans l’histoire de la littérature en tant qu’émergence écrite et non plus essentiellement orale, l’on trouvera aisément des volumes entiers de glose. L’on trouve aussi des traductions, intégrales ou partielles, de son œuvre. Il y a celle d’Émile Chambry, dans une belle prose (celle dont il s’est aussi servi pour Le Banquet de Platon, entre autres), il y a quelques vers traduits avec souplesse et élégance dans l’Anthologie de la poésie grecque aux Belles Lettres, il y a ceux, extrêmement vivaces, proposés par Emmanuèle Blanc dans l’Anthologie de la littérature grecque chez Folio, il y a ceux, un rien guindés, choisis par Yourcenar dans La Couronne et la Lyre. Ceci n’est qu’un relevé au fil de lectures diverses, non spécialisées. Désormais, il y a Les Magiciennes et autres idylles, présentées, éditées et traduites par Pierre Vesperini.

Minuit dans la ville des songes, René Frégni (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 17 Mars 2022. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Minuit dans la ville des songes, février 2022, 256 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): René Frégni Edition: Gallimard

 

« La journée précédente avait duré cinq ans, celle-ci avait filé comme la lumière et le vent. Chaque mot que j’avais lu avait aboli les barreaux, les murs, la cour de la prison.

J’étais assis sur une planche, dans une obscurité totale, je compris soudain ce qu’étaient la lecture, la puissance colossale des mots. Cette journée allait déterminer le reste de ma vie, ce voyage infini avec les mots ».

René Frégni est un travailleur de la nuit. C’est ainsi que certains basques, il y a longtemps, nommaient les contrebandiers, avec une amusante admiration. Minuit dans la ville des songes est un roman de contrebande de souvenirs et de livres, de mots et d’hommes, rencontrés entre chien et loup, entre les murs d’une prison militaire, une escale Corse, et un centre hospitalier spécialisé. Minuit dans la ville des songes est le roman d’un jeune homme révolté, dont la mémoire résonne encore des Maîtres du mystère (1), écoutés en famille, et des aventures du Comte de Monte-Cristo et du boumian, le bohémien de la crèche.

Sergent Getúlio, João Ubaldo Ribeiro (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 08 Février 2022. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman

Sergent Getúlio (Sargento Getúlio, 1971), João Ubaldo Ribeiro, trad. portugais (Brésil) Alice Raillard, 181 pages, 7,50 € Edition: Gallimard

 

Dans les traces glorieuses de João Guimarães Rosa (Diadorim) et de Juan Rulfo (Le Llano en flammes), ce roman magistral nous emmène sur les pistes sèches et poussiéreuses du Sertão brésilien et les sentes verdoyantes du Sergipe et nous invite, comme ses illustres prédécesseurs, à partager la noirceur, la violence et le désespoir de la vie des damnés de cette terre. João Ubaldo Ribeiro élève un chant funèbre, une mélopée sombre entonnée par un narrateur unique, dont le flux de conscience constitue la totalité du roman. L’écriture de Ribeiro agit comme une mithridatisation sur le lecteur, comme un poison injecté par doses infimes et qui provoque une accoutumance totale. Plus le roman avance, plus le style et la musique particulière de Ribeiro prend son ampleur, sa puissance, sa force de pénétration.

Si l’on pense en premier lieu aux maîtres sud-américains cités, le flot ouvert par le sergent Getúlio, évoquant pêle-mêle souvenirs personnels, événements politiques et historiques brésiliens, considérations personnelles sur la vie, la mort, les hommes, Dieu et le Diable, nous rappelle aussi le chemin terrible de Méridien de sang de Cormac McCarthy.

Une Sorcellerie, Valentin Retz (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 21 Janvier 2022. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Une Sorcellerie, octobre 2021, 240 pages, 19 € . Ecrivain(s): Valentin Retz Edition: Gallimard

« Certains gouffres ne sont pas faits pour être mesurés ; ni certains yeux, pour scruter l’innommable. En tout cas, moi, j’aurais voulu ne jamais voir le visage des démons qui nous haïssent et nous abusent, depuis que l’homme est appelé à se trouver et à se perdre ».

Une Sorcellerie est un roman divin, qui comme le fit Dante dans la Comédie, traverse l’Enfer et ses sorcelleries, pour ensuite laisser le Paradis l’illuminer. L’écrivain poursuit cette immersion dans l’Enfer, déjà à l’œuvre dans Noir parfait. Le narrateur de ce roman inspiré et troublant se voit littéralement projeté, il sort de son corps, dans l’esprit d’un sorcier, le maléfique Daxull, un personnage aux mille ressorts et perversions, et qui jette mille sorts mortifères sur ses disciples dans des messes noires dont il est le grand ordonnateur. Le narrateur se retrouve immergé dans ce théâtre orgiaque de la destruction radicale de l’Être, par les yeux d’un démon qui manipule les âmes, les corps, et la science. Cet écart, ce basculement, ce bouleversement, que subit le narrateur, se déroule en 2015, quelque temps avant les attentats islamistes visant le Stade de France, les cafés et restaurants de Paris, et le Bataclan, probablement, comme si le Diable y rodait. De cette immersion dans la tête d’un autre, d’un ange déchu, de cette fantaisie diabolique et échevelée, le narrateur reviendra transformé et avide de lumière et de Lettres. L’obscurité, les forces du mal, les terreurs et les humiliations ne peuvent longtemps l’habiter et le contaminer.

Le Passeur, Stéphanie Coste (par Catherine Blanche)

Ecrit par Catherine Blanche , le Lundi, 22 Novembre 2021. , dans Gallimard, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Récits

Le Passeur, Stéphanie Coste, janvier 2021, 129 pages, 12,50 € Edition: Gallimard

 

En 2007, dans Bilal sur la route des clandestins, le journaliste italien Fabrizio Gatti écrit une odyssée vibrante qui rend compte de ce qu’il a vu et vécu – du Sénégal jusqu’au camp de rétention de Lampedusa, après s’être glissé dans la peau d’un immigré clandestin. Sans prétendre faire œuvre littéraire, il témoigne et c’est bouleversant. Le souvenir de cette lecture me pousse en janvier 2021 à aborder Le Passeur de Stéphanie Coste. Tout de suite, nous sommes au cœur de l’évènement : Sur la côte libyenne, deux arrivages de migrants – Soudanais et Somaliens – cuisent depuis une bonne semaine – entassés dans un entrepôt, dans l’attente d’un embarquement imminent pour la terre promise, l’île de Lampedusa. Mais Seyoum, passeur sans scrupule, ne fera pas charger tant que toute sa marchandise ne sera pas au complet. Or, une troisième « cargaison » d’une soixantaine d’Erythréens se fait languir. Et c’est tout le passé de Seyoum qui va débouler avec ce troisième convoi.