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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Mouvement, Philippe Sollers

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 02 Avril 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Mouvement, mars 2016, 240 pages, 19 € . Ecrivain(s): Philippe Sollers Edition: Gallimard

 

« Formé, tissé, façonné, brodé, inscrit, tracé, coup d’archet dans les profondeurs, étoffe, squelette, musique. Ce Dieu me convient, il voulait que je naisse. Je veux bien l’appeler Iahvé, mais il ne me commande rien, il me protège, il me sauve, c’est un roc, un rocher, un rempart, il détruit mes ennemis au dernier moment, il me tire du bourbier et de la fosse commune, il me ressuscite, il m’aime ».

Quel est ce mouvement toujours surprenant qui anime les grands romans ? Quelle est cette source, ces sources qui les nourrissent ? D’où viennent ces livres de grâce qui étonnent par leur foisonnement, leurs éclats, leurs parfums ? Tant de questions que l’on se pose parfois en lisant ces romans qui tranchent avec ce qui s’écrit ici et là, ces livres qui traversent le siècle, nourris de tous les siècles passés. Point de nostalgie dans Mouvement, mais une fidélité au passé mis au présent, au présent plus-que-parfait, au mouvement du futur-antérieur. Pas étonnant alors que l’écrivain bordelais ait un œil en Dordogne, l’autre en Chine, une oreille chez Rimbaud, l’autre chez Hegel, la troisième chez Bataille, une autre dans la Bible (on ne compte plus les oreilles dont est doté l’écrivain). Comme il sait lire, écouter, entendre ce qui s’écrivait, et qui s’écrit, ce qui se peignait et se peint, son roman est un puissant aimant qui tourne dans la nuit, et évite d’être consumé par les flammes de l’Enfer.

L’arbre à poèmes, Abdellatif Laâbi

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 31 Mars 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

L’arbre à poèmes, janvier 2016, Préface de Françoise Ascal, 260 pages, 8,10 € . Ecrivain(s): Abdellatif Laâbi Edition: Gallimard

 

Dans sa collection Poésie, Gallimard vient de publier ce florilège de vingt années (1992-2012) des écrits d’Abdellatif Laâbi, les morceaux choisis étant présentés par l’éditeur comme « une anthologie personnelle » de l’auteur.

Ce qui frappe immédiatement le lecteur qui découvre Laâbi est le parti-pris d’une expression directe, loin de toute volonté d’ésotérisme poétique, loin également de toute allégeance à un quelconque formalisme académique.

Laâbi ne « compose » pas, il dit, il exprime, il crie.

Laâbi ne cherche pas à « faire beau », il rage, il extériorise, il envoie, il percute, sans se soucier de rimes, de pieds, de césure…

C’est un choix.

Journaux de bord (1947-1954), Jack Kerouac

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Vendredi, 18 Mars 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Récits, Voyages

Journaux de bord (1947-1954), édition de Douglas Brinkley, trad. anglais (USA) Pierre Guglielmina, novembre 2015, 592 pages, 29,50 € . Ecrivain(s): Jack Kerouac Edition: Gallimard

 

« À vouloir croire la conscience de la vie et de l’éternité n’est pas une erreur, ou le fruit d’un isolement… – mais d’un amour ardent et précieux de notre pauvre condition qui, par la grâce de Dieu de Mystère, sera résolu et éclairé pour nous tous à la fin seulement, peut-être…

Sans quoi je ne peux plus vivre ».

 

Les Journaux de bord de Jack Kerouac, écrits sur une série de cahiers, sont les négatifs d’un voyage qui permet à son auteur de rester en contact avec toutes les choses, les êtres qu’il croise pendant son chemin. D’approfondir les mondes du possible dans l’obstination d’un travail quotidien, avec pour seule tentation la maîtrise de sa propre vanité.

Celle que vous croyez, Camille Laurens

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Samedi, 20 Février 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Celle que vous croyez, janvier 2016, 194 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Camille Laurens Edition: Gallimard

 

Camille Laurens est une virtuose du désir, de l’amour, de la langue et du sexe. C’est ce qui ressort de la lecture de son nouveau roman paru, Celle que vous croyez, une écriture à quatre voix, celles de deux femmes et de deux hommes, aux identités assez claires pour les hommes et assez troubles pour les femmes : Claire Millecam/Claire Antunes, Marc, le psychiatre de Claire Millecam, Camille l’écrivain/Claire Antunes, Paul Millecam, mari de Claire. Je ne suis pas « celle que vous croyez ».

La thématique du livre est un prétexte : une ou deux femmes, intelligentes, cultivées, professeur de littérature à l’université, pour l’une, ou écrivain, pour l’autre, sont confrontées au mépris, à l’humiliation, à l’abandon par un amant de plus de dix ou vingt ans plus jeune qu’elles, rencontré sur les réseaux sociaux. Au psychiatre qui la suit à La Forche, l’institution où elle est soignée depuis deux ou trois ans, la première raconte sa descente aux enfers et les tourments de la jalousie qu’elle a endurés, la seconde écrit à son éditeur, Louis O., lui décrivant ce qu’on ressent quand on joue deux personnages féminins à la fois complices et rivaux en amour, et lui narrant l’épisode de la rupture, lors d’un séjour raté en Bretagne.

Ce qui reste après l’oubli, Alain Duault

Ecrit par France Burghelle Rey , le Mardi, 09 Février 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Ce qui reste après l’oubli, 143 pages, 17,75 € . Ecrivain(s): Alain Duault Edition: Gallimard

 

Le troisième volet du triptyque d’Alain Duault mériterait bien que son titre soit éponyme de cet ensemble de près de 400 textes car il énonce un paradoxe que développe l’œuvre toute entière et qui s’exprime, en effet, dès le premier recueil, Une hache pour la mer gelée. Déjà, en effet, la répétition des thèmes, les récurrences de mots, les assertions métaphoriques, les questionnements de l’incipit à la chute des quinzains permettent de comparer le travail du poète au ressac de la mer devant laquelle il aime travailler. C’est sans doute devant elle qu’il a évoqué les horreurs de la guerre qui l’ont marqué au point qu’il en est arrivé à écrire : « la guerre, c’est moi ». Mais, dès les premiers textes, il s’était, à l’inverse, rappelé les bons souvenirs comme, dans cette description au présent, où, à propos de la femme aimée, il parle de « la ligne de ses cheveux ou cette manière de monter son cheval bai ». Dans les nombreux passages consacrés à celle qui n’est plus et qu’il fait revivre ici, le poète hésite, sans aucun doute volontairement, entre l’emploi du temps présent et celui des temps du passé en les faisant alterner d’un chapitre à l’autre et même d’un texte à l’autre.