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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Les Filles du Pasteur, D.H. Lawrence

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 09 Novembre 2015. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Nouvelles

Les Filles du Pasteur, trad. de l’anglais par Colette Vercken et Bernard Jean, 272 pages, 9,90 € . Ecrivain(s): D. H. Lawrence Edition: Gallimard

 

En 1914, D.H. Lawrence (1885-1930) publie son premier recueil de nouvelles, intitulé The Prussian Officer, dont sont extraites les sept nouvelles traduites en français et réunies sous le titre Les Filles du Pasteur. Il n’a alors publié que trois romans, dont un au moins a rencontré un certain succès critique, Amants et Fils (1913), mais on est encore loin du roman qui lui vaudra sa réputation, littéraire et sulfureuse à la fois, L’Amant de Lady Chatterley (1928), l’un des romans les plus puissants du vingtième siècle. Pourtant, dans les sept nouvelles ici réunies, certaines des thématiques propres à l’œuvre de Lawrence sont déjà présentes, et développées avec talent dans des histoires solides aux personnages consistants.

La nouvelle qui donne son titre au recueil voit Lawrence puiser son inspiration, comme il le fera pour, par exemple, La Fille Perdue (1920), dans son histoire familiale, lui le fils de mineur qui grandit dans une petite ville du centre de l’Angleterre : elle raconte l’histoire d’un pasteur anglican pauvre s’établissant à « Aldecross », ayant avec sa femme plusieurs enfants, parmi lesquels deux filles, Mary et Louisa. Cette nouvelle, longue d’environ quatre-vingts pages, offre un aperçu sur ce que peut être la vie dans une petite ville minière, la pauvreté qui s’y accroche – on est quasi du côté d’Orwell, à se demander si celui-ci n’aurait pas lu Lawrence dans sa jeunesse…

Casanova l’aventure, Alain Jaubert

Ecrit par Philippe Chauché , le Samedi, 07 Novembre 2015. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Casanova l’aventure, septembre 2015, 304 pages, 20,50 € . Ecrivain(s): Alain Jaubert Edition: Gallimard

 

« Il écrit sa vie en la vivant. Son écriture, c’est sa parade quotidienne, l’entrecroisement de toutes les combinaisons, la musique des histoires. Un art de vivre polyphonique ».

« Ma vie est ma matière, ma matière est ma vie ».

Si l’histoire de Casanova est un roman, celle de ses Mémoires, baptisées l’Histoire de sa vie, le sont tout autant. Jusque dans les années soixante du siècle dernier, on ignorait que ce manuscrit en français n’attendait qu’à revivre. Histoire de ma vie se trouvait en la possession des descendants de Friedrich Arnold Brockhaus, un éditeur qui avait aussi en son temps publié Le Monde comme volonté et comme représentation d’Arthur Schopenhauer. Il a donc changé de main et de pays, et il est désormais l’heureuse propriété de la Bibliothèque Nationale de France. Des mécènes anonymes et visionnaires, comme ceux qui ont un jour aidé le vénitien, ont fait ce qu’il convient toujours de faire, pour que le manuscrit retrouve une place de choix en belle compagnie. Histoire de ma vie est désormais placé sous la protection de la BNF, où il retrouve Voltaire, et c’est heureux. Avant cette découverte exceptionnelle, les lecteurs français de l’aventurier philosophe devaient se contenter d’une douteuse traduction de l’édition allemande, d’une adaptation tout aussi trompeuse, mais désormais ce qui a été vécu, pensé et écrit par Giacomo peut être lu en français, sa langue d’adoption, la langue de l’aventure (1).

Mémoires d’outre-mer, Michaël Ferrier

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 30 Octobre 2015. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Mémoires d’outre-mer, août 2015, 352 pages, 21 € . Ecrivain(s): Michaël Ferrier Edition: Gallimard

 

« Ces gens étaient des aventuriers, des Outre-mer. Ils venaient de loin, de l’Inde, ou de l’Afrique, d’Europe ou bien de Chine, ils venaient de bien plus loin encore sur l’éperon de leur désir ; ils arrivaient de toujours, ils s’en allaient partout ».

En mémoire de Jean-Pierre B. qui n’aura pas eu le temps de le lire.

Les grands romans sont des cyclones. Ils s’annoncent par des frémissements, de légers bruissements, quelques vibrations, et par contamination romanesque, ces courants d’air chaud prennent force et vigueur, ils se lèvent comme une vague, déferlent et multiplient éclairs et éclats, et deviennent le mouvement même du roman. Mémoires d’outre-mer est un cyclone littéraire, un art du souffle, l’histoire d’un homme du vent, d’un homme volant, libre, qui survole une île et une époque, et qui se joue des trahisons de l’Histoire.

La barbe ensanglantée, Daniel Galera

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 08 Octobre 2015. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue portugaise, Roman

La barbe ensanglantée, mars 2015, traduit du portugais (Brésil) par Maryvonne Lapouge-Pettorelli, 512 pages, 24,90 € . Ecrivain(s): Daniel Galera Edition: Gallimard

 

Fascinant ce roman, et puissant, il se déroule de façon un peu heurtée parfois, ou bien cela vient peut-être de la traduction, mais très vite on se retrouve comme hypnotisé par son mouvement, un balancement entre ressac océanique et l’ondulation du serpent.

Le personnage principal n’est pas le narrateur et on ne connaîtra pas son nom. L’auteur use de la troisième personne pour en parler, mais pourtant très vite on a vraiment l’impression d’être à l’intérieur de sa tête. Déboussolé par la perte de sa petite amie qui l’a quitté pour son frère, à qui il ne veut pas pardonner cette trahison, puis par le suicide de leur père, dont lui seul a été prévenu par le père en personne, qui l’a fait venir juste avant de passer à l’acte, pour lui faire promettre de faire piquer sa vieille chienne, pour qu’elle ne souffre pas de son départ. Et qui a remis aussi sur le tapis le mystère de la disparition de son père à lui, le grand-père donc du personnage principal, qui aurait été assassiné dans une petite commune au bord de l’océan au sud du pays.

2084, Boualem Sansal (2ème article)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 14 Septembre 2015. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Maghreb, La rentrée littéraire

2084, août 2015, 288 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Boualem Sansal Edition: Gallimard

 

De la lecture de l’excellent essai Dans les Laboratoires du Pire (1993) d’Eric Faye, on peut déduire que la contre-utopie fut un moment littéraire aussi intense que limité dans le temps : à partir du moment où les régimes totalitaires ont failli, écrire des récits montrant que le bonheur commun obligatoire mène au malheur individuel (pour faire très bref…) n’a plus guère de sens. Certes, tant au cinéma qu’en littérature, la contre-utopie continue pourtant de vivoter, mais on sent bien que les récits les plus récents (d’Equilibrium à Hunger Games) ne sont que des variations sur 1984, Fahrenheit 451 ou Un bonheur insoutenable : paradoxalement, il manquerait à la littérature et au cinéma comme un cruel rappel à l’ordre de la réalité politique pour avoir envie d’en découdre. Enfin, ça, c’est si on est occidental, même hongrois : certes s’agitent des ombres, des fantômes, mais rien de vraiment sidérant. Rien de nouveau, en somme, que des redites en mode mineur. Idem pour la littérature issue des régimes totalitaires : certes, il y a eu La Vie Volée de Jun Do, sur la Corée du Nord mais par un auteur nord-américain ; à part ça, rien d’aussi percutant pour l’esprit que Le Pavillon des Cancéreux ; encore une fois, le réel n’est pas assez violent que pour faire bouger l’art.