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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


L’apaisement, Lilyane Beauquel

Ecrit par Theo Ananissoh , le Samedi, 02 Juillet 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

L’apaisement, mai 2016, 215 pages, 17 € . Ecrivain(s): Lilyane Beauquel Edition: Gallimard

 

D’emblée et de bout en bout, une haute qualité de phrase et d’esprit :

« J’ai quitté la France et suis venu vivre dans ce pays pour ses cinquante façons de désigner la pluie. Je traduisais, je dessinais, j’ai rencontré Itoé, nous avons eu un enfant, Kyō. Je m’occupais peu de lui, je voulais que rien ne soit grave : une vie d’approximation.

Depuis la Vague, ce temps est fini ».

Un sens de la description nette et vraie :

« … avalés routes, maisons, bateaux.

Culbutés les vivants, les lents, les pressés, les attablés, les incrédules.

Emportés les imprudents, les perchés, les curieux, les fuyards.

Engloutis les sérieux, les consentants, les croyants.

Apollinaire Le regard du poète, Collectif

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Vendredi, 01 Juillet 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Arts

Apollinaire Le regard du poète, Collectif, Coédition Gallimard/Musées d’Orsay et de l’Orangerie, avril 2016, 320 pages, 45 € Edition: Gallimard

« Ordonner un chaos, voilà la création »

A l’occasion de l’exposition « Apollinaire, le regard du poète » (du 6 avril au 18 juillet 2016) à voir au musée de l’Orangerie, les éditions Gallimard nous présentent un catalogue raisonné de la période artistique, entre 1902 et 1918, où Guillaume Apollinaire a pu mettre en forme et vivre son époque sous le regard croisé du poète et du critique.

Ami des artistes, Apollinaire s’est révélé un acteur central de la révolution esthétique. Mais fallait-il présenter un format d’exposition classique ou imaginer, accompagner comme le fit Apollinaire en son temps, l’esprit d’un savoir réinventé ? Aurait-il été possible de proposer une version « vivante » de son héritage, une version digitale, encyclopédique, au croisement d’une connaissance qui permettrait d’émerveiller, de décentrer notre regard de l’homme à son époque, vers la liberté des médiations, méditations critiques et esthétiques de notre temps ?… Sous peine, comme le poète l’avait lui-même suggéré dans le premier ver de son poème Zone et qui ouvre le recueil Alcools (éditions Mercure de France, 1913) : « À la fin tu es las de ce monde ancien » ; une exposition du passé ouvrant vers le moderne en quelque sorte.

Le mariage de plaisir, Tahar Ben Jelloun

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 30 Juin 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Le mariage de plaisir, janvier 2016, 261 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Tahar Ben Jelloun Edition: Gallimard

 

Roman en forme de saga familiale sur trois générations, sur environ soixante-dix ans (des années 40 à nos jours, ce qui coïncide avec la vie de l’auteur, de sa naissance jusqu’au temps de l’écriture du récit), et sur trois lieux principaux (Fès, Dakar, Tanger) avec plusieurs parcours narratifs itinérants entre le Maroc et le Sénégal. C’est dire l’importance de la dimension spatio-temporelle de la narration.

Le récit, en tiroir, est attribué à un conteur, un hlaïqya, lui-même annoncé, dès la première phrase du livre, par la formule traditionnelle du conte.

« Il y avait une fois, dans la ville de Fès, un conteur qui ne ressemblait à personne. Il s’appelait Goha… »

La formule réapparaît, redondante, lorsque Goha entame le récit qui constitue le corps du roman :

« Il était donc une fois, dans la ville de Fès, un petit garçon prénommé Amir, né dans une famille de commerçants dont on disait qu’ils étaient descendants du prophète ».

Les oiseaux de Christophe Colomb, Adrien Goetz

, le Jeudi, 30 Juin 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Les oiseaux de Christophe Colomb, mai 2016, 96 pages, 11,50 € . Ecrivain(s): Adrien Goetz Edition: Gallimard

Rêveuse, seule et un peu perdue dans un jardin au bord de la Seine, parce qu’elle vient des Asturies, Alina, qui à treize ans offre « un mélange d’Alice au pays des merveilles et de Zazie dans le métro », s’intéresse à Christophe Colomb. Comme lui, elle découvre, pour son premier trimestre d’élève de troisième, ce Paris de chez sa tante. Heureusement, à deux pas, entre les arbres et les immeubles, à l’ombre de la tour Eiffel, tel « un navire voguant dans les buissons », se trouve le musée du Quai Branly. Dans ses flancs, les peuples du monde dialoguent. Ce qui ne devait être qu’une visite, pour préparer un exposé, devient un voyage initiatique. Mais sur ce schéma que livre peu ou prou la quatrième de couverture, je tairai ici le coup de théâtre qui clôt ce beau conte. Le lecteur au demeurant ne fait pas que découvrir un secret. Il traverse un monde, toute la saveur de l’ouvrage.

La tante d’Alina est architecte. À ce titre, elle « démolit avec rage […] Faire une jolie maquette pour berner le client, tu sais, c’est un métier ». Sur ce même registre, Alina s’entend dire que Colomb est « un menteur […] qui avait ramené des “indigènes” avec lui comme s’ils étaient des perroquets ». Elle va découvrir l’importance de la chambre de photographie, le « pavillon des Sessions que les conservateurs, qui n’en voulaient pas, avaient rebaptisé le “pavillons des concessions” » avec son atmosphère de centrale nucléaire, alors que le musée offre la paix d’une grande maison. La saveur est partout.

Tout a une fin, Drieu, Gérard Guégan (Critique 2)

Ecrit par Philippe Chauché , le Lundi, 20 Juin 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Tout a une fin, Drieu, mai 2016, 131 pages, 10 € . Ecrivain(s): Gérard Guégan Edition: Gallimard

 

« Rappelle-toi avant-hier. Rappelle-toi ta rencontre dans le parc Monceau avec ce journaliste de Je suis partout passé à la Résistance du jour où les chars de Leclerc ont franchi la porte d’Orléans.

Tu as pourtant cru que ça y était

Le regard qu’il ta jeté valait une salve ».

Tout à une fin, Drieu est un livre qui claque comme une salve d’arme automatique, une fable qui vous saisit comme un regard d’acier, et vous fige comme un uppercut. Ce pourrait être les derniers jours de l’auteur de Gilles, de Feu Follet, mais aussi d’Une femme à sa fenêtre, ces romans d’une génération et de quelques essais pamphlétaires dont il ne reste qu’un vague souvenir. Drieu face à son double, ce narrateur, qui ne lui pardonne rien, qui le suit comme son ombre, l’interpelle, le questionne, l’invite au souvenir, à ces zones d’ombres anciennes ou plus récentes, à la guerre comme à la collaboration. Mais Drieu est autre, plus complexe, sa palette de noirs s’invite lumineusement dans ce petit livre racé qui s’ouvre sur cet homme pressé que le destin va rattraper.