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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Œuvres complètes, Louis-René des Forêts

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 05 Février 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Anthologie

Œuvres complètes, Louis-René des Forêts, Gallimard, coll. Quarto, juin 2015, présentation de Dominique Rabaté, 1344 pages, 28 € . Ecrivain(s): Louis-René des Forêts Edition: Gallimard

 

Le style est-il façon qu’a un écrivain d’exhausser le sens, en permettant à ce dernier d’arriver, par ce biais, par ce tour de force, à maturation, en lui permettant d’être et senti et cueilli et goûté, et goûté et cueilli et senti et ressenti ? Le style est-il cette force par quoi un propos d’intelligibilité devient nécessité ? Nécessité rudoyant les convenances, les topoï, tant il est vrai que tout style piétine (mais avec la précision que vit un danseur en dansant), piétine et saccage, doctement saccage ce qui devrait être, ce qui doit être. Les horizons d’attente, les dogmes, les schèmes…

Le style, c’est cette sauvagerie-là, superbe dans sa tenue, maintenue qu’elle est loin des broussailles des heurts propres aux affects ? Oui, répond Louis-René des Forêts, en chacun de ses livres. Et il ajoute : le style est ce par quoi l’homme est homme, en se hissant à hauteur de son humanité, qui est précision extrême du souffle autant que rythmique savante propre au regard, qui est tendresse exigeante du ressenti autant que violence virtuose du souvenir. Le style est cette humanité atteinte par quoi l’homme est, devient.

Un papa de sang, Jean Hatzfeld

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 03 Février 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Un papa de sang, septembre 2015, 257 pages, 19 € . Ecrivain(s): Jean Hatzfeld Edition: Gallimard

 

« Mon enfance ne m’a pas retenu dans ses étourderies comme les enfants de mon âge »

Les faits bruts : « Nyamata, Rwanda, 1994, Avril 14 et 15, massacres à la machette de 5000 Tutsis dans l’église de Nyamata, et de 5000 autres dans l’église de N’Tarama. Découverte mi-Mai de 51000 cadavres sur une population Tutsie de 59000, dans églises, marais, forêts ». 5ème livre-récit consacré au génocide Tutsi par Jean Hatzfeld, Un papa de sang s’attaque à un essentiel du triptyque ; après la face-Tutsie, Dans le nu de la vie, la face-Hutue Une saison de machettes, voici le « rendu dans » les enfants, tutsis, hutus, 20 ans après. La fin du travail des machettes. Pas le moins pire.

« Les enfants hutus et tutsis ne partagent pas du tout la même éducation sur les tueries. Si un enfant tutsi est informé par son papa que sa maman ou sa grand maman a été coupée par un dénommé hutu, à son tour, ce hutu ne va jamais avouer à son enfant qu’il a coupé cette tutsie. Vingt ans après, ose-t-on tout raconter aux enfants ? ».

Paul Celan, René Char : Correspondance (1954-1968)

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Samedi, 30 Janvier 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Correspondance

Paul Celan, René Char : Correspondance (1954-1968), octobre 2015, édition établie, présentée et annotée par Bertrand Badiou, 336 pages, 28 € Edition: Gallimard

 

« Si tu n’espères pas, tu ne rencontreras pas l’inespéré », Héraclite

 

L’échange entre René Char et Paul Celan semble aller de soi. Celui du poète du maquis de Provence avec le poète juif d’Europe orientale qui, contrairement à ses parents, ne subira que les camps de travail roumains et échappera à la machine d’extermination nazie. Tous deux connurent la clandestinité, la disparition de proches, le sentiment de l’imminence de la mort. Les poèmes de Celan sont nés dans les camps, hanté de n’avoir pas pu sauver ses parents assassinés par les nazis en Ukraine. Ils constituent le socle de toute son écriture quand s’ébauchent la correspondance des deux hommes, et ses textes sont quasiment inconnus en France.

Bien qu’ils ne fussent ni de la même langue ni du même monde ni du même âge, cette correspondance rapproche deux écrivains aux tempéraments différents, façonnés au plus profond d’une pierre brute, l’âme d’une blessure sans retour et qui pousse les hommes à côtoyer les tréfonds de l’inacceptable :

A l’Opéra, monsieur !, La musique dans les Mémoires de Saint-Simon, Olivier Baumont

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 29 Janvier 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

A l’Opéra, monsieur !, La musique dans les Mémoires de Saint-Simon, octobre 2015, 304 pages, 24 € . Ecrivain(s): Olivier Baumont Edition: Gallimard

« Saint-Simon sut écouter son temps, et s’il ne fit peut-être qu’en entendre la musique, il eut soin cependant de tout mémoriser. Les échos musicaux qui nous parviennent aujourd’hui sont magnifiés par son génie littéraire ; ils ne laissent d’être passionnants, surprenants, et riches de perceptions nouvelles tant sur la période que sur l’auteur lui-même ».

L’écrivain des Mémoires danse et écoute. Le mémorialiste de la Cour se fie tout autant à sa mémoire qu’à son corps. Il écrit comme l’on danse à Versailles – Savoir danser chez le roi, c’était savoir y vivre. Olivier Baumont le lit en admirateur de son siècle et de son art, et le traduit en musicien. Saint-Simon a toujours une oreille aux aguets et une main prête à saisir ce qu’il entend et ce qu’il voit, à la volée dirions-nous, comme un compositeur. Il se glisse au centre de ces divertissements qui font le sel de la Cour, où l’on doit être vu, où se jouent des parties d’échecs invisibles, où se nouent des conquêtes, où se règlent des comptes. Saint-Simon qui n’est jamais dupe de rien, sait les avantages et les risques d’être au cœur du volcan, au centre tellurique du pouvoir, ses Mémoires en prolongent l’écho. Il faudra pour ce livre d’Histoire et d’histoires miser sur l’esquive, mais aussi les sauts et les bonds, tout en gardant l’oreille éveillée et la plume accordée.

Toute personne qui tombe a des ailes. Poèmes 1942-1967, Ingeborg Bachmann

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Vendredi, 22 Janvier 2016. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Poésie

Toute personne qui tombe a des ailes. Poèmes 1942-1967, édition bilingue, trad. allemand (Autriche) Françoise Rétif, septembre 2015, 592 pages, 13,50 € . Ecrivain(s): Ingeborg Bachmann Edition: Gallimard

 

Après une première traduction en français d’une partie des écrits d’Ingeborg Bachmann, en 1989, chez Actes Sud, cette anthologie de son œuvre poétique Toute personne qui tombe a des ailes n’a pas d’équivalent, ni en France ni en pays germanique. Elle présente l’œuvre lyrique dans sa continuité, de ses premiers poèmes composés dès l’âge de 16 ou 18 ans par les Poèmes de jeunesse (1942-1945), Le temps en sursis (1953), Invocation de la Grande Ourse (1956), aux poèmes écrits jusqu’en 1967, dont le poème au lecteur.

Ingeborg Bachmann est née le 25 janvier 1926 à Klagenfurt en Autriche. En 1952, elle rejoint le cercle littéraire Munichois d’avant-garde, le Gruppe 1947 dont Max Frisch, Heinrich Böll, Uwe Johnson et Günter Grass font partie. À 33 ans, en 1959, elle sera la première titulaire de la chaire de poétique de la faculté de Frankfort. De la génération de Günter Grass, Martin Walser, Thomas Bernhardt, Paul Celan ou Max Frisch, elle fut liée à beaucoup par amitié ou par amour et c’est ainsi que grandit une très profonde relation d’égal à égal avec Paul Celan qui marquera à jamais non seulement son œuvre, mais aussi celle de l’écrivain d’origine roumaine.