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Folio (Gallimard)

Collection de poche des éditions Gallimard

 


Le Mystère des Nombres, Marcus du Sautoy (2ème article)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 04 Janvier 2016. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Le Mystère des Nombres, trad. de l’anglais par Hélène Borraz, 432 pages, 8 € . Ecrivain(s): Marcus du Sautoy Edition: Folio (Gallimard)

 

Alors comme ça, on n’aime pas les mathématiques ? On les trouve rébarbatives ? On fait partie de ceux qui proclament n’y avoir jamais rien compris ? Avoir toujours ressenti ce cours comme une torture ? On se dit littéraire, et rien que ça, parce que les deux, c’est impossible ? Bon, et bien, il reste une seule solution : lire Le Mystère des Nombres, sous-titré Odyssée Mathématique à travers notre Quotidien, de Marcus du Sautoy (1965), un Anglais persuadé que la passion des chiffres peut se transmettre, façon virus – et étant donné que cette certitude est partagée, allons-y.

Autant l’annoncer d’emblée : non, ce livre ne parcourt pas les mathématiques de façon exclusivement ludique et intelligente (pour ça, voir l’excellent roman de Denis Guedj, Le Théorème du Perroquet) ; oui, quelques prérequis sont nécessaires ; oui aussi, il y a des pages où Marcus du Sautoy perd de vue le lecteur lambda pour se lancer dans des séries de démonstrations qui courent sur parfois deux ou trois pages et où l’on sent bien qu’il essaie de communiquer avec les humains normalement constitués mais n’a pas pu s’empêcher de sélectionner dans le lectorat les petits malins qui avaient maths fortes il y a vingt ans ou plus…

1984, George Orwell

Ecrit par Didier Smal , le Samedi, 28 Novembre 2015. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, Science-fiction, La Une Livres, Iles britanniques, Roman

. Ecrivain(s): George Orwell Edition: Folio (Gallimard)

 

La réédition de 1984 (1948, toujours dans la très bonne traduction d’Amélie Audiberti) est l’occasion de relire l’ultime roman de George Orwell (1903-1950), l’un des plus grands penseurs anglais du XXe siècle, auteur de romans et d’essais, dont certains sont de toute première importance. De le relire, parce que tout le monde, censément, l’a lu, étant donné le nombre de références qui y sont faites quotidiennement dans la presse, de la télé-réalité à l’affaire Snowden en passant par l’omniprésence des caméras de surveillance en Grande-Bretagne : régulièrement, l’actualité semble l’occasion de faire une référence à ce roman que l’on qualifie volontiers de visionnaire.

Rappelons brièvement l’histoire : dans un futur qu’Orwell envisage proche (l’année est 1984), la Terre est divisée entre trois grandes puissances en guerre perpétuelle, Océania, Estasia et Eurasia, avec des alliances fluctuantes. A Londres, dans l’Océania, Winston Smith est employé au Ministère de la Vérité, où sa fonction consiste à réécrire entre autres des articles de journaux en fonction des fluctuations de l’actualité, ou plutôt de la réalité :

Le Décaméron, Boccace

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 23 Novembre 2015. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Nouvelles, Italie

Le Décaméron, trad. de l’italien par Giovanni Clerico, 1056 pages, 12,40 € . Ecrivain(s): Boccace Edition: Folio (Gallimard)

 

Voici, signé Boccace, un parfait roman d'été : des intrigues à foison, des histoires à destination des dames, du rire, assez bien de sexe, un peu de larmes et de réflexion, un chouia de morale, et le tout est emballé. A vrai dire, c’est le roman de l’été depuis 1353, mais ne chipotons pas sur l’appartenance ou non à l’actualité littéraire : Le Décaméron, première grande œuvre en prose de la littérature italienne, a traversé bientôt sept siècles sans jamais voir fléchir la courbe de son succès ; nous verrons si les romans à la mode traverseront quant à eux sept semaines.

L’histoire est connue : en 1348, durant que la peste frappe cruellement Florence (le chapitre introductif est apocalyptique), sept demoiselles et trois jeunes gens trouvent refuge, entourés de leurs serviteurs, dans successivement deux luxueuses propriétés, quasi édéniques, quelque peu éloignées de la ville. Pour agrémenter leur séjour, ils décident que chacun d’entre eux devra raconter aux autres une nouvelle chaque jour – sauf le vendredi et le samedi, dédiés respectivement à la mémoire des souffrances du Christ et au repos. Donc, durant ce total de quatorze journées, ce sont cent nouvelles qui vont être racontées, cent histoires remarquables par leurs protagonistes et, surtout, leur dénouement.

L’Oncle aquatique et autres récits cosmicomics, Italo Calvino

Ecrit par Ivanne Rialland , le Jeudi, 29 Octobre 2015. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Italie

L’Oncle aquatique et autres récits cosmicomics, septembre 2015, trad. de l’italien par Jean Thibaudeau (revue par Mario Fusco) et Jean-Paul Manganaro, 128 pages, 2 € . Ecrivain(s): Italo Calvino Edition: Folio (Gallimard)

Ce petit volume de la collection « Folio 2 € » reprend quatre récits précédemment parus dans le recueil Cosmicomics. Récits anciens et nouveaux (Folio, n°5666) : La distance de la Lune, L’oncle aquatique, Les dinosaures, Les filles de la Lune. Il les encadre d’une « note de l’auteur », publié originellement comme postface à la deuxième édition italienne de La memoria del mondo e altre storie cosmicomiche en 1975, et d’une chronologie biographique.

S’il n’est pas besoin d’une introduction pour apprécier la poésie de ces quatre contes, la lecture préalable de la note en précise toutefois la portée et en explique le dispositif. Calvino s’y explique ainsi sur le terme cosmicomics qualifiant ces récits : « Dans l’élément cosmique, pour moi, il n’y a pas tant le rappel de l’actualité “spatiale” que la tentation de me remettre en rapport avec quelque chose de bien plus ancien. Chez l’homme primitif et chez les classiques, le sens cosmique était l’attitude la plus naturelle ; nous, au contraire, pour affronter les choses trop grandes et sublimes nous avons besoin d’un écran, d’un filtre, et c’est là la fonction du comique ». Partant de la cosmologie moderne, le pari est de faire « jaillir de cet univers invisible et presque impensable des histoires capables d’évoquer des impressions élémentaires comme les mythes cosmogoniques des peuples de l’Antiquité ».

Les Prostituées, Guy de Maupassant

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 19 Octobre 2015. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles

Les Prostituées, septembre 2015, 288 pages, 5,8 € . Ecrivain(s): Guy de Maupassant Edition: Folio (Gallimard)

 

Que voici une heureuse initiative : pour qui n’a pas l’envie ou l’opportunité de lire toutes les nouvelles de Maupassant (1850-1893), que ce soit dans les deux volumes des Œuvres chez Robert Laffont ou ceux en Pléiade, ou encore en achetant les éditions de poche des différents recueils publiés du vivant de l’auteur, les choix de nouvelles donnent une image de Maupassant écrivain du terroir (ah, les anthologies « normandes »), du canotage (il existe même une anthologie sous-titrée : « et autres nouvelles au bord de l’eau ») ou typiquement réaliste (toutes ces « nouvelles réalistes » en titre pour attirer le chaland scolaire), sans parler de celles adaptées pour le petit écran ces dernières années ; voici que Folio propose un biais tout différent (et bien peu scolaire) et publie une anthologie de nouvelles signées Guy de Maupassant ayant pour personnages principaux des Prostituées. Un biais original ? Voire… La « Bibliographie Sélective » stiuée en fin du présent volume montre que l’intérêt pour les rapports entre Maupassant et la femme prostituée a déjà fait l’objet de quelques études, sur lesquelles s’appuie d’ailleurs partiellement le préfacier, Daniel Grojnowski. Mais cette anthologie a au moins le mérite d’exister et de proposer de Maupassant une lecture transversale différente de celles communément pratiquées.