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Folio (Gallimard)

Collection de poche des éditions Gallimard

 


Considérations sur l’Etat des Beaux-Arts, Jean Clair

Ecrit par Didier Smal , le Jeudi, 10 Septembre 2015. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Considérations sur l’Etat des Beaux-Arts, juin 2015, 204 pages, 6,40 € . Ecrivain(s): Jean Clair Edition: Folio (Gallimard)

 

Dès sa parution en 1983, cet essai de Jean Clair (1940) fit l’effet d’une petite bombe : ces Considérations sur l’Etat des Beaux-Arts se voulaient en effet une « Critique de la Modernité » comme l’indiquait leur sous-titre, et allaient poser leur auteur en chef de file de ceux que l’art contemporain laissait au mieux indifférents, rendait au pire virulents, Jean-Philippe Domecq et Aude de Kerros en tête. Trente-deux ans après sa première publication, cette critique de la modernité artistique connaît enfin une édition de poche, la rendant ainsi accessible au plus grand nombre – ce qu’elle est, ou presque, par son style (parfois l’une ou l’autre expression en allemand ou en italien, heureusement traduite, semble quelque peu affectée). D’ailleurs, on peut admirer à quel point est accessible et compréhensible l’image de couverture, une parodie du Balloon Dog de Jef Koons, ou plutôt la baudruche de fête foraine dont s’est inpiré l’artiste de Wall Street, entourée de dangereuses punaises : qui s’y frotte, s’y pique, et que se dégonflent littéralement les baudruches (de toute façon, Koons lui-même s’est dégonflé, puisque cette parodie est due à son refus de la reproduction de Balloon Dog en couverture de ces Considérations…, comme s’il savait à quel point sa « sculpture » ne pourrait qu’être dépréciée par tout lecteur du présent essai, et tant pis si elle s’est vendue cinquante-huit millions de dollars).

Che Guevara, Alain Foix

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 10 Juillet 2015. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Histoire

Che Guevara, mai 2015, 368 pages, 9 € . Ecrivain(s): Alain Foix Edition: Folio (Gallimard)

 

Il est toujours malaisé d’évoquer la vie de l’une des nombreuses icônes du XXe siècle. Che Guevara, de son nom complet Ernesto Guevara de la Serna, en est une. Ses portraits figurent parmi les plus célèbres du monde et ce personnage a largement contribué à populariser la légende des guérilleros sud-américains. Dans le cours de sa vie, brève mais riche et remplie d’événements nombreux, des composantes semblent avoir joué un rôle décisif et influencé le cours de sa vie : son voyage en Amérique latine effectué avec son ami Alberto Granados en 1952. Ils découvrent sur une vieille motocyclette usagée la misère de ce continent, ses injustices, les terribles problèmes de santé auxquels le Che, médecin de formation, est très sensible. C’est une révélation, la mise en évidence de l’existence d’une injustice concrète, donnée, dont Ernesto avait pris connaissance, mais d’une manière théorique. C’est un voyage initiatique, mais aussi une réponse à ce qui va occuper sa vie entière : l’établissement d’une justice sociale, d’une espèce d’impératif catégorique révolutionnaire, qui va l’inciter à l’exemplarité, mais aussi parfois à la dureté et à l’exercice d’une impitoyable répression, notamment lorsqu’il doit fusiller, en plein maquis, des traîtres ou des révolutionnaires trop tièdes, ou les faire fusiller par ses compagnons d’armes pour que tout le monde ait les mains sales…

Si une nuit d’hiver un voyageur, Italo Calvino

Ecrit par Didier Smal , le Jeudi, 09 Juillet 2015. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Italie

Si une nuit d’hiver un voyageur, avril 2015, trad. de l’italien par Martin Rueff, 400 pages, 8 € . Ecrivain(s): Italo Calvino Edition: Folio (Gallimard)

 

Paru en italien en 1979, Se una Notte d’Inverno un Viaggiatore a été traduit sous le titre Si par une Nuit d’Hiver un Voyageur en 1981 aux éditions du Seuil. Cette traduction n’est plus disponible couramment aujourd’hui, et voici qu’une nouvelle, sous le titre Si une Nuit d’Hiver un Voyageur, paraît aux éditions Gallimard, dans la collection Folio. Dès le titre, on voit le parti pris par Martin Rueff, le nouveau traducteur : là où Danièle Sallenave et François Wahl tendaient à rendre la littérarité du titre, lui, il en rend la littéralité. Même si l’on n’est pas italophone, on sent la nuance.

Dans la nouvelle traduction, ce qui est sensible à la comparaison avec le texte italien, c’est un double mouvement : d’une part coller au texte originel ; d’autre part s’éloigner de la première traduction. Exemple avec la première phrase du deuxième chapitre : « Il romanzo comincia in una stazione ferroviaria, sbuffa una locomotiva, uno sfiatare di stantuffo copre l’apertura del capitolo, una nuvola di fumo nasconde parte del primo capoverso ». Dans la version Sallenave/Wahl, ça donne ceci : « Le roman commence dans une gare de chemin de fer, une locomotive souffle, un sifflement de piston couvre l’ouverture du chapitre, un nuage de fumée cache en partie le premier alinéa ».

Anthologie de la littérature latine, Jacques Gaillard & René Martin

Ecrit par Didier Smal , le Jeudi, 23 Avril 2015. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Anthologie

Anthologie de la littérature latine, Jacques Gaillard & René Martin, 576 pages, 8,00 € Edition: Folio (Gallimard)

 

Qui a écrit : « combien de gens exercent leur corps, et combien peu leur esprit ! Quelle affluence à un spectacle ludique et sans profit durable, et quel désert autour de la culture ! Quelle débilité de l’âme chez ces hommes dont on admire les biceps et les larges épaules ! » ? Un chroniqueur sportif contemporain en pleine crise mystique ? Eric Zemmour ? Laurent Obertone ? Renaud Camus ? Tout faux : il s’agit de Sénèque, mort il y a mille neuf-cent-cinquante ans, dans sa quatre-vingtième lettre à Lucilius.

Cette petite question a pour double intention de montrer en quoi la littérature latine peut encore s’adresser à des lecteurs du vingt-et-unième siècle, ce dont tout le monde se doutait, puisque c’est un peu la vertu des classiques, mais surtout de montrer la qualité du travail de traduction effectué par Jacques Gaillard et René Martin, les deux anthologistes. Avant même de commenter leurs choix, il convient de célébrer la façon dont ils ont décidé de rendre accessibles ces choix à leurs contemporains. La prose reste en prose ; les vers restent eux aussi en vers, mais en amplifiant la forme lors du passage du latin au français (pour faire bref, deux vers latins deviennent trois vers français, ce qui évite les pertes de sens ou les torsions absconses) et sans chercher à faire rimer ; mais surtout, le vocabulaire est dénué de toute préciosité. Ainsi, je ne résiste pas à reproduire l’une des épigrammes de Martial :

Autour de ton cou, Chimamanda Ngozi Adichie

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 18 Mars 2015. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Récits

Autour de ton cou (The things around your neck), décembre 2014, traduit de l’anglais (Nigéria) par Mona de Pracontal, 312 pages, 7,50 € . Ecrivain(s): Chimamanda Ngozi Adichie Edition: Folio (Gallimard)

 

Avec cette édition, Gallimard nous donne accès à un florilège de courts récits d’une richesse sociologique stupéfiante, témoignant d’un éclatant talent littéraire.

Chimamanda Ngozi Adichie, nigériane, qui a quitté le Nigéria à l’âge de 19 ans pour étudier puis s’installer aux Etats-Unis, exprime avec une sensibilité à fleur de peau, dans la plupart de ces nouvelles, dont certaines ont obtenu des prix prestigieux, les chocs culturels qu’a provoqués et que provoquent encore chez les individus et les groupes humains la rencontre brutale des civilisations occidentale et africaine.

On ne peut pas ne pas penser ici à cet autre immense écrivain nigérian, Chinua Achebe, dont La Cause Littéraire a présenté plusieurs œuvres qui tournent fondamentalement autour des mêmes thématiques et mettent en évidence la même problématique.