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Folio (Gallimard)

Collection de poche des éditions Gallimard

 


Jim Morrison, Jean-Yves Reuzeau

Ecrit par Guy Donikian , le Dimanche, 11 Novembre 2012. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Recensions, La Une Livres, Biographie

Jim Morrison, 425 pages, octobre 2012 . Ecrivain(s): Jean-Yves Reuzeau Edition: Folio (Gallimard)

 

L’inévitable subjectivité d’une biographie peut s’avérer plus que positive. C’est le cas de celle consacrée au chanteur des Doors, Jim Morrison, par Jean-Yves Reuzeau, pour qui cet ouvrage n’est pas un coup d’essai. L’auteur a le double mérite, outre l’écriture, de présenter Jim Morrison comme le poète qu’il fut tout au long de sa courte vie et comme une réelle et profonde solitude. Il eût été facile de mettre l’accent sur la « bête de scène », de montrer d’abord et avant tout les déboires judiciaires qui vont précipiter sa chute, autant de pièges auxquels l’auteur échappe.

Le poète tout d’abord, celui à qui, dès le plus jeune âge, « la lecture s’impose comme une passion dévorante ». Il découvre très tôt Kerouac, Ginsberg, les philosophes présocratiques le passionnent alors qu’il n’a pas vingt ans. Mais ce sont les poètes qui auront rapidement sa préférence, comme Rimbaud et William Blake. Le côté visionnaire du poète français le retiendra longtemps, jusque dans ses chansons. Lui-même se définissait comme « un homme de mots », sans doute l’aspect le plus important qu’il faille aussi retenir de Jim Morrison. Tous les textes des chansons des Doors seront des poèmes, incantatoires souvent, qu’il met en musique aves le groupe.

La jarre d'or, Raphaël Confiant

Ecrit par Patryck Froissart , le Dimanche, 30 Septembre 2012. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

La Jarre d’or, juin 2012, 305 p. . Ecrivain(s): Raphaël Confiant Edition: Folio (Gallimard)

L’auteur, bien connu, est martiniquais.

Le héros du roman est, comme son créateur, un écrivain martiniquais, Augustin Valbon, mulâtre au confluent de deux cultures, la française et la martiniquaise, doublement héritier de Balzac et de Césaire.

L’héritage de Balzac est évident dans la précision de la peinture sociale des milieux où se déroule le roman, dans la certitude que cultive le jeune écrivain d’être doué d’un talent d’exception, et dans son ambition avouée de connaître la gloire qu’il estime donc mériter.

L’héritage de Césaire est manifeste dans l’écriture poétique, dans l’omniprésence des thèmes sur lesquels s’est fondée l’affirmation littéraire de la négritude, et, ô merveille, dans l’abondance des diamants lumineux du créole antillais qui parsèment le texte, des étincelles de cette belle langue aujourd’hui reconnue, à juste titre et à statut égal, comme une des langues qui appartiennent au patrimoine linguistique de l’humanité, de ce parler riche et inventif que les linguistes décrivent comme un français évolué, dégagé qu’il a été, dès le début de son histoire, des contraintes imposées par l’Académie créée par Richelieu en 1635 (l’année même de l’installation des Français en Martinique) dans l’objectif affirmé de fixer (de figer) le français du 17ème siècle dans un état considéré alors (et depuis) comme définitivement parfait.

Une sainte fille, Franz Bartelt

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 03 Septembre 2012. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Recensions, La Une Livres, Nouvelles

Une sainte fille, Collection Folio 2€, 93 p. . Ecrivain(s): Franz Bartelt Edition: Folio (Gallimard)

 

Quelle bonne initiative que la publication chez Gallimard de petits ouvrages dans cette série répertoriée « Folio2€ » !

Une sainte fille est le titre d’une des trois nouvelles de ce recueil, extraites de La Mort d’Edgar, œuvre plus conséquente publiée dans la collection Blanche du même éditeur.

Les personnages principaux de ces trois récits ont un trait commun : ils se caractérisent par leur relation avec autrui.

L’une, bien qu’étant, de nature, l’inverse de ce que le monde croit qu’elle est, passe, durant toute sa vie, pour ce qu’elle n’est pas, et subit de ce fait une célébrité aussi universelle que non voulue. C’est là à la fois une illustration terrible de ce que peut avoir pour conséquence la rumeur publique, et une dénonciation pleine de grinçant humour de l’un des travers les plus fondamentaux de notre société : l’hypocrisie collective.

Sexe et amour de Sumer à Babylone, Véronique Grandpierre

Ecrit par Guy Donikian , le Dimanche, 29 Avril 2012. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres

Sexe et amour de Sumer à Babylone, mars 2012, 336 p. 8,90 € . Ecrivain(s): Véronique Grandpierre Edition: Folio (Gallimard)

 

La collection Histoire de Folio nous donne l’occasion de confirmer que la modernité de nos sociétés se situe bien du côté de la Mésopotamie, non seulement en raison de l’écriture cunéiforme que les sociétés qui s’y sont succédé ont adoptée, mais aussi pour l’organisation sociale qui prévalait et qui traduit le souci et la conscience aigüe qu’elles intégraient jusque dans l’intimité. Véronique Grandpierre, historienne, met à la disposition du lecteur une somme importante de données relatives à la conception qu’on avait du sexe et de l’amour il y a déjà 5000 ans dans cette Mésopotamie qui fut le lieu de tant de novations. C’est entre le Tigre et l’Euphrate que les dieux orientaient les comportements en la matière, faisant de la relation sexuelle un moment de plaisir dont naissent les hommes mais d’abord la végétation, les saisons…

« Et An (le Ciel), ce dieu sublime, enfonça son pénis en Ki (le Ciel) spacieuse

Il lui déversa du même coup au vagin la semence des vaillants Arbre et Roseau »,

Mais les dieux eux-mêmes ont des limites aux ardeurs qui les traversent comme Enlil, roi des dieux, qui cherche une compagne.

Nous étions des êtres vivants, Nathalie Kuperman

Ecrit par Guy Donikian , le Jeudi, 22 Mars 2012. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Recensions, La Une Livres, Récits

Nous étions des êtres vivants, 240 p., janvier 2012, 5,10 € . Ecrivain(s): Nathalie Kuperman Edition: Folio (Gallimard)

On pourrait toujours dire que l’époque est propice à la (re)lecture du texte de Nathalie Kuperman, que cette réédition tombe à pic, que la mise à disposition de ce texte au plus grand nombre ne peut que répondre à un besoin évident, tant l’actualité est riche en délocalisations, fermetures programmées et inéluctables aux yeux de certains, menaces en tous genres qui pèsent sur les salariés. Sans doute trouvera-t-on dans ce texte bien des échos de cette actualité économique. Mais toutes ces bonnes raisons de lire ce texte ne doivent pas masquer les qualités littéraires dont fait preuve l’auteur.

La construction tout d’abord. Nathalie Kuperman donne la parole à plusieurs employés d’une maison d’édition, ce qui est l’occurrence d’un texte à plusieurs voix pour mieux observer de l’intérieur les ravages d’une restructuration de l’entreprise après le rachat par un individu, dont le but n’est que pécuniaire. Le chœur, qui représente l’ensemble des employés, a aussi la parole. C’est l’occasion de suivre l’évolution de chacun quand la suspicion oblitère les rapports dans l’entreprise. Qui sera viré, qui aura la promotion que je mérite, sont autant d’interrogations légitimes. « C’est au moment où il faudrait que nous nous aimions que nous nous regardons avec méfiance ». Ainsi s’établissent des rapports qui poussent certains à commettre des actes insensés. Et d’aucuns iront jusqu’à saboter le déménagement en saccageant les cartons des uns et des autres.