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Folio (Gallimard)

Collection de poche des éditions Gallimard

 


Mon roman pourpre aux pages parfumées et autres nouvelles, Ian McEwan (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 22 Mai 2019. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Nouvelles

Mon roman pourpre aux pages parfumées et autres nouvelles, janvier 2019, trad. anglais France Camus-Pichon, Françoise Cartano, 112 pages, 2 € . Ecrivain(s): Ian McEwan Edition: Folio (Gallimard)

 

Une suave odeur de soufre.

Les publications de Ian McEwan sont souvent précédées d’une suave odeur de soufre. Va-t-on se laisser séduire ou s’effaroucher à la lecture de récits résolument pervers, d’histoires où les héros, jeunes ou vieux, se font rattraper par leurs fantasmes sexuels, va-t-on se pâmer à l’énoncé de crimes au sadisme feutré ?

A-t-il, cet anglais au regard bridé derrière ses lunettes rectangulaires, le talent littéraire assez chevillé à la plume pour nous embarquer dans des récits où un écrivain moins habile nous donnerait l’envie immédiate de refermer le livre et de tirer un trait définitif sur ses écrits ? Aborder son œuvre, pour ceux et celles qui ne s’y seraient pas encore risqués, par la lecture de nouvelles permet, à moindre effort, de humer son univers littéraire et de se rendre rapidement compte si des affinités existent, ou au contraire pas du tout.

L’Adversaire, Emmanuel Carrère (par Marianne Braux)

Ecrit par Marianne Braux , le Jeudi, 31 Janvier 2019. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

L’Adversaire . Ecrivain(s): Emmanuel Carrère Edition: Folio (Gallimard)

 

Lorsque, étudiant en médecine, il raconte à son entourage qu’il a réussi son examen d’entrée alors qu’il ne l’a même pas passé, Jean-Claude Romand ne sait pas que ce mensonge marquera le début d’une spirale infernale qui le conduira à mener, pendant près de dix-huit ans, une insupportable double vie. Insupportable, tout au moins vers la fin, quand, réalisant qu’il n’a plus les moyens (entre autres financiers) de continuer à mentir, il se retrouve au pied du mur et assassine, en 1993, ses parents, sa femme et ses deux enfants pour ne pas avoir à leur avouer la vérité sur sa véritable identité : non pas un médecin travaillant en Suisse pour l’Organisation Mondiale de la Santé à Genève, non pas un ami à qui on peut faire confiance pour garder au chaud son argent de l’autre côté de la frontière, non pas un mari ni un fils fiable et sûr de ce qu’il dit et fait, mais un homme sans emploi qui passe ses journées dans sa voiture et à se promener dans les bois, et dilapide l’argent qu’on lui a (frauduleusement) confié pour mener la vie qu’il souhaite donner à ses proches.

Le Chant du monde, Jean Giono (par Marianne Braux)

Ecrit par Marianne Braux , le Jeudi, 10 Janvier 2019. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Le Chant du monde, Jean Giono, Folio

 

Situé dans la Provence natale de Jean Giono, Le Chant du monde entraîne le lecteur dans une longue épopée paysanne conduite par Antonio, l’homme du fleuve, et son compagnon Matelot, partis à la recherche du fils de ce dernier à travers le pays imaginaire de Rebeillard. Face à eux, la bande à Maudru, maître auto-proclamé des lieux, décidés eux aussi à retrouver le « cheveu rouge », qui a kidnappé la fille de Maudru après avoir tué son neveu à qui elle était promise. L’action est dense et mouvementée comme la galerie des personnages est longue et diverse. Les rencontres sont nombreuses, qui rythment la quête du héros et sa découverte de l’Autre, incarnés par deux personnages éblouissants : Clara l’aveugle aux « yeux comme des feuilles de menthe » et à la parole clair-obscur, de qui Antonio tombera amoureux et apprendra la valeur de l’invisible, et Toussaint le bossu, figure du poète à la « voix d’enfant » qui enseignera au jeune homme le sens de l’intériorité et le pouvoir des mots.

Gomorra, Dans l’empire de la camorra, Roberto Saviano (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 14 Décembre 2018. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Gomorra, Dans l’empire de la camorra, octobre 2018, réédition avec l’ajout d’une préface de l’auteur, 480 pages, 9,40 € . Ecrivain(s): Roberto Saviano Edition: Folio (Gallimard)

 

Gomorra (publié en 2007) d’un Roberto Saviano de vingt-huit ans et en exil de sa Naples natale, est une vertigineuse plongée en terre infernale.

Dès l’entame – une virée dans un port de tous les trafics entre Chinois de la Triade, douanes et astuces anti-douanières –, le ton est donné. On ne va pas rigoler et en matière de mafia, de collusion, d’infection, la dose est tout, sauf homéopathique. On accompagne la mort d’une jeune Chinoise, plongée dans un puits pour avoir refusé quelques avances. On accompagne… et c’est aussi la vraie dimension d’une œuvre où l’empathie – Roberto témoin, observateur, fidèle à sa ville et dégoûté par elle – l’emporte sans cesser d’être atrocement critique, férocement vraie.

On suit Roberto en Vespa au nord de Naples, dans l’enceinte de ces villages bardés d’explosifs, de commerces illicites, de groupes, de cavales, de poursuites, de règlements de comptes.

On accompagne, écœuré. Les clans (Di Lauro, des Espagnols) se déchaînent.

Journal de l’Année de la Peste, Daniel Defoe (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 15 Novembre 2018. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Histoire

Journal de l’Année de la Peste (A Journal of The Plague Year, 1720), trad. anglais Francis Ledoux, 377 pages, 8,30 € . Ecrivain(s): Daniel Defoe Edition: Folio (Gallimard)

 

De Daniel Defoe, qui ne connaît pas Robinson Crusoé ? La célébrité du naufragé le plus connu de la littérature universelle a (presque) effacé de nos jours le reste de l’œuvre dans lequel surnagent Moll Flanders et ce Journal de l’Année de la Peste.

A mi-chemin de l’histoire et du roman – c’est un narrateur qui parle – ce livre est une chronique subjective et très documentée sur la funeste année 1665, lors de laquelle La Grande Peste emporta probablement 100.000 londoniens, soit environ 20% de la population de la capitale anglaise.

La Peste, sous la plume de Defoe, est un sujet parfait pour faire de Londres un tableau à la fois terrible et révélateur des données sociales de la grande ville de l’époque. La maladie semble avoir été apportée par des bateaux en provenance des Pays-Bas en 1664. Elle fit plusieurs victimes pendant l’hiver 1664-1665, mais les grands froids empêchèrent son extension. Par contre, le printemps et l’été 1665 furent inhabituellement chauds et l’épidémie commença à prendre de l’ampleur.