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Zulma

Zulma est une maison d'édition principalement dédiée à la littérature contemporaine, française et internationale, fondée en 1991 par Laure Leroy et Serge Safran.


C'est un poème de Tristan Corbière qui a donné à Zulma son nom, et a présidé également à la naissance de ses premières collections, dont les noms étaient issus de poèmes des Amours jaunes.

Zulma est diffusé par Le Seuil et distribué par Volumen.

 

( Source Wikipédia)


Premières neiges sur Pondichéry, Hubert Haddad

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 05 Janvier 2017. , dans Zulma, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Premières neiges sur Pondichéry, 179 p. 17,50 € . Ecrivain(s): Hubert Haddad Edition: Zulma

Comme de longs échos qui de loin se confondent

Dans une ténébreuse et profonde unité,

Vaste comme la nuit et comme la clarté,

Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Charles Baudelaire. Extrait du Sonnet des Correspondances.

 

Hubert Haddad nous offre un magnifique roman nimbé d’une aura toute baudelairienne, traversé d’un universalisme sensoriel et philosophique rarement atteint. En ces temps de recroquevillements sur soi, d’identitarismes glaçants, de rejets haineux et de violences meurtrières, c’est un chant du monde et au monde, que ce livre entonne et fait vibrer longtemps dans nos mémoires. Vibration mélodieuse qui dure d’autant plus longtemps que ce roman est plein de musique, sous l’archet de Hochéa Meintzel, vieux violoniste virtuose, fervent de musique classique mais aussi de musique populaire juive d’Europe centrale (klezmer), celle qui a fait danser les shtetls entre deux pogroms.

Les Hauts du Bas, Pascal Garnier

Ecrit par Guy Donikian , le Vendredi, 02 Décembre 2016. , dans Zulma, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Les Hauts du Bas, octobre 2016, 191 pages, 9,95 € . Ecrivain(s): Pascal Garnier Edition: Zulma

 

Les éditions Zulma rééditent ce roman au format poche, l’édition précédente datant de 2003. Initiative qu’il faut saluer tant la (re)lecture de ces lignes est jubilatoire. L’exercice de la recension impose une certaine neutralité, une retenue, quant à l’enthousiasme ou l’indifférence et parfois même l’ennui ressentis durant la lecture de certains. Lire Pascal Garnier crée le besoin de dire le plaisir, une fois encore jubilatoire, de son texte. On fera donc fi, ici, du respect de ces contraintes pour une expression plus fidèle aux émotions.

On ouvre le livre, et les pages s’enchaînent d’elles-mêmes, si je puis dire, sans pourtant que rien de bien extraordinaire n’ait lieu. Une lecture fluide pour des personnages plus qu’ordinaires (ou presque, j’y reviendrai) des situations banales, du quotidien donc dont la description et la narration feraient rapidement sombrer le texte dans l’ennui et le livre nous tomberait des mains. Mais on lit, et on attend au détour de chaque ligne la surprise du mot juste, de l’expression parfaite qui renvoie immédiatement à l’image, ce n’est plus une évocation d’un lieu ou d’un personnage, ce sont l’image précise, la situation exacte d’un individu dans le temps et dans l’espace, l’incongruité de ses sentiments, sa férocité, sa monstruosité parfois qui se font jour sur la page.

La Neige de Saint Pierre, Léo Perutz

Ecrit par Zoe Tisset , le Mardi, 08 Novembre 2016. , dans Zulma, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Pays de l'Est, Roman

La Neige de saint Pierre, octobre 2016, trad. allemand Jean-Claude Capèle, 240 pages, 9,95 € . Ecrivain(s): Leo Perutz Edition: Zulma

 

C’est un roman qui frôle le fantastique, un peu à la manière de Borges qui admirait beaucoup Perutz. Le ton est parfois très malicieux, ainsi lorsque George Friedrich Amberg, personnage principal, attend impatiemment une jeune femme. « …Eh oui ! Le temps chausse deux paires de chaussures différentes, poursuivit le fantôme. Avec l’une, il boite, avec l’autre, il fait des bonds. Et aujourd’hui, dans cette pièce, le temps a chaussé ses chaussures de boiteux, il ne veut pas passer ».

Un jeune médecin se réveille dans un lit d’hôpital, il se souvient d’évènements passés que personne n’accrédite. « (…) j’avais l’impression de ne plus être là, d’être couché dans un lit d’hôpital quelconque ; c’était une sensation très concrète, je sentais quelque chose d’humide et de chaud sur le front et dans la nuque, et j’essayais de m’en saisir, mais soudain, je ne parvins plus à bouger le bras et j’entendis les pas feutrés de l’infirmière. Il semble qu’à ce moment là, j’ai eu pour la première fois la vision de l’état dans lequel j’allais me trouver à la fin de toutes ces aventures ».

Le rouge vif de la rhubarbe, Audur Ava Olafsdottir

Ecrit par Zoe Tisset , le Samedi, 15 Octobre 2016. , dans Zulma, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Roman, La rentrée littéraire

Le rouge vif de la rhubarbe, septembre 2016, trad. islandais Catherine Eyjolfsson, 156 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Audur Ava Olafsdottir Edition: Zulma

 

« Dans cette position, la pluie coule directement de ses pommettes à l’intérieur de ses oreilles, muant peu à peu la résonance originelle de la nature en pression sur la tempe et bourdonnement dans le cerveau ». Agustina est une drôle de petite fille, au plus près de la nature, elle en comprend les pulsations et les couleurs. Elle sait se fondre en elle comme un animal, malgré ses deux jambes inertes. « Agustina avait mis au point une tactique pour entrer en contact intime avec la mer : comme un gymnaste au cheval d’arçon, elle se propulsait à la force des poignets par dessus les roches arrondies du rivage. Les jambes collées l’une à l’autre, telle la queue d’un petit cétacé qui laisserait son sillage sur le sable ». Agustina possède une compréhension du monde imagée qu’elle ne peut pas toujours traduire en mots. « C’est ainsi que naquirent les premières montagnes de mots, lesquelles comptaient de nombreuses strates. Celle du bas contenait le plus de mots, la suivante déjà moins et la plus haute n’en avait plus qu’un seul. Le mot culminant, le plus riche de sens, exige un temps de réflexion maximum ». A l’école, forcément, son professeur est décontenancé. Il s’en ouvre à Nina, sa mère adoptive.

IntranQu’îllités n°4 - Boîte noire des imaginaires, Revue littéraire et artistique

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mardi, 04 Octobre 2016. , dans Zulma, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Revues

IntranQu’îllités n°4, Passagers des vents, juin 2016, dirigée par James Noël, 280 pages, 25 € Edition: Zulma

Que voilà une belle et riche revue. Si vous ne la connaissiez pas (ce qui était notre cas avant de tourner les pages de ce quatrième numéro), sachez que son point d’ancrage, autant que d’encrage (entre encre et rage) est l’île d’Haïti, plus riche de poètes que bien d’autres coins du monde. Avec comme maître à bord James Noël – qui nous avait déjà offert il y a quelques mois une précieuse anthologie de la poésie haïtienne contemporaine – c’est à travers l’exploration tous azimuts du monde des îles que nous sommes emportés. Îles réelles ou imaginaires, politiques autant que poétiques, littéraires et fantasmées ou rêvées. Rêvées et révoltées, aussi. De tous pays, de toutes générations, leurs voix et leurs images nous plongent dans des mondes rapidement ignorés de nos habituelles cartes – géographiques, mentales ou de hasard.

Impossible d’énumérer toutes les escales proposées tant il y en a. Pour autant qu’il s’agisse d’escales. Peut-être autant de points inaccessibles sur les routes marines de tous les exils, là où les frontières se font si confuses que l’on s’y noie. Par milliers et dizaine de milliers parfois, entre les rives de l’indifférence et du fatalisme, du cynisme et de la charité impuissante (1). Ici, qu’importent les cartographies politiques, littéraires… qui lamentablement tracent leurs frontières entre les corps comme dans les têtes. Lamentablement mais hélas trop efficacement.