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Joelle Losfeld

Corps étranger, Adriana Lunardi

Ecrit par Anne Morin , le Jeudi, 21 Mai 2015. , dans Joelle Losfeld, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Langue portugaise, Roman

Corps étranger, mars 2015, trad. du portugais (Brésil) par Maryvonne Lapouge-Pettorelli, traduction révisée par Briec Philippon, 272 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Adriana Lunardi Edition: Joelle Losfeld

 

Le corps étranger c’est, pour chacun des personnages du roman, ce composé chimique à quoi se réduisent ses sensations, ses absences à être, à la vie, son détournement, sa maladie ou son addiction. Aucun d’entre eux n’est bien dans sa peau, chacun développe des terminaisons nerveuses ou des projections, qui lui reviennent en boomerang, ou des greffons qui prennent plus ou moins bien. Chaque concentré de personnage semble agir comme un électron libre dont la seule finalité est de se décharger dans la rencontre, à l’instar de ces plantes : Cela faisait déjà un moment que certaines espèces de fleurs natives souffraient de véritables reconfigurations (…) N’expérimente-t-elle pas elle-même la disparition furtive et sans protestations des références qui lui ont enseigné à être qui elle est ? Des livres qui furent de véritables bibles pour sa génération et que personne aujourd’hui ne connaît ? (p.16-17).

Mariana, peintre de renom d’un certain âge a relégué sa vie, troqué la vie mondaine et l’abstraction contre une vie de solitude en montagne, à la recherche de la représentation d’une espèce rare de plante, qui ne fleurit qu’une fois. Ce choix (?) de vie est intervenu après la mort accidentelle de son frère, José, bien des années auparavant.

Le ruisseau de cristal, Dermot Bolger

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 17 Janvier 2015. , dans Joelle Losfeld, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman

Le ruisseau de cristal (The Woman’s Daughter), septembre 2014, traduction de l’anglais (irlandais) par Marie-Hélène Dumas, 262 pages, 21 € . Ecrivain(s): Dermot Bolger Edition: Joelle Losfeld

 

Le moins qu’on puisse dire de ce ruisseau de cristal, c’est qu’il charrie des eaux turbides.

Quatre histoires s’entremêlent, de manière transchronique, quatre histoires de couples, troubles, dont certains éléments sont à la limite du sordide, mais dont le courant laisse apparaître ici et là, comme il advient d’en trouver dans le limon de toute rivière, à la périphérie ou au plein centre des remous nauséabonds, des pépites d’or d’amour et de noblesse.

D’abord il y a Sandra et Johnny, le frère et la sœur, et leurs jeux interdits, de ceux, fraternels et innocents, de l’enfance, à ceux, ardents et passionnés, de plus en plus accomplis, attisés par le sentiment religieux du péché et par la connaissance de la transgression du tabou culturel, de l’adolescence, dont les conséquences peuvent devenir dramatiques dans une société victorienne qui ne peut les tolérer.

Mais après je restais allongée éveillée, sachant que ce que je faisais était mal, terrifiée à l’idée que quelque chose révélerait peut-être mon péché…

Mes Oncles d’Amérique, Françoise Bouillot

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 13 Janvier 2015. , dans Joelle Losfeld, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Récits

Mes Oncles d’Amérique, janvier 2015, 72 pages, 9 € . Ecrivain(s): Françoise Bouillot Edition: Joelle Losfeld

 

Petit récit et grand plaisir. On lit ce livre d’une traite, sans que l’intérêt ne faiblisse un instant. Deux femmes se souviennent des « oncles d’Amérique ». Et, avec eux, par eux, elles se souviennent d’une époque de leur toute jeunesse, d’un univers aujourd’hui disparu d’un New-York qu’elles ont quitté depuis pour Montmartre – et qui s’est effacé. Pas dans les mémoires. Dans la réalité et même dans le nom. Alphabet City – qui s’appelait ainsi car ses rues portaient toutes des noms de lettres – A, B, C … – est devenu East Village et la bohême est morte.

Des mondes qui disparaissent constituent le thème récurrent de ce récit. Les deux oncles connus et aimés à NY, étaient anglais et avaient quitté l’Angleterre dans des conditions aussi mystérieuses que sulfureuses. L’Angleterre s’était dissoute pour eux dans un déni farouche. Surtout de la part d’onc’ Peter, le plus rigide des deux. Ils forment un couple de vieux homosexuels à la fois drôles et teintés d’amertume.

L’homme provisoire, Sebastian Barry

Ecrit par Theo Ananissoh , le Vendredi, 31 Octobre 2014. , dans Joelle Losfeld, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman

L’homme provisoire, traduction de l’anglais (Irlande) par Florence Lévy-Paoloni, septembre 2014, 248 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Sebastian Barry Edition: Joelle Losfeld

 

 

Le volume moyen du livre trompe à première vue sur l’ambition, merveilleusement accomplie, de son auteur. L’homme provisoire de l’Irlandais Sebastian Barry, en réalité, est une somme ; un ouvrage complet. Jack McNulty, le narrateur, rencontre la belle Mai (Mary) en 1922 alors qu’ils sont tous deux à peine sortis de l’adolescence. Nous les verrons devenir parents, puis grands-parents. 1922, c’est l’année de la reconnaissance par le Royaume-Uni de l’Indépendance irlandaise proclamée par les nationalistes en 1916. Entre ces deux dates, une guerre sanglante pour se libérer d’une domination coloniale vieille de quelque sept cents ans ! Cela explique qu’elle est aussi une douloureuse guerre civile, présente jusqu’au sein des familles comme celle de McNulty dont un frère, engagé dans les rangs de la Police Royale Irlandaise (au service des Britanniques), doit fuir le pays indépendant, quittant ainsi à jamais une mère éplorée.

Une illusion passagère, Dermot Bolger

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 22 Octobre 2013. , dans Joelle Losfeld, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, La rentrée littéraire

Une illusion passagère (The Fall of Ireland), traduit de l’anglais (Irlande) par Marie-Hélène Dumas, août 2013, 133 pages, 15,90 € . Ecrivain(s): Dermot Bolger Edition: Joelle Losfeld

Quand Martin, haut fonctionnaire irlandais, accompagnant en Chine pour la célébration de la fête de Saint-Patrick le sous-secrétaire d’état au cabinet de qui il est attaché, se retrouve seul dans son hôtel, à Pékin, où l’a laissé son patron pour un jour ou deux, il loue, après avoir longuement tergiversé, les services d’une masseuse.

L’aventure est banalement triviale.

Les hôtels chinois, constate le narrateur, intègrent très naturellement ces prestations, dûment tarifées, dans l’éventail des offices disponibles.

Tout naturellement, Martin s’attend, avec une sourde excitation, à ce que l’officiante lui propose le massage spécial. Et en effet la jeune femme qui le rejoint dans sa chambre lui soumet, après une onctueuse friction qui lui procure un délicieux moment de plaisir, l’offre espérée.

Le récit aurait pu consister en une suite de tableaux érotiques, voire pornographiques, de ce qui se passe ordinairement en ces moments-là.