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Joelle Losfeld

Elmet, Fiona Mozley (par Catherine Blanche)

Ecrit par Catherine Blanche , le Mardi, 05 Mai 2020. , dans Joelle Losfeld, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman

Elmet, Fiona Mozley, janvier 2020, trad. anglais, Laetitia Devaux, 237 pages, 19 € Edition: Joelle Losfeld

 

Ce récit, qu’on prendrait de prime abord pour un conte aux accents bucoliques s’avère être un brûlot social, une tragédie des temps modernes.

Le Comté du Yorkshire est le lieu d’enfance de Fiona Mozley. C’est aussi celui où se déroule cette histoire.

Pas un hasard assurément.

Il suffit de fouiner un peu dans les cinquante dernières années de ce coin d’Angleterre pour mesurer l'ampleur de sa paupérisation : fermetures de sites industriels, âpres luttes de classe, révoltes ouvrières musclées, chômage de père en fils ; alcool et misère ravageant le pays. Il s'y ajoute des « faits divers » donnant froid dans le dos : violeurs et éventreur ont abreuvé ces terres avec des larmes et du sang. Des faits qui ne peuvent que hanter longtemps les esprits et générer des peurs…

Laura Willowes, Sylvia Townsend Warner (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Lundi, 06 Avril 2020. , dans Joelle Losfeld, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman

Laura Willowes, Sylvia Townsend Warner, janvier 2020, trad. anglais, Florence Lévy Paoloni, 224 pages, 5,10 € Edition: Joelle Losfeld

 

Sylvia Townsend Warner (1893-1978) était romancière et nouvelliste, poétesse et musicienne, excentrique et éprise de liberté. C’est de son premier roman, publié en 1926, réédité chez Joëlle Losfeld en 2007 et à présent épuisé, dont il sera question ici.

Laura Willowes, son héroïne, est au début du roman une jeune femme insignifiante de la bourgeoisie anglaise. Enfant docile et insouciante, elle est brusquement jetée dans l’âge adulte par la mort prématurée de sa mère, et devient une maîtresse de maison tout à fait convenable. Elle serait un beau parti… si elle était mariable – or il se trouve qu’elle ne l’est guère. Des lectures peu orthodoxes – pour une jeune femme de son milieu et de son temps, s’entend – et pour lesquelles elle a toujours joui d’une rare liberté, un vif intérêt pour les simples et le brassage, une passion pour les fleurs, une propension à la rêverie et un goût pour la solitude « l’ont jetée hors du monde », comme le souligne Geneviève Brisac dans la préface de cette édition. En somme, c’est une excentrique – comme toute famille anglaise se doit, paraît-il, d’en engendrer une – mais du genre introverti.

Nous avons les mains rouges, Jean Meckert (par Jean-François Mézil)

Ecrit par Jean-François Mézil , le Mercredi, 04 Mars 2020. , dans Joelle Losfeld, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Nous avons les mains rouges, Jean Meckert, décembre 2019, 307 pages, 12,80 € Edition: Joelle Losfeld

 

Un homme, la vingtaine. La France sort de la guerre, lui de prison : il a purgé sa peine. Le gardien-chef l’appelle 34, mais on sait son prénom, Laurent, et on ne tardera pas à connaître son nom : Lavalette. On apprendra aussi bientôt la raison de l’incarcération : « J’ai tué un homme ».

On suit Laurent chez le percepteur. Il y récupère le pécule qu’il a gagné à la prison. Il cherche « une maison à femmes » (vingt-deux mois de continence, c’est long). Avenue de la Gare. Le prochain train pour Paris ? 17h18. Il n’est que 9h20, il faut tuer huit heures. Laurent entre dans un café :

– Vous avez du vin blanc ?

– Du rouge ! dit la femme. Vous voulez un canon ?

Une camionnette qui n’est pas de première jeunesse (« les pneus montraient leur toile et la bâche était rapiécée ») s’arrête devant le café. Deux hommes en sortent : un « énorme gaillard » (Armand de son prénom) ; le second plus âgé. Il se présente :

Attendre un fantôme, Stéphanie Kalfon (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 17 Septembre 2019. , dans Joelle Losfeld, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Attendre un fantôme, août 2019, 129 pages, 15 € . Ecrivain(s): Stéphanie Kalfon Edition: Joelle Losfeld

 

Kate, la meurtrie, est le seul personnage qui, d’un bout à l’autre du roman, n’apparaît pas. Ne se laisse pas approcher. Elle reste, sidérée, dans la cuisine jaune où sa mère lui apprend la nouvelle : la mort du garçon qu’elle aime, dans un attentat en Israël.

Sa mère, son beau-père, son père, sa sœur, les parents du garçon la traversent, passent en elle, à travers ce papier buvard qu’elle est devenue, comme une frise de petits personnages tous semblables qui, une fois dépliée, forme une guirlande, un découpage pour jeux d’enfants, suivant les pointillés.

Il est révélateur que Kate n’ait voix au chapitre qu’à la toute fin du roman. Un an passe, puis deux sans que quelque chose en elle ne se manifeste, elle vit en parallèle, la nouvelle l’a figée. Elle sait qu’elle attend pour rien, pas encore qu’elle n’attend rien.

Abattage, Lisa Harding (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 21 Juin 2019. , dans Joelle Losfeld, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Abattage, mars 2019, trad. anglais (Irlande) Christel Gaillard-Paris, 368 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Lisa Harding Edition: Joelle Losfeld

C’est l’histoire de Nicoletta et de Samantha.

Ce n’est pas un roman à l’eau de rose.

Ce n’est pas un roman d’amour.

Ce n’est pas un roman d’aventures.

Ce n’est pas un roman historique.

C’est un roman mais ce n’est pas seulement un roman.

 

C’est l’histoire tragique de Nicoletta et de Sammy.

Samantha, dite Sammy, vit une histoire tourmentée à Dublin. A quinze ans, elle ne cesse d’avoir d’âpres histoires traumatisantes avec sa mère, alcoolique, mauvaise, sadique, jalouse de la beauté croissante de sa fille qu’elle violente et veut enlaidir, et avec son père passif et dominé qui ne veut surtout pas chercher des histoires à sa femme. Pour compenser les sévices qui lui sont infligés à la maison, Sammy, partout suivie par sa meilleure amie Lucy, s’adonne à l’alcool et au sexe débridé.