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Christian Bourgois

Christian Bourgois éditeur est une maison d’édition française, fondée en 1966 par Christian Bourgois, sous l’égide des Presses de la Cité et qui obtient son indépendance en 1992.

Elle compte 760 titres à son catalogue et 50 titres sortent en moyenne chaque année. Leur distribution en est assurée par Volumen. Son chiffre d’affaires en 2009 est de 1 976 000 €, ce qui la classe au cent seizième rang du classement des deux cent éditeurs français.

 


La belle indifférence, Sarah Hall

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 13 Mars 2013. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Iles britanniques, Nouvelles

La belle indifférence. Trad. De l’anglais Eric Chédaille Février 2013. 170 p. 15 € . Ecrivain(s): Sarah Hall Edition: Christian Bourgois

 

Sarah Hall dans ce recueil se révèle sous un jour éblouissant et encore inconnu. On savait son talent de romancière depuis au moins le « Michel-Ange électrique ». Avec ces sept nouvelles, une nouvelliste exceptionnelle nous absorbe de bout en bout.

Sept histoires. Nous sommes dans un genre très éloigné des nouvelles de Carver ou de McGregor. Chaque nouvelle est un mini-roman, avec des personnages profonds et complexes, une narration captivante, un début, une fin. Sarah Hall déploie une formidable capacité à opérer une condensation narrative stupéfiante, dans un style étincelant. Une rivière de sept diamants taillés au millimètre.

Les personnages centraux de toutes les nouvelles sont des femmes. Sarah Hall annonce la couleur : ce livre célèbre la féminité. C’est incontestablement la trace la plus forte qui reste de cette lecture. Une féminité à l’image de l’écriture de Sarah Hall : à vif, d’une nervosité haletante, vibrant à chaque instant d’une tension extrême :

Ce qui est arrivé à M. Davison, Jon McGregor

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 07 Mars 2013. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Iles britanniques, Nouvelles

Ce qui est arrivé à M. Davison. Trad. Anglais Christine Laferrière février 2013. 295 p. 17 € . Ecrivain(s): Jon McGregor Edition: Christian Bourgois

 

Jon McGregor est définitivement de la lignée des écrivains qui se coltinent avec la langue même, la matière de l’expression. Les nouvelles qu’il nous offre dans ce recueil constituent une sorte de laboratoire d’écriture nouvelliste. Aucun des textes ne ressemble à un autre par la forme : phrases brisées, répétitions, inventaires, documents administratifs ou techniques, et même listes de noms propres, tout y passe comme dans une sorte d’exploration des canons de l’écriture. Dans la deuxième nouvelle, on a même un brouillon de poème, celui qu’est en train d’écrire l’héroïne de l’histoire : page de gauche la nouvelle et son déroulé, page de droite le poème de la femme en « work in progress »

 

« Quand vient l’aurore

Quand la première lueur pénètre depuis l’est

Le ciel est de la couleur des billes.

D’un gris médiocre et vitreux » (En hiver le ciel)

La nuit du loup, Javier Tomeo

Ecrit par Cathy Garcia , le Mardi, 05 Février 2013. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, Espagne

La nuit du loup, Janvier 2013, traduit de l’espagnol par Denise Laroutis, 150 p. 15 € . Ecrivain(s): Javier Tomeo Edition: Christian Bourgois

 

Voici une bien drôle d’histoire, serait-on tenté de dire. Dans une ambiance inquiétante qui frôle le fantastique, Javier Tomeo nous fait assister tout au long de La nuit du loup à une longue et étrange discussion. Cela se passe une nuit de 30 novembre, une date qui n’est pas anodine, cependant le sujet n’est pas là. Le sujet, ce sont deux hommes partis faire un petit tour après le repas, et qui tous deux, à une cinquante de mètres de distance l’un de l’autre, se foulent malencontreusement la cheville. Les voilà donc immobilisés là, dans la lande déserte. Tout proches, et cependant hors de vue, à cause d’un virage qui sépare Macarío, le premier, réfugié sous un abribus, d’Ismael, le deuxième, assis plus loin au bord de la route. Macarío vit à cinq cents mètres à peine de là, c’est un retraité solitaire, poète lyrique et un peu bizarre. Ismael, qui s’est foulé la cheville quelque temps après Macarío, est un assureur qui devait passer une nuit à l’hôtel du village, après avoir vendu quelques assurances-vie à des villageois faciles à convaincre. Un homme qui ne fait rien de plus que son métier, en somme, un citadin, marié, dont la seule bizarrerie serait d’aimer les films de vampires et de loups-garous, ce qui ne peut que nourrir l’imagination un peu plus qu’il ne le faudrait dans une telle situation.

L'expérience Oregon, Keith Scribner

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Vendredi, 05 Octobre 2012. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Roman, La rentrée littéraire

L'expérience Oregon (The Oregon Experiment), septembre 2012, trad. USA Michel Marny, 526 p. 21 € . Ecrivain(s): Keith Scribner Edition: Christian Bourgois

 

A quoi tient le malaise, agaçant, qui s’installe et persiste à la lecture de ce livre ? Probablement à une question qui reste sans réponse. Quel en est l’objet ?

Un couple new-yorkais vient s’installer loin, très loin de la grande Cité : dans l’Oregon. Il est professeur d’université, spécialisé dans l’histoire des mouvements politiques, en particulier sécessionnistes. Elle, était un « nez » ! Oui un nez, une spécialiste de l’olfaction, employée avec un succès considérable dans la fabrication des parfums. Mais voilà : à la suite d’un choc à la tête elle a perdu tout sens olfactif. Elle souffre de ce que la médecine appelle « anosmie ». Elle en est fortement déprimée et la décision de l’exil rural en est une conséquence.

On se prend à penser que le sujet du roman est justement l’exil rural pour des citadins shootés au CO2.

« New-York manquait à Naomi. Elle appelait trop souvent ses vieux amis. Elle lisait les pages Arts du Times avec trop d’attention. Elle se retrouve à attendre au coin des rues du centre-ville que passe un bus dont elle pourrait humer une bouffée brûlante de gaz d’échappement. Un marteau piqueur, un klaxon, même le plus petit bouchon l’apaisaient comme une odeur de son enfance. »

Ce que savent les baleines, Pino Cacucci

Ecrit par Lionel Bedin , le Vendredi, 22 Juin 2012. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Récits, Aventures, Italie

Ce que savent les baleines, traduit de l’italien par Lise Chapuis, mars 2012, 15,00 € . Ecrivain(s): Pino Cacucci Edition: Christian Bourgois

 

D’événements graves (les Conquistadors, le massacre des baleines) à d’autres plus anecdotiques (la « véritable » histoire de l’Hôtel California), en passant par les moment de grâce, tels les spectacles de la nature qui laissent « muet, en extase » comme ces baleines grises « qui ponctuent de souffles vaporeux toute la ligne d’horizon (et) s’approchent du bord et remuent le fond sablonneux à quelques mètres du rivage », Pino Cacucci emmène ses lecteurs pour une promenade du sud au nord de la « Baja California », la Basse-Californie, de La Paz – la première tentative d’implantation espagnole, là où Hernán Cortés s’avança en 1535 – à la frontière, du côté de Tijuana. Son credo : la nature.

 

« On part. Et pour ce long voyage, on a une robuste Dodge Durango, plus spacieuse et confortable que la Bronco. En fond sonore : Bruce Springsteen ». La région semble belle, avec des bords de mer magnifiques, des baies des anges, des terres où poussent « le petit cactus tonneau jusqu’au robuste saguaro ou au cactus cierge haut de vingt mètres », des pics du diable et, « en somme, traverser la Baja en février est un plaisir sublime ».