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Christian Bourgois

Christian Bourgois éditeur est une maison d’édition française, fondée en 1966 par Christian Bourgois, sous l’égide des Presses de la Cité et qui obtient son indépendance en 1992.

Elle compte 760 titres à son catalogue et 50 titres sortent en moyenne chaque année. Leur distribution en est assurée par Volumen. Son chiffre d’affaires en 2009 est de 1 976 000 €, ce qui la classe au cent seizième rang du classement des deux cent éditeurs français.

 


Impressions de Kassel, Enrique Vila-Matas

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 03 Juin 2014. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Espagne

Impressions de Kassel, traduit de l’espagnol par André Gabastou, mai 2014, 360 pages, 22 € . Ecrivain(s): Enrique Vila-Matas Edition: Christian Bourgois

 

« Etant donné mon habitude invétérée d’écrire des chroniques chaque fois qu’on m’invite dans un endroit étrange pour que j’y fasse quelque chose de bizarre (avec le temps je me suis rendu compte qu’en fait tous les lieux me semblent étranges), j’ai eu l’impression de vivre une fois de plus le début d’un voyage qui pouvait finir par se transformer en un récit écrit dans lequel je mêlerais comme tant d’autres fois perplexité et vie en suspens pour décrire le monde comme un lieu absurde auquel on accédait par le biais d’une invitation très extravagante ».

Enrique Vila-Matas est un écrivain du réel. Comme le philosophe Clément Rosset, il prend le réel très au sérieux, ce qui veut dire qu’il s’en amuse, qu’il en joue comme un chat avec une pelote de laine. Plongés dans le réel, l’un et l’autre, ne manquent pas de provoquer par leur style mille éclats de fictions dont ils vont nourrir leurs écrits, à moins que ça ne soit leurs écrits qui nourrissent ce qu’ils sont en train de vivre. Enrique Vila-Matas est un joueur vagabond qui écrit des livres où il ne cesse d’enquêter sur sa propre énigme, ce qu’il est, ce qu’il vit, ce qu’il pense, ce qu’il voit et finalement ce qu’il écrit.

La fille, Tupelo Hassman

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 30 Avril 2014. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

La fille (Girlchild), traduit de l’anglais (USA) par Laurence Kiefé, janvier 2014, 346 pages, 20 € . Ecrivain(s): Tupelo Hassman Edition: Christian Bourgois

 

La fille, c’est R.D., Rory Dawn

La mère, Johanna Hendrix, c’est Maman, dans le texte

La grand-mère, c’est Grandma

Ce sont là les trois personnages principaux de ce roman, dont la plus remarquable des multiples qualités consiste en le fait que la narration est faite à la première personne par La Fille elle-même.

Le lecteur découvre donc, du point de vue de l’enfant qu’est Rory Dawn puis de l’adolescente qu’elle devient, la vie quotidienne d’un quartier oublié, défavorisé, de Reno, cité poussiéreuse du Nevada, connue pour ses casinos et pour la facilité qu’elle offre à tout couple marié de promptement divorcer.

les nouveaux robinsons, Ludmila Petrouchevskaia

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 07 Novembre 2013. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays de l'Est, Nouvelles

Les nouveaux robinsons, octobre 2013, trad. du russe par Macha Zonina et Aurore Touya, 185 p. 15 € . Ecrivain(s): Ludmila Petrouchevskaïa Edition: Christian Bourgois

On ne peut trouver d’ailleurs plus ailleurs  que dans ces nouvelles de Ludmila Petrouchevskaia. Géographiquement on est en Russie, mais une Russie tellement vague, fantômatique, qu’elle en devient fantasmée. Narrativement, on s’enfonce dans les dédales d’un monde sombre et étrange, plus profondément encore de nouvelle en nouvelle. Quant à l’univers du style il est fascinant tant il invente une écriture qui allie raffinement et simplicité. Bien sûr on pense à des parentés. A commencer – Russie oblige – par Nicolas Gogol et ses nouvelles fantastiques. Car on oscille dans ces histoires entre un réalisme saisissant, un peu celui du socialisme soviétique de l’après-guerre - et/ou de la Russie post-URSS - et le fantastique presque horrifique. Gogol et ses univers qui, de la vie quotidienne nous bascule soudain dans l’impossible, l’horreur (« Le Nez »). L’autre référence est revendiquée directement par l’auteure dans une des nouvelles de ce recueil :

« Seule la chatte continuait à miauler, comme dans cette célèbre nouvelle où le mari tue sa femme et l’ensevelit dans un mur de briques ; à leur arrivée, les enquêteurs comprennent ce qui s’est passé grâce à un miaulement provenant de l’intérieur du mur, où le chat préféré de l’épouse a été emmuré avec elle et se nourrit de sa chair. »

(Hygiène)

En mer, Toine Heijmans (2 critiques)

Ecrit par Lionel Bedin , le Mercredi, 02 Octobre 2013. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Roman, La rentrée littéraire

En mer, traduit du néerlandais par Danielle Losman, août 2013, 15 € . Ecrivain(s): Toine Heijmans Edition: Christian Bourgois

 

 

Donald est un homme ordinaire, qui mène une existence (trop) ordinaire, et qui a déjà subi pas mal de défaites et d’humiliations. Il a passé une partie de sa vie à « faire des choses dont je sais qu’il vaudrait mieux ne pas les faire. Mais je les fais quand même », entouré de personnes – les collègues et d’autres – pour qui « l’intrépidité ne leur est plus indispensable. Ils se passent aisément d’aventure ». Un jour il se dit que « le moment d’être ambitieux m’a semblé révolu » et se demande par quoi remplacer « le bureau, les deals, les entretiens d’évaluation, ces inutiles ingrédients de la vie ». Hagar, sa femme, lui susurre que « c’est agréablement calme, tu sais, quand tu n’es pas là » ou « je voudrais tellement que tu sois un adulte. Un homme qui prend des décisions ». Alors un congé sabbatique, un voilier et quelques mois de navigation en solitaire s’imposent. Suivis de quelques jours en mer avec Maria, sa fille. Histoire de lui proposer une belle aventure, de « faire en sorte que ça vaille la peine » et de montrer à Hagar « qu’elle s’est inquiétée pour rien ».

Journal. Vol. II 1964-1980, Susan Sontag

Ecrit par Frédéric Aribit , le Mardi, 27 Août 2013. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Biographie

Journal. Volume II 1964-1980, préface de David Rieff, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Anne Rabinovitch, mai 2013, 574 pages, 24 € . Ecrivain(s): Susan Sontag Edition: Christian Bourgois

 

« Je veux que la rencontre avec une personne ou une œuvre d’art change tout », disait-elle.

Sous-titré Renaître, le volume I de l’immense Journal de Susan Sontag, publié en 2010 par Christian Bourgois, couvrait les années 1947-1963. Désormais disponible chez le même éditeur, le deuxième volet du triptyque attendu, La Conscience attelée à la chair (1964-1980), entre de plain-pied dans la période de maturité intellectuelle, qui voit écrire celle qui se définit elle-même comme une « cagienne-franco-juive » parmi ses essais majeurs (Sur la photographie, 1977).

On y suit donc, sur un mode intime, le filigrane d’une œuvre et d’une pensée inquiète et en questionnement permanent à la fois sur les déchirements du monde comme sur la difficulté d’être, d’aimer, d’écrire, de vivre, c’est-à-dire de penser. Les notes sont très hétérogènes, parfois d’une brièveté laconique, parfois se développant au contraire sur des pages et des pages, parfois quotidiennes, parfois espacées de plusieurs semaines, plusieurs mois. Mais c’est, à travers cet « esprit d’escalier chronique » qu’elle avoue au hasard d’une brève, toujours une même exigence d’honnêteté qui s’y lit, un même désir de lucidité auquel l’exercice du journal offre le recours d’une écriture confidente.