Identification

Christian Bourgois

Christian Bourgois éditeur est une maison d’édition française, fondée en 1966 par Christian Bourgois, sous l’égide des Presses de la Cité et qui obtient son indépendance en 1992.

Elle compte 760 titres à son catalogue et 50 titres sortent en moyenne chaque année. Leur distribution en est assurée par Volumen. Son chiffre d’affaires en 2009 est de 1 976 000 €, ce qui la classe au cent seizième rang du classement des deux cent éditeurs français.

 


La vie amoureuse de Nathaniel p., Adelle Waldman

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 04 Septembre 2014. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, La rentrée littéraire

La vie amoureuse de Nathaniel p. (The love affairs of Nathaniel p.) août 2014. Traduction Anne Rabinovitch. 331 p. 19 € . Ecrivain(s): Adelle Waldman Edition: Christian Bourgois

 

Si on vous dit que ce roman a pour héros un intello-Bobo new yorkais, écrivain journaliste de son état, ne fréquentant que des gens de préférence beaux, jeunes, riches et intelligents, et qu’il raconte ses aventures amoureuses compliquées entre Elisa, Hannah, Greer et quelques autres, vous avez de quoi vous inquiéter sur l’intérêt du roman. Et pourtant, ce voyage de quelques mois sur les sentes affectives de Nathaniel p. est passionnant ! On ne s’en rend pas forcément compte tout de suite mais après quelques dizaines de pages on tombe sous l’influence addictive de l’art narratif d’Adelle Waldman.

Qu’elles soient affectives ou sexuelles n’y fait rien : les vents et marées de l’aventure amoureuse restent des vents et marées, avec ce que ça implique de dangers, d’accalmies, de tempêtes, de risques de noyade. Et Nate (c’est son petit nom) affronte ces déferlements avec ce qu’il faut de cynisme et d’engagement, de distance et de fragilité, selon les jours, les femmes, les humeurs. Souvent avec mépris aussi.

Par ailleurs (exils), Linda Lê

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 03 Septembre 2014. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, La rentrée littéraire

Par ailleurs (exils), août 2014, 168 p. 13 € . Ecrivain(s): Linda Lê Edition: Christian Bourgois

 

Quel peut être le rôle de l’exil, du déracinement dans la vision du monde d’un écrivain ? Frein, déclin ou ressourcement ?

Dans un essai intitulé Par ailleurs (Exils), Linda Lê aborde cette question en évoquant tour à tour le sort d’écrivains en dissidence, exilés de l’intérieur ou contraints au départ physique. Elle y évoque également le cas de ceux qui ont changé de langue pour écrire et s’approprier ainsi un nouvel univers intellectuel autant que linguistique. La conduite d’un exilé, apprend-on, doit éviter de nombreux écueils : Edward Saïd met en garde de tomber dans « le narcissisme masochiste » et de ne pas faire de l’exil un « fétiche, une pratique qui l’éloigne de tout rapprochement ou engagement ».

Sur ce qui déclenche l’exil, comme sentiment intérieur, Linda Lê cite avec grande pertinence André Gide qui avait en son temps mené bataille contre les liaisons dangereuses entre nationalisme et littérature. Il répondit que la France devait beaucoup « à un confluent de races » et que les grands artistes étaient « les produits d’hybridations et le résultat de déracinements, de transplantations ». Un autre exilé des lettres, Klaus Mann, vit dans l’exil un aiguillon, il se définissait comme « un cosmopolite d’instinct », « toujours inquiet, toujours en quête ».

Impressions de Kassel, Enrique Vila-Matas

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 03 Juin 2014. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Espagne

Impressions de Kassel, traduit de l’espagnol par André Gabastou, mai 2014, 360 pages, 22 € . Ecrivain(s): Enrique Vila-Matas Edition: Christian Bourgois

 

« Etant donné mon habitude invétérée d’écrire des chroniques chaque fois qu’on m’invite dans un endroit étrange pour que j’y fasse quelque chose de bizarre (avec le temps je me suis rendu compte qu’en fait tous les lieux me semblent étranges), j’ai eu l’impression de vivre une fois de plus le début d’un voyage qui pouvait finir par se transformer en un récit écrit dans lequel je mêlerais comme tant d’autres fois perplexité et vie en suspens pour décrire le monde comme un lieu absurde auquel on accédait par le biais d’une invitation très extravagante ».

Enrique Vila-Matas est un écrivain du réel. Comme le philosophe Clément Rosset, il prend le réel très au sérieux, ce qui veut dire qu’il s’en amuse, qu’il en joue comme un chat avec une pelote de laine. Plongés dans le réel, l’un et l’autre, ne manquent pas de provoquer par leur style mille éclats de fictions dont ils vont nourrir leurs écrits, à moins que ça ne soit leurs écrits qui nourrissent ce qu’ils sont en train de vivre. Enrique Vila-Matas est un joueur vagabond qui écrit des livres où il ne cesse d’enquêter sur sa propre énigme, ce qu’il est, ce qu’il vit, ce qu’il pense, ce qu’il voit et finalement ce qu’il écrit.

La fille, Tupelo Hassman

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 30 Avril 2014. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

La fille (Girlchild), traduit de l’anglais (USA) par Laurence Kiefé, janvier 2014, 346 pages, 20 € . Ecrivain(s): Tupelo Hassman Edition: Christian Bourgois

 

La fille, c’est R.D., Rory Dawn

La mère, Johanna Hendrix, c’est Maman, dans le texte

La grand-mère, c’est Grandma

Ce sont là les trois personnages principaux de ce roman, dont la plus remarquable des multiples qualités consiste en le fait que la narration est faite à la première personne par La Fille elle-même.

Le lecteur découvre donc, du point de vue de l’enfant qu’est Rory Dawn puis de l’adolescente qu’elle devient, la vie quotidienne d’un quartier oublié, défavorisé, de Reno, cité poussiéreuse du Nevada, connue pour ses casinos et pour la facilité qu’elle offre à tout couple marié de promptement divorcer.

les nouveaux robinsons, Ludmila Petrouchevskaia

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 07 Novembre 2013. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays de l'Est, Nouvelles

Les nouveaux robinsons, octobre 2013, trad. du russe par Macha Zonina et Aurore Touya, 185 p. 15 € . Ecrivain(s): Ludmila Petrouchevskaïa Edition: Christian Bourgois

On ne peut trouver d’ailleurs plus ailleurs  que dans ces nouvelles de Ludmila Petrouchevskaia. Géographiquement on est en Russie, mais une Russie tellement vague, fantômatique, qu’elle en devient fantasmée. Narrativement, on s’enfonce dans les dédales d’un monde sombre et étrange, plus profondément encore de nouvelle en nouvelle. Quant à l’univers du style il est fascinant tant il invente une écriture qui allie raffinement et simplicité. Bien sûr on pense à des parentés. A commencer – Russie oblige – par Nicolas Gogol et ses nouvelles fantastiques. Car on oscille dans ces histoires entre un réalisme saisissant, un peu celui du socialisme soviétique de l’après-guerre - et/ou de la Russie post-URSS - et le fantastique presque horrifique. Gogol et ses univers qui, de la vie quotidienne nous bascule soudain dans l’impossible, l’horreur (« Le Nez »). L’autre référence est revendiquée directement par l’auteure dans une des nouvelles de ce recueil :

« Seule la chatte continuait à miauler, comme dans cette célèbre nouvelle où le mari tue sa femme et l’ensevelit dans un mur de briques ; à leur arrivée, les enquêteurs comprennent ce qui s’est passé grâce à un miaulement provenant de l’intérieur du mur, où le chat préféré de l’épouse a été emmuré avec elle et se nourrit de sa chair. »

(Hygiène)