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Christian Bourgois

Christian Bourgois éditeur est une maison d’édition française, fondée en 1966 par Christian Bourgois, sous l’égide des Presses de la Cité et qui obtient son indépendance en 1992.

Elle compte 760 titres à son catalogue et 50 titres sortent en moyenne chaque année. Leur distribution en est assurée par Volumen. Son chiffre d’affaires en 2009 est de 1 976 000 €, ce qui la classe au cent seizième rang du classement des deux cent éditeurs français.

 


Le congrès de littérature, César Aira

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 20 Août 2016. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman

Le congrès de littérature (El congreso de literatura), avril 2016, trad. espagnol (Argentine) Marta Martinez-Valls, 128 pages, 14 € . Ecrivain(s): César Aira Edition: Christian Bourgois

Ceci est le livre d’un auteur qui voulait écrire un livre. Ou, autrement dit, le projet de ce livre, c’est le livre que vous tiendrez dans les mains le jour où vous le lirez. Voilà une manière d’avancer sans trop se risquer, et pourtant… Et pourtant, les choses avancent à un rythme tel qu’il aura fallu près de deux décennies pour que nous en arrive sa petite centaine de pages et après 9 autres titres publiés par le même éditeur, plus quelques autres chez Gallimard, Maurice Nadeau ou Actes Sud, entre autres.

A la veille de rejoindre un congrès de littérature au cœur d’une cité andine, le narrateur commence par résoudre naturellement une énigme du Nouveau monde et saura tirer le « fil de Macuto », comme d’autres tirent le fil de leur histoire, et amener à lui les trésors des temps légendaires de la piraterie… se sauvant du coup du naufrage dans lequel le marasme de l’édition pourrait bien l’entraîner. Car le narrateur est, précisons-le, écrivain. Qu’irait-il faire sinon à ce congrès de littérature ? Raconter des histoires ? Racontez une histoire ? Peut-être celle de toutes les histoires ? Peut-être…

Il était une fois, donc… un scientifique qui menait en Argentine des expériences sur le clonage de cellules, d’organes, de membres et qui en était arrivé à la possibilité de reproduire à volonté des individus entiers en quantité indéfinie.

Rouge Paris, Maureen Gibbon

Ecrit par Martine L. Petauton , le Samedi, 12 Septembre 2015. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Rouge Paris, octobre 2014, traduit de l’Américain par Cécile Deniard, 280 pages, 20 € . Ecrivain(s): Maureen Gibbon Edition: Christian Bourgois

 

L’auteure affiche en exergue : Il ne suffit pas d’être exact pour être juste (Shirley Hazzard). Rien ne peut en effet mieux correspondre à son livre, donnant une ouverture – une fenêtre – d’une rare pertinence sur le milieu des artistes peintres français à la fin du XIXème siècle. Et ce roman/récit, de s’inscrire de ce fait dans l’originalité et le décrire-vrai qui séduit et marque le lecteur, bien autant qu’une page d’Histoire.

Paris – les quartiers des ateliers des peintres pas toujours riches ; ceux des chambrettes sans confort des modèles – petites ouvrières, en quête de bouclage de fin de mois. Un peintre qu’on connaît tous : Edouard Manet ; une jeune femme qu’on connaît moins : Victorine Meurent, qui fut son principal modèle et bien davantage. Sujet au demeurant intéressant, classique, informatif ; documentaire alléchant sur ces faces B des chefs d’œuvre… si cela avait été traité à « la traditionnelle ». Mais, à la Maureen Gibbon, c’est tellement autre chose !

Délivrances, Toni Morrison

Ecrit par Victoire NGuyen , le Vendredi, 28 Août 2015. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, La rentrée littéraire

Délivrances, août 2015, trad. de l’Américain par Christine Laferrière, 197 pages, 18 € . Ecrivain(s): Toni Morrison Edition: Christian Bourgois

 

Briser les chaînes

Si le lecteur se penche sur le titre, il peut y voir certains indices qui guideront sa lecture car les thématiques chères à l’auteure sont inscrites en filigrane dans ce simple mot à onze caractères : Délivrances. Si son sens premier se rapporte à la dernière phase de l’enfantement, il a aussi une signification figurée qui vient appuyer l’idée de rendre la liberté à un sujet ou à un état opprimé. Il est aussi synonyme de libération mais à un niveau individuel. L’individu est délivré de sa souffrance ou/et de son aliénation. C’est ce sens figuré qui, niché, dans chaque mot donne au roman Délivrances une dimension psychologique. Mais de quoi s’agit-il ?

Bride, la fille de Sweetness a réussi sa vie. Cadre dans une firme cosmétique, elle roule en Jaguar. Elle fait pâlir d’envie ceux qui l’entourent par son port altier et ses habits blancs qui accentuent les contrastes de sa peau d’ébène. Cependant, un mal la ronge. Elle ne se remet pas de sa rupture amoureuse, d’autant plus qu’une faute du passé la rattrape et la laisse dans un état de culpabilité qui la pousse à tomber dans un traquenard dont elle sort défigurée… Au fil des pages, le lecteur entend aussi la voix de la mère et perçoit mieux la profonde détresse de Bride sous sa rutilante réussite…

Le pays de la peur, Isaac Rosa

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 30 Mai 2015. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Espagne

Le pays de la peur (El país del miedo), avril 2014, trad. espagnol Vincent Raynaud, 329 pages, 20 € . Ecrivain(s): Isaac Rosa Edition: Christian Bourgois

 

Quel est donc ce pays de la peur dont Isaac Rosa entend nous faire le récit ? Quelques pays en guerre ou soumis à une terrible dictature ? Un nouvel avatar du meilleur des mondes, de 1984 ou de Farenheit 451 ? Nullement. Le pays de la peur, c’est celui dans lequel nous vivons aujourd’hui. Le pays dans lequel vivent aussi l’auteur, le narrateur et les personnages. Une Espagne qui devient France par la magie de la traduction et qui pourrait être n’importe quel pays de notre monde moderne, de notre « occident », voire au-delà.

En suivant les pas et les pensées de Carlos, c’est dans nos propres têtes qu’Isaac Rosa nous fait pénétrer, mettant à jour les mécanismes qui peuvent insidieusement et irrépressiblement nous installer dans le pays de la peur. Un pays où le quotidien peut se révéler plein de menaces qui, à force d’être fantasmées et médiatisées deviennent réelles et effectives.

La fête des corbeaux, Thomas McGuane

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 26 Mai 2015. , dans Christian Bourgois, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Nouvelles

La fête des corbeaux, mai 2015, traduit de l’anglais (USA) par Éric Chédaille, 336 pages, 20 € . Ecrivain(s): Thomas McGuane Edition: Christian Bourgois

 

La fête des corbeaux, ce sont dix-sept nouvelles et autant de superbes pochades dans lesquelles Thomas McGuane déroule les fils emmêlés des rapports des liens du sang. Rapports dont la haute toxicité façonne des êtres qui subissent, se plient passivement aux désirs des figures parentales ou tentent de s’en échapper, le plus souvent en vain, par manque de confiance et surtout d’estime de soi. Une toxicité qui se transmet inéluctablement de génération en génération, empoisonne et emprisonne les couples, détruit les enfants, fait se dissoudre les rapports amicaux et conduit les anciens, faute de solidarité, vers l’asile ou la maison de retraite. Dix-sept tranches de vies déliquescentes.

La perversité à peine voilée des relations à l’intérieur des couples, l’absence de communication véritable, les jeux malsains de pouvoir au sein de ces binômes, s’exercent avec une saisissante acuité dans nombre de ces nouvelles. Prise à témoin ou plutôt comme otage, la descendance morfle et trouve des aménagements pour survivre. Ainsi dans la première histoire, Un problème de poids, le narrateur déclare : Je ne manque pas d’affection pour mes parents, mais ces deux-là sont enfermés dans quelque chose d’exclusif au point d’être hermétiquement clos à tous les autres, y compris moi-même (p.21).