Christine Angot livre ici un roman très construit et parfaitement abouti, où la folie trouve son contrepoint dans l’explication rationnelle. La diégèse s’étend de façon linéaire sur deux générations, celle de la mère, Rachel, juive, qui vit, travaille et tombe amoureuse à Châteauroux, celle de la fille, Christine, « née de père inconnu », qui naît à Châteauroux, emménage à Reims, puis à Paris. La mère et la fille se répondent l’une à l’autre, leur histoire étant ponctuée régulièrement par les lettres du père, Pierre, et ses rares apparitions, pendant les vacances.
On trouve dans ce roman un grand nombre d’ingrédients qui font le succès d’un roman populaire, au bon sens du terme. D’abord, le travail, contrainte importante et vitale, pour la femme et pour l’homme – elle, modeste employée de la Sécurité sociale, prenant peu à peu des responsabilités grâce à son sérieux et à sa ténacité, lui trouvant un poste intéressant à Strasbourg, au service traduction du Conseil de l’Europe – ; d’emblée le tableau est planté, la différence de « monde » social, qui va jouer un rôle décisif tout au long du roman.