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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Sigmaringen, Pierre Assouline

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 19 Mars 2014. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Sigmaringen, Janvier 2014, 350 pages, 21 € . Ecrivain(s): Pierre Assouline Edition: Gallimard

 

 

Nervosité d’une écriture précise, descriptions affinées ; attaques des dialogues, sens d’un restitué – loin des clichés – propre à amarrer l’Histoire au plus profond de nous… Réussi de bout en bout, dans le souffle qu’il faut, ce Sigmaringen, un des livres majeurs de ce début d ’année.

« Décor en trompe-l’œil… où nous avions tous joué la comédie des apparences. La représentation de “Vichy sur Danube”, une comédie tragique et bouffonne »… Sigmaringen, un lieu – Allemagne du sud ; une brèche, un appendice, dans l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale. On connaît ce refuge installé dans le vieux château des Hohenzollern ; nid d’aigle au-dessus des derniers bruits de la guerre, où le régime Hitlérien serra les gouvernants de Vichy – pêle-mêle, et le peuple fourre-tout des collaborateurs en déroute. On a beaucoup lu – Histoire ou romans ; mémoires aussi, sur ces quelques mois quasi immobiles au-dessus du vide. « Principale activité au château, tuer le temps ».

Trahisons, suivi de Hot-House, Un pour la route, Harold Pinter

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 13 Mars 2014. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Théâtre

Trahisons, suivi de Hot-House, Un pour la route, et autres pièces, adaptation française d’Éric Kahane, 277 p. 21,50 € . Ecrivain(s): Harold Pinter Edition: Gallimard

 

Dans ce recueil de pièces, l’on retiendra surtout Une sorte d’Alaska (A Kind of Alaska). Cette courte pièce fait partie de la trilogie Other Places (avec Victoria Station et One for the Road) créée au National Theatre de Londres (en 1982) et reprise en 1985 au Duchess Theatre. Ce n’est que deux ans plus tard que la trilogie sera créée en français, et ce au Festival d’Avignon de 1987, par la Comédie-Française.

Pour l’écriture d’Une sorte d’Alaska, Pinter s’est inspiré de Awakenings (Éveils) du docteur Oliver Sacks, ouvrage publié à Londres en 1973. Ce qui a percuté la toile de son attention au point que les remous prononcés sur le tissu soient suffisamment durables pour qu’ils donnent son impulsion et son cours à une pièce, c’est tout ce qui concerne les effets sur l’organisme de l’encephalitis lethargica, variété rare d’encéphalite virale communément désignée sous le nom de « maladie du sommeil européenne » (même si Pinter semble également s’être inspiré de ce mal qui caressa de son manteau d’ombre et de froid la littérature de la fin du dix-neuvième siècle, à savoir la catalepsie).

Petits textes poétiques, Robert Walser

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 08 Mars 2014. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Poésie

Petits textes poétiques, traduit de l’allemand par Nicole Taubes, 2005, 176 pages, 15 € . Ecrivain(s): Robert Walser Edition: Gallimard

 

Kleine Dichtungen, datant de 1914, est du très petit nombre des recueils que Robert Walser a composés lui-même. S’il tenait autant à cet ensemble comme ensemble, c’est sans doute parce que s’y lisent ses préoccupations. Les pensées les plus intimes contenues dans une seule pensée. Celle reliant la vie et la mort.

Et que tentent de reconstituer, par leur babil, les promenades qui tissent, entre le ciel et la terre, meuble, une tapisserie nous recevant en elle, putréfiable tapisserie d’air et de vent.

Robert Walser croit, comme un enfant – comme l’enfant fantasmatique qui est l’archétype de l’innocence –, à la bonté des êtres et des choses. Il croit comme croit l’enfant recroquevillé en chaque adulte qu’un cours est possible, venant du corps, qui permettrait à la main de se tendre, sans que ce soit pour frapper, ou prendre, ou brusquer, ou pousser. « Quand tu te promènes, tu crois te promener dans l’air, c’est comme si tu devenais une part du souffle bleu régnant au-dessus de tout. Ensuite, la pluie revient, et toute chose matérielle est alors si mouillée, si humide, avec partout un doux éclat luisant. Les gens d’ici sentent la douceur et l’amour qu’il y a dans la nature, qu’il y a partout dans le monde vivant. Ils se tiennent agréablement alentour, et dans leurs mouvements, on sent que ce sont des gens libres » (Au frère).

La musique des pierres, Nicolas Idier

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 20 Février 2014. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

La musique des pierres, janvier 2014, 336 pages, 21 € . Ecrivain(s): Nicolas Idier Edition: Gallimard

 

« Je marche tous les jours, par tous les temps, même les nuits pluvieuses. Les villes d’Asie ne dorment jamais à poings fermés. Moi non plus, depuis le jour-sans-nom ».

Les beaux livres ne dorment jamais, comme les vagues qui viennent de si loin que l’on se demande souvent si elles ne sont pas éternelles, nées du caprice d’un dieu. L’écrivain regarde les vagues de loin, s’avance, ses pieds se posent sur mille petites pierres roulées, le corps s’élance dans le mouvement permanent de l’eau, les bras, les jambes, la tête, ce n’est pas un nageur, c’est un ange. Les beaux livres offrent au lecteur attentif aux récifs, des nuits blanches et calmes, des nuits dessinées au pinceau avec grande attention, comme les pierres de Liu Dan qui s’élancent dans le mouvement du Temps chinois, le Temps éternel qui est à bien l’embrasser, la plus belle des révolutions. Les beaux livres ne dorment jamais les pages fermées, elles s’ouvrent comme des fleurs du désert, pierres de sables qui glissent entre les doigts, et ne retombent jamais en poussière.

Marcel Proust, Un amour de Swann, orné par Pierre Alechinsky

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 17 Février 2014. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Arts

Marcel Proust, Un amour de Swann, orné par Pierre Alechinsky, 208 p. octobre 2013, 39 € . Ecrivain(s): Pierre Alechinsky Edition: Gallimard

 

Alechinsky* aime à épouser le mouvement immobile, – immobilité déployée –, d’un livre, par ses traits – incisifs, débridés, et ouverts sur un silence que rien ne saurait venir briser : celui du recueillement, de la prière qu’est tout sommeil véritable (le sommeil étant un repli de l’être, soudain miniaturisé – sans qu’il soit utile, pour cela, que le corps change de forme –, dans le cocon d’invisible qu’il garde reclus dans lui).

Il a ainsi « illustré » – ajoutant souvent eaux fortes – de très nombreux livres et plaquettes pour les éditions Fata Morgana. L’on retiendra notamment Oiseau ailé de lacs et Invention de la pudeur de Salah Stétié, Trois poèmes d’Alvaro de Campos de Pessoa, Mon voyage en Amérique de Cendrars, Fleur de cendres de Lokenath Bhattacharya, Plénièrement de Gracq, Le poète assassiné d’Apollinaire, Celle qui vient à pas légers de Jacques Réda, Vacillations de Cioran, Les rougets d’André Pieyre de Mandiargues, et Le carnet du chat sauvage de Charles-Albert Cingria. Sans oublier les très beaux – car très nus – ouvrages de Gérard Macé, où paraît une pensée, dans ses muscles non forcés.