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Métailié

 

Les Éditions Métailié ont été fondées en 1979, avec un capital permettant de financer la fabrication de trois livres. Les dix premières années ont été pour Anne Marie Métailié, sa fondatrice, des années de formation sur le tas et de construction des structures d'un catalogue qui, d'abord orienté vers les sciences sociales avec les collections Traversées, dirigée par Pascal Dibie, et Leçons de Choses, dirigée par Michael Pollak et Luc Boltanski, s'est tourné progressivement vers la littérature étrangère avec pour commencer le Brésil, Machado de Assis et Carlos Drummond de Andrade, et le Portugal avec Antonio Lobo Antunes, José Saramago et Lídia Jorge.

Au terme de ces années d'apprentissage, l'entrée de la maison dans le système de diffusion du Seuil et la publication d'un inconnu dont le bouche à oreille fera un best-seller - Luis Sepúlveda, Le Vieux qui lisait des romans d'amour - créent les conditions d'une meilleure présence en librairie et une stabilisation de la maison qui lui permet de s'ouvrir à de nouvelles découvertes et de nouveaux paris.

 

Désarrois (Verwirrnis), Christophe Hein (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 27 Juin 2024. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Roman

Désarrois (Verwirrnis), Christophe Hein, éditions Métailié, avril 2024, trad. allemand, Nicole Bary, 240 pages, 20 € Edition: Métailié

 

Le châtiment

Désarrois, le livre de Christophe Hein (né en 1944 à Heinzendorf, dramaturge, romancier, essayiste et traducteur Est-allemand) se réfère sans doute au célèbre ouvrage, Les Désarrois de l’élève Törless de Robert Musil. Christoph Hein a grandi à Bad Düben, une petite ville au nord de la Saxe, non loin de Leipzig. Son père, pasteur, n’étant pas considéré par les autorités de la RDA comme un travailleur, il ne lui était pas permis de fréquenter le lycée. Christophe Hein passera son baccalauréat en 1964, et ne pourra étudier à l’université qu’à partir de 1967, tout en occupant divers emplois. Il est en 1990 Membre de l’Académie des arts de Berlin et de l’Ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne en 1994.

La première femme, Jennifer Nansubuga Makumbi (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 06 Juin 2024. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Roman

La première femme, Jennifer Nansubuga Makumbi, éd. Métailié, mars 2024, trad. anglais (Ouganda) Céline Schwaller, 544 pages, 23 € Edition: Métailié

« L’ethnobiographie constitue, à partir de l’informateur, une méthode de maïeutique sociale qui permet au sujet de se retrouver lui-même et qui lui donne la possibilité de porter témoignage sur son groupe, sa société, sa culture »

Jean Poirier et coll., 1983

La première femme est le deuxième roman de Jennifer Nansubuga Makumbi (écrivaine ougandaise née à Kampala, diplômée d’un Doctorat en création littéraire de l’Université de Lancaster, récompensée en 2018 du Prix de Littérature Windham-Campbell). Et c’est par la voix de la jeune Kirabo Nnamiiro que va se dérouler le continuum de la saga d’une vaste famille ougandaise, partagée entre croyances animistes et monothéismes. Le contexte est celui du post-colonialisme, sous l’ère dictatoriale et sanguinaire d’Idi Amin Dada (1925-2003). Jennifer Nansubuga Makumbi réveille les grands mythes de l’Afrique de l’Est, notamment ceux de l’Ouganda, indépendant en 1962, pays membre de l’Organisation de la coopération islamique.

Datas sanglantes, Jakub Szamalek (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 20 Décembre 2023. , dans Métailié, Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Pays de l'Est

Datas sanglantes, Jakub Szamalek, Métailié Noir, octobre 2023, trad. polonais, Kamil Barbarski, 447 pages, 22,50 € Edition: Métailié

Un a priori tenace persiste qui fait du « polar », du « thriller », un sous-genre seulement capable d’un plus ou moins bon divertissement. Le polar divertit, c’est entendu, mais il ne s’en tient pas à cette seule contrainte : il ne fait pas l’économie des contextes dans lesquels il se situe, il doit aussi prendre en compte les aspects sociétaux, politiques ou encore technologiques qui font nos sociétés. Et c’est bien ce que propose Jakub Szamalek dans ce deuxième volet de la Trilogie du darknet. Il ne s’agit pas là d’une intrigue strictement policière, comme on peut en lire, mais d’une enquête, voire de plusieurs enquêtes menées par plusieurs protagonistes qui n’ont de prime abord rien en commun, sinon qu’ils utiliseront, chacun à sa manière, les ressources du web.

« Hanna parcourut la liste des utilisateurs du chat. Certains pseudos lui étaient familiers. Realgood-53 était son spectateur le plus fidèle, c’était un ouvrier retraité de l’industrie chimique de Colombus, dans l’Ohio. Il aimait quand elle mettait un serre-tête avec des oreilles de chat et lapait du lait dans une coupelle. C’était un type très sympathique – il y a quelques mois, elle lui avait même accordé des droits de modérateur. Bob-the-boulder, c’était un Anglais de Bath qui travaillait dans l’IT ou la finance, elle ne savait plus. Une fois, il lui avait donné dix mille jetons pour qu’elle fasse semblant d’avoir une crise d’épilepsie ».

Misericordia, Lídia Jorge (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 30 Novembre 2023. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue portugaise, Roman

Misericordia, Lídia Jorge, Métailié, Bibliothèque portugaise, août 2023, trad. portugais, Elisabeth Monteiro Rodrigues, 416 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Lidia Jorge Edition: Métailié

 

« Avant j’avais l’habitude de demander qu’on me lise les informations, mais maintenant je ne veux plus. Dans la vie, naturellement, le bien succède au mal, dans les journaux, au contraire, on ne fait qu’ajouter du mal au mal, j’ai dit. J’ai précisé cependant que j’aimais toujours écouter lire, à présent que je n’arrivais plus par moi-même ».

« Oh ! Joie, conduis-moi à travers la rue tortueuse – la mort dort à la porte. Je la chasse avec ton bâton ».

Elle se nomme Maria Alberta Nunes Amado, et on l’appelle Dona Alberti. Misericordia est son journal, le journal de sa vie en maison de retraite, transformé en roman par sa fille Lídia Jorge. Un journal enregistré entre le 18 avril 2019 et le 19 avril 2020 dans sa chambre de l’Hôtel Paradis devenu maison de retraite. S’y ajoutent des notes manuscrites que l’auteur a glissées en fin de chaque chapitre, qui sont comme des éclats de vie et de joie. Elle s’enregistre car elle a du mal à écrire, à former les lettres. Les mots et les phrases offerts ainsi par la mère deviennent un roman sous la plume de sa fille.

Les Enfants Oppermann, Lion Feuchtwanger (par Guy Donikian)

Ecrit par Guy Donikian , le Mercredi, 31 Mai 2023. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Roman, En Vitrine

Les Enfants Oppermann, Lion Feuchtwanger, Editions Métailié, février 2023, 400 pages, 23 € . Ecrivain(s): Lion Feuchtwanger Edition: Métailié


1933, 2023, quatre vingt dix ans séparent la première publication de ce roman de sa présente seconde édition chez Métailié. Une réédition donc qui intervient dans un contexte fragile pour nos démocraties, une réédition qui elle aussi veut nous alerter de certains dangers, et c’est tant mieux, mais qui s’adresse aussi et surtout à des lecteurs de prime abord acquis à la cause démocratique, en tout cas pour la plupart. C’est toute l’ambivalence de ces publications dont on vante mérite et bienfaits, mais dont on se cache qu’elle ne sera sans doute pas lue par ceux qu’elle vise… Sans doute le ton du livre est-il à l’œuvre dans l’expression pessimiste ici écrite. Et pourtant…

En 1933, l’auteur a fui l’Allemagne pour se réfugier en France, à Sanary, qui lui aura servi pour des descriptions de notre midi méditerranéen, alors que le personnage central a quitté l’Allemagne nazie pour les environs de Toulon. Mais nous nous situons là à la presque fin du roman (sans pour autant en dévoiler la toute fin).