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Editions Honoré Champion

 

Les éditions Honoré Champion sont une maison d'édition française.

Elles ont été fondées par Honoré Champion en 1874 et publient des ouvrages de fond en sciences humaines. Elles étaient couplées à une librairie installée quai Malaquais, à Paris. Les éditions Honoré Champion ont été rachetées par le Suisse Slatkine, spécialisé dans la réimpression d'ouvrages anciens, en 1973. Ce rachat a été suivi d'un renouveau, qui permet aujourd'hui à Champion d'être un des principaux éditeurs universitaires dans le domaine de

Un ouvrage publié par les éditions Honoré Champion
  • la littérature française (du Moyen Âge à nos jours) ;
  • la littérature comparée ;
  • la grammaire, la linguistique, la lexicographie ;
  • l'histoire (du Moyen Âge au monde moderne) ;
  • la musique ;
  • les correspondances, mémoires et journaux.

Les éditions Champion sont également diffuseur des ouvrages de petits éditeurs et des éditions d'institutions publiques (École des chartes...) et publient des ouvrages et des bases de données sous forme électronique.

 

(Source Wikipédia)

Batailles libertines, La vie et l’œuvre de Gabriel Naudé, Anna Lisa Schino (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 09 Mars 2021. , dans Editions Honoré Champion, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Italie

Batailles libertines, La vie et l’œuvre de Gabriel Naudé, Anna Lisa Schino, juin 2020, trad. italien, Stéphanie Vermot-Petit-Outhenin, 340 pages, 55 € Edition: Editions Honoré Champion

 

Gravitant hors du champ de la culture générale, Gabriel Naudé (1600-1653) appartient à la constellation des « libertins érudits », selon la belle expression de René Pintard, par laquelle il ne faut pas entendre un libertinage de mœurs (encore que cette dimension ne soit point exclue, mais elle n’est pas primordiale), mais un libertinage d’idées, Naudé s’étant aventuré dans des secteurs obscurs de la pensée, lesquels eussent bien pu, s’il n’y avait pris garde, être éclairés par son propre bûcher (il naquit quinze jours avant le supplice de Giordano Bruno).

Comme le remarque Anna Lisa Schino dans son beau livre, Naudé fut d’abord et avant tout un médecin, qui effectua une partie de ses études en Italie. Le séjour transalpin constitua pour le jeune Parisien une expérience capitale. En Italie, Naudé découvrit non seulement les intrigues et les plaisirs qui faisaient le sel d’un séjour pareil, mais encore et surtout un fort courant de scepticisme à l’égard des religions, courant qui semblait paradoxalement se faire plus vif encore à mesure que l’on s’approchait de Rome et des palais pontificaux.

Notices et esquisses relatives au ghetto de Varsovie, Emanuel Ringelblum (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 03 Février 2021. , dans Editions Honoré Champion, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Histoire

Notices et esquisses relatives au ghetto de Varsovie, Emanuel Ringelblum, éditions Honoré-Champion, août 2020, trad. yiddish, Nathan Weinstock, 278 pages, 38 € Edition: Editions Honoré Champion

Que peut faire un historien de formation et de métier lorsqu’il est témoin et qu’il sera bientôt victime du plus grand massacre de tous les temps ? Les possibilités ne sont pas en nombre infini : tenter coûte que coûte d’échapper à son destin tragique, sombrer dans la folie, devancer la mort en se suicidant ou, ce qui est plus conforme à l’esprit et à la vocation de l’historien, témoigner pour un avenir qu’il ne verra pas. Emanuel Ringelblum (1900-1944) choisit cette dernière solution, en se faisant le mémorialiste du ghetto de Varsovie. La capitale polonaise abritait avant 1939 la plus importante communauté juive d’Europe.

Seul ou avec ses collaborateurs, Ringelblum a écrit des dizaines de milliers de pages. Il avait rassemblé autour de lui un groupe de cinquante à soixante personnes, avec tous les risques que cela comporte (comment s’assurer que, parmi elles, aucune ne trahira le secret ?), œuvrant au même but, dans le dénuement matériel le plus complet. Ce groupe qui, tant que cela fut possible, se réunissait le samedi pour coordonner son travail, avait reçu le nom doucement ironique d’Oneg Shabbath, « la joie du shabbat ».

Les Lumières de l’ombre, Libres penseurs, hérétiques, espions (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 14 Décembre 2020. , dans Editions Honoré Champion, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Histoire

Les Lumières de l’ombre, Libres penseurs, hérétiques, espions, éditions Honoré-Champion, mai 2020, Sophie Bisset, Marie-Claude Felton, Charles T. Wolfe, 310 pages, 55 € Edition: Editions Honoré Champion

 

« Le côté obscur des Lumières » : la formule est facile et ressemble à une accroche de journaliste en mal d’inspiration. C’est pourtant bien le territoire que ce volume prospecte. Que furent les Lumières ? On se représente une confrérie d’écrivains élégants et de penseurs raffinés regardant tous dans la même direction, tous préoccupés jour et nuit d’améliorer le monde en général et l’humanité en particulier, de libérer celle-ci de tout ce qui peut contribuer à l’amoindrir, à l’effrayer ou à l’oppresser. Cela, c’est l’image d’Épinal ou la vision propagée par les manuels de littérature. La réalité fut sensiblement différente. De nombreux écrivains des Lumières se haïssaient. On préfère fermer les yeux sur l’antisémitisme et le racisme qui se donnent libre cours dans les œuvres de Voltaire. Ainsi qu’on l’a finement remarqué, l’univers clos et étouffant du marquis de Sade, lieu de supplices infinis, annonce la rationalité concentrationnaire.

Dictionnaire de l’autobiographie, Écritures de soi de langue française, Collectif (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 18 Novembre 2020. , dans Editions Honoré Champion, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Dictionnaire de l’autobiographie, Écritures de soi de langue française, Collectif, Françoise Simonet-Tenant, Michel Braud, Jean-Louis Jeannelle, Philippe Lejeune, Véronique Montémont, 846 pages, 28 € Edition: Editions Honoré Champion

 

« Je… je… je… moi… moi… moi… » : qu’on s’en réjouisse ou qu’on s’en hérisse, l’augmentation quantitative (certains parleraient d’inflation morbide, voire de prolifération maligne) des écrits à la première personne du singulier est un trait caractéristique de la modernité (un concept moins facile à définir qu’il n’y paraît). Tout se passe comme si l’admonition de Paul Valéry (« Qui se confesse ment, et fuit le véritable vrai, lequel est nul, ou informe, et, en général, indistinct ») avait été proférée dans le vide.

Le Dictionnaire de l’autobiographie que publient les éditions Champion est, pour qui s’intéresse aux « écritures de soi » ou « du moi », un outil remarquable, appelé à devenir un usuel et à être conservé sous la main. 457 entrées rédigées par 192 collaborateurs permettent un large tour d’horizon. L’autobiographie est envisagée dans son extension chronologique (depuis l’Antiquité) et géographique (même si le sous-titre du volume indique que les textes en langue française seront privilégiés, les comparatistes trouveront leur bien dans les notices consacrées à l’Italie, aux Caraïbes, à l’Afrique ou à la Russie).

Martin Luther et la Kabbale (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 14 Avril 2020. , dans Editions Honoré Champion, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Langue allemande

Martin Luther et la Kabbale, Du Shem ha-meforash et de la généalogie du Christ (1543), coll. Bibliothèque d’études juives, septembre 2019, trad. allemand, Hubert Guicharrousse, Mathilde Burgart, 246 pages, 28 € Edition: Editions Honoré Champion

 

C’est un texte effrayant. On a l’impression d’observer un malade du choléra, dont le corps se décharge aux deux extrémités. Cela n’en finit pas. Le tube digestif n’est jamais vide et il répand sans arrêt des matières pestilentielles autour de la cuvette, dans les draps ou sur les murs. Loin d’être isolé dans une aile éloignée de l’hôpital, dans une chambre en bout de couloir et au dernier étage, le malade en question s’est vu élever des statues. Et il passe pour avoir changé le monde.

Dans les deux épais volumes d’Œuvres qu’elles ont publiés en Pléiade, les éditions Gallimard ont reculé devant cette insanité, comme elles ont reculé devant les pamphlets de Céline (le parallèle n’est pas gratuit, on le verra). Plus anciennes que la maison Gallimard et avec une haute tradition érudite, les éditions Champion, elles, n’ont pas eu peur. Elles avaient déjà publié Des Juifs et de leurs mensonges, écrit par Luther en janvier 1543. Il y avait pire, il y a toujours pire et, en ce qui concerne le père de la Réforme, le voici.