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Grasset

Les Éditions Grasset ont été successivement présidées par son fondateur, Bernard Grasset, et depuis 1955 par son neveu Bernard Privat. Parmi les premiers administrateurs figure Jean Vigneau. En1959, Grasset fusionne avec les Éditions Fasquelle, que dirigeait Jean-Claude Fasquelle depuis 1954. Il devient directeur général des éditions Grasset & Fasquelle en 1959, puis Président-directeur général en 1981. En 2000, il devient Président du conseil de surveillance et Olivier Nora lui succède en tant que Président du directoire.

Parmi les auteurs importants que Grasset a contribué à faire connaitre peuvent être cités Jean Giraudoux, ou plus récemment Pascal Quignard.

 


Les grands cerfs, Claudie Hunzinger (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Mardi, 03 Décembre 2019. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Les grands cerfs, août 2019, 192 pages, 17 € . Ecrivain(s): Claudie Hunzinger Edition: Grasset

 

Ecrire à proximité des bêtes.

Entrer dans le livre de Claudie Hunzinger, Les grands cerfs, c’est passer le seuil d’un univers fait de grands vallons, de secrètes parcelles forestières et de sentiers cachés au plus profond des Vosges alsaciennes. Non pas des chemins qui ne mènent nulle part mais qui nous conduisent au plus près du monde animal.

Le livre commence d’ailleurs comme le grand essai de Jean-Christophe Bailly, Le versant animal. Un cerf apparaît dans les phares d’une voiture sur une route de campagne. Chez Jean-Christophe Bailly c’est l’occasion d’une approche du mystère animal, chez Claudie Hunzinger ce sera le point de départ d’une enquête et de la révélation d’une passion intense.

Le tunnel, Avraham B. Yehoshua (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 12 Novembre 2019. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Israël

Le tunnel, février 2019, trad. hébreu Jean-Luc Allouche, 431 pages, 22,90 € . Ecrivain(s): Avraham B Yehoshua Edition: Grasset

 

Un tunnel n’est pas qu’un passage, c’est aussi un contournement. Cela peut être aussi une restriction de la vision, du sens, une réserve. Dans ce roman, il devient l’allégorie d’une échappée dont la fin, le bout justement, échappe : on en sait l’entrée, jamais la sortie. C’est d’abord un projet que Zvi Louria, ingénieur des Ponts et Chaussées en retraite, fait tout pour mener à bien, porteur lui-même de son propre petit tunnel, cette petite tache sombre qui s’agrandit, creuse son cerveau et sa mémoire, embrouille les données, crée des raccourcis.

Le roman s’ouvre sur la visite de l’ingénieur chez le neurologue à la suite d’une « petite » confusion : Zvi s’apprêtait à ramener chez lui, en lieu et place de son petit-fils, un autre enfant de la garderie. Tout est histoire de distraction : détourner une route, détourner son attention, ou plus exactement la porter ailleurs. Dans ce pays, les relations humaines sont à double tranchant. Ben-Zvi, un ancien président d’Israël dont le portrait trône dans l’ex-bureau de Zvi, en témoigne :

Une joie féroce, Sorj Chalandon (par Mélanie Talcott)

Ecrit par Mélanie Talcott , le Mardi, 10 Septembre 2019. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Une joie féroce, août 2019, 320 pages, 20,90 € . Ecrivain(s): Sorj Chalandon Edition: Grasset

 

Tout le monde l’aime, Jeanne… Sauf moi… Bénéficierait-elle de l’empathie éblouie de la plupart, lecteurs et critiques de cette Joie féroce de Sorj Chalandon, si elle n’était pas atteinte d’un cancer du sein ? La réponse est non. Qu’elle soit libraire est accessoire… Car avant qu’il ne lui soit diagnostiqué, elle se contentait, entre facilité, égoïsme, lâcheté et résignation – la pathologie humaine la plus banale qui soit – d’une vie aussi plate qu’une autoroute. D’une rectitude parfaite, sans surprise et sans amour, aux côtés d’un mari insipide. Une vie dont l’issue fatale était sans doute celle d’une vieillesse pépère confite dans un ennui mortel. Elle subissait, elle se soumettait. Fripée, sans féminité, sans séduction et sans passion. La perte de son jeune fils en fut certes l’une des causes, mais cependant pas suffisante pour l’avoir réveillée à elle-même. Il lui faudra sa propre maladie, « son crabe », cette « écharde mortelle » qu’elle dédramatisera en le nommant « camélia » pour que, non sans quelques frilosités embourgeoisées, elle troque sa vie, contre une autre, émaillée de protocoles thérapeutiques, de peurs et de douleurs, vécus par des milliers d’anonymes sans qu’ils en fassent une Joie féroce.

Le Général a disparu, Georges-Marc Benamou (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 06 Septembre 2019. , dans Grasset, Les Livres, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Le Général a disparu, août 2019, 240 pages, 19 € . Ecrivain(s): Georges-Marc Benamou Edition: Grasset

 

« Il n’a pas fermé l’œil depuis dix jours ; et cela se lit sur ce masque dont les cernes semblent marquées au burin ; ces yeux rougis, enfoncés, minuscules qui accentuent le caractère éléphantesque de sa physionomie. Depuis les évènements, et son retour de Roumanie, il a passé toutes ses nuits en alerte, dans la pénombre du Salon doré, en robe de chambre où, faute d’un gouvernement capable, il tenait là, en solitaire, ses réunions d’état-major ».

Le Général a disparu est le roman d’un Pays et d’un Vieux militaire. Nous sommes en mai 1968, ce mois qui fait trembler le Général, un mois de barricades et de révoltes, un mois où les pavés dansent, et où le doute se glisse dans les pensées du Président. Il consulte, il écoute. Ils sont tous là, autour du Général : Louis Joxe – allure chic du grand serviteur de l’Etat – Messmer – un légionnaire pour la vie –, Fouchet – cette âme molle dans une enveloppe de rugbyman –, et lui De Gaulle. De plus en plus seul, s’isolant, et cherchant une solution pour sortir de cette crise, de cette révolution, pour en sortir enfin.

Le peintre abandonné, Dominique Fernandez (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 13 Mai 2019. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Le peintre abandonné, février 2019, 256 pages, 19 € . Ecrivain(s): Dominique Fernandez Edition: Grasset

 

Centième livre de l’académicien français depuis ses débuts littéraires en 1958, ce roman tout entier axé sur le peintre Picasso s’ajoute à une nombreuse liste de récits, d’essais, d’études et de romans. Spécialiste de la littérature italienne qu’il a moult fois traduite (Pavese, Pasolini, Penna, etc.), du baroque, de la Sicile (qu’il considère comme la part la plus authentique de l’Italie), Dominique Fernandez, en ce vingt-cinquième roman, s’insinue dans la vie intime du grand peintre né à Malaga et qui, après dix années de bonheur sans ombre, se voit quitté par Françoise Gilot, jeune peintre, mère de deux enfants. Le peintre, macho dans l’âme, qui déclarait « On ne quitte pas Picasso », se trouve là trahi, amoindri. Il n’est plus que l’ombre dérisoire de lui-même, et s’il trouve refuge auprès d’amis à Perpignan, il a bien du mal à trouver les moyens de faire l’impasse sur ce qui lui arrive. Il est là, entouré de son fils Paulo (autrefois appelé Pablo), fils d’Olga la Russe, de ses hôtes Paul et Aimée, de l’oncle Alphonse, inénarrable biographe du Cubiste, l’amie d’Aimée, Totote ; et l’abandonné, quand il ne fustige pas ses contemporains artistes (Matisse, Derain, ceux de Collioure), jette toute la peinture italienne à la casse, s’amuse à vitrioler les meilleures réputations, à inventer des histoires de l’art à chaque monument visité avec ses amis.