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Grasset

Les Éditions Grasset ont été successivement présidées par son fondateur, Bernard Grasset, et depuis 1955 par son neveu Bernard Privat. Parmi les premiers administrateurs figure Jean Vigneau. En1959, Grasset fusionne avec les Éditions Fasquelle, que dirigeait Jean-Claude Fasquelle depuis 1954. Il devient directeur général des éditions Grasset & Fasquelle en 1959, puis Président-directeur général en 1981. En 2000, il devient Président du conseil de surveillance et Olivier Nora lui succède en tant que Président du directoire.

Parmi les auteurs importants que Grasset a contribué à faire connaitre peuvent être cités Jean Giraudoux, ou plus récemment Pascal Quignard.

 


Le trésor des humbles de Maurice Maeterlinck : une poésie de l’occulte. (par Sophie Galabru)

Ecrit par Sophie Galabru , le Lundi, 27 Janvier 2020. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Poésie

Le trésor des humbles, Maurice Maeterlinck Edition: Grasset

 

Prix Nobel de littérature 1911, Maeterlinck est notamment l’auteur du Trésor des humbles où il se fait poète de l’occulte. Paru en 1896, l’année de la mort de Verlaine, la prose poétique de Maeterlinck est encore d’un langage symboliste, tout en s’en dégageant déjà. Témoin des énigmes, Maeterlinck lie l’infini et le fini, la mort et le sens, les évènements et leur vérité, notre ignorance et le secret de nos lignes de vie. Poète d’un monde invisible, cet écrivain belge écrit avec une conviction spirituelle : « Nous vivons à côté de notre véritable vie et nous sentons que nos pensées les plus intimes et les plus profondes ne nous regardent pas, que nous sommes autre chose que nos pensées et nos rêves » (p. 47). Nous ne pouvons donc pas comprendre Maeterlinck si nous n'acceptons pas l'idée selon laquelle « c’est par distraction que nous vivons nous mêmes » (ibid). Certain que de nous détenons plus de vérités que nous l’imaginons, l'auteur s’essaye à décrypter la vie souterraine et aérienne de nos âmes ; celle que l'on vit en toute absence à soi.

Les Jungles rouges, Jean-Noël Orengo (par Marie du Crest)

Ecrit par Marie du Crest , le Mardi, 17 Décembre 2019. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Les Jungles rouges, août 2019, 268 pages, 19 € . Ecrivain(s): Jean-Noël Orengo Edition: Grasset

 

Le dernier et très beau roman de Jean-Noël Orengo, Les Jungles rouges, marque à nouveau l’élection de l’Asie du Sud-Est comme « matière » romanesque par son auteur. En effet, son premier roman, La Fleur du Capital, évoquait Pattaya, ville-bordel de Thaïlande. Ce nouveau livre nous plonge dans l’histoire complexe et violente de ce qui fut L’Indochine française et devint le Cambodge des Khmers rouges, le Vietnam de la guerre. Bangkok, quant à elle, se révèle comme le lieu des échappées et la France, celui des exils politiques ou biographiques. Le roman traverse aussi le temps, s’ouvrant en 1924 et se refermant en 2016. Durant cette longue période, la trame romanesque construite en triptyque entrelace des épisodes autour des personnages, jouant ainsi sur des apparitions, des disparitions successives sur le principe du récit choral et sa résolution finale où les principaux personnages voient leur destin s’accomplir. Les personnages qui se croisent, au fil des époques, sont à la fois empruntés à l’Histoire comme le couple Clara et André Malraux en voleurs de biens archéologiques, ou plus tard André en journaliste anti-français.

Les grands cerfs, Claudie Hunzinger (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Mardi, 03 Décembre 2019. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Les grands cerfs, août 2019, 192 pages, 17 € . Ecrivain(s): Claudie Hunzinger Edition: Grasset

 

Ecrire à proximité des bêtes.

Entrer dans le livre de Claudie Hunzinger, Les grands cerfs, c’est passer le seuil d’un univers fait de grands vallons, de secrètes parcelles forestières et de sentiers cachés au plus profond des Vosges alsaciennes. Non pas des chemins qui ne mènent nulle part mais qui nous conduisent au plus près du monde animal.

Le livre commence d’ailleurs comme le grand essai de Jean-Christophe Bailly, Le versant animal. Un cerf apparaît dans les phares d’une voiture sur une route de campagne. Chez Jean-Christophe Bailly c’est l’occasion d’une approche du mystère animal, chez Claudie Hunzinger ce sera le point de départ d’une enquête et de la révélation d’une passion intense.

Le tunnel, Avraham B. Yehoshua (par Anne Morin)

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 12 Novembre 2019. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Israël

Le tunnel, février 2019, trad. hébreu Jean-Luc Allouche, 431 pages, 22,90 € . Ecrivain(s): Avraham B Yehoshua Edition: Grasset

 

Un tunnel n’est pas qu’un passage, c’est aussi un contournement. Cela peut être aussi une restriction de la vision, du sens, une réserve. Dans ce roman, il devient l’allégorie d’une échappée dont la fin, le bout justement, échappe : on en sait l’entrée, jamais la sortie. C’est d’abord un projet que Zvi Louria, ingénieur des Ponts et Chaussées en retraite, fait tout pour mener à bien, porteur lui-même de son propre petit tunnel, cette petite tache sombre qui s’agrandit, creuse son cerveau et sa mémoire, embrouille les données, crée des raccourcis.

Le roman s’ouvre sur la visite de l’ingénieur chez le neurologue à la suite d’une « petite » confusion : Zvi s’apprêtait à ramener chez lui, en lieu et place de son petit-fils, un autre enfant de la garderie. Tout est histoire de distraction : détourner une route, détourner son attention, ou plus exactement la porter ailleurs. Dans ce pays, les relations humaines sont à double tranchant. Ben-Zvi, un ancien président d’Israël dont le portrait trône dans l’ex-bureau de Zvi, en témoigne :

Une joie féroce, Sorj Chalandon (par Mélanie Talcott)

Ecrit par Mélanie Talcott , le Mardi, 10 Septembre 2019. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Une joie féroce, août 2019, 320 pages, 20,90 € . Ecrivain(s): Sorj Chalandon Edition: Grasset

 

Tout le monde l’aime, Jeanne… Sauf moi… Bénéficierait-elle de l’empathie éblouie de la plupart, lecteurs et critiques de cette Joie féroce de Sorj Chalandon, si elle n’était pas atteinte d’un cancer du sein ? La réponse est non. Qu’elle soit libraire est accessoire… Car avant qu’il ne lui soit diagnostiqué, elle se contentait, entre facilité, égoïsme, lâcheté et résignation – la pathologie humaine la plus banale qui soit – d’une vie aussi plate qu’une autoroute. D’une rectitude parfaite, sans surprise et sans amour, aux côtés d’un mari insipide. Une vie dont l’issue fatale était sans doute celle d’une vieillesse pépère confite dans un ennui mortel. Elle subissait, elle se soumettait. Fripée, sans féminité, sans séduction et sans passion. La perte de son jeune fils en fut certes l’une des causes, mais cependant pas suffisante pour l’avoir réveillée à elle-même. Il lui faudra sa propre maladie, « son crabe », cette « écharde mortelle » qu’elle dédramatisera en le nommant « camélia » pour que, non sans quelques frilosités embourgeoisées, elle troque sa vie, contre une autre, émaillée de protocoles thérapeutiques, de peurs et de douleurs, vécus par des milliers d’anonymes sans qu’ils en fassent une Joie féroce.