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Grasset

Les Éditions Grasset ont été successivement présidées par son fondateur, Bernard Grasset, et depuis 1955 par son neveu Bernard Privat. Parmi les premiers administrateurs figure Jean Vigneau. En1959, Grasset fusionne avec les Éditions Fasquelle, que dirigeait Jean-Claude Fasquelle depuis 1954. Il devient directeur général des éditions Grasset & Fasquelle en 1959, puis Président-directeur général en 1981. En 2000, il devient Président du conseil de surveillance et Olivier Nora lui succède en tant que Président du directoire.

Parmi les auteurs importants que Grasset a contribué à faire connaitre peuvent être cités Jean Giraudoux, ou plus récemment Pascal Quignard.

 


Le crépuscule de la démocratie, Nicolas Grimaldi

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Vendredi, 06 Juin 2014. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Le crépuscule de la démocratie, mai 2014, 160 pages, 11 € . Ecrivain(s): Nicolas Grimaldi Edition: Grasset

 

Philosophe et essayiste, auteur de L’Effervescence du vide, Les théorèmes du moi et Métamorphoses de l’amour, grand lecteur de Proust et de Descartes auxquels il a consacré de nombreux essais, Nicolas Grimaldi change de champ d’investigation et inaugure avec Le crépuscule de la démocratie un nouveau terrain et un nouvel angle d’attaque : celui de la politique.

La problématique de cet essai publié dans la petite collection blanche aux éditions Bernard Grasset pose la question suivante : La démocratie moderne serait-elle devenue une réalité trop fragile, et trop éloignée de ses propres principes, pour être confiée aux manipulateurs qui prétendent l’incarner ?

Le ton sarcastique parcourt la formulation de la question, mais le propos est ici celui d’une réflexion de fond, et l’objectif est de mieux comprendre l’état des lieux actuel de notre système démocratique.

La violette du Prater, Christopher Isherwood

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 05 Juin 2014. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman

La violette du Prater (The Prater Violet). Traduit de l’anglais par Léo Dilé. Grasset Cahiers rouges avril 2014. 150 p. 7,90 € . Ecrivain(s): Christopher Isherwood Edition: Grasset

 

Dans l’œuvre d’Isherwood, pourtant très fournie, il n’y a que des chefs-d’œuvre. Certes « Adieu à Berlin » y fait figure de sommet mais ce roman-ci est aussi l’œuvre d’un maître. Tout l’art d’Isherwood s’y retrouve, cette capacité à glisser sur la toile de fond sombre de l’histoire du XXème siècle pour se réfugier – et nous réfugier – dans le destin somme toute trivial de personnages romanesques.

Romanesque, comment l’être plus que la figure centrale de ce livre : Bergmann, metteur en scène de cinéma digne du personnage de Falstaff du grand Will. Enorme, baroque, génial, bruyant, agaçant, attachant ! Le narrateur, le jeune écrivain/scénariste « Isherwood », mais oui, en est tout ébouriffé mais fasciné surtout. Les quelques semaines partagées à travailler avec Bergmann à la réalisation d’un film, « la violette du Prater », seront pour lui un vrai parcours initiatique. Pas seulement au plan professionnel, mais surtout au plan humain.

Les scènes désopilantes se succèdent sous les yeux ébahis des collaborateurs du film et d’Isherwood.

La maquisarde, Nora Hamdi

Ecrit par Stéphane Bret , le Samedi, 31 Mai 2014. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

La maquisarde, mai 2014, 197 pages, 17 € . Ecrivain(s): Nora Hamdi Edition: Grasset

 

Peu de récits sont consacrés au rôle et à l’engagement des femmes dans les guerres, dans les mouvements de libération. Celui de Nora Hamdi, La maquisarde, a des chances de faire bonne figure dans cette catégorie. Dans ce texte, les étapes de l’engagement de la mère de Nora Hamdi sont retracées, explicitées. Nous sommes au début de la guerre d’Algérie en Kabylie, et Nora Hamdi situe d’emblée les injustices criantes dont sont victimes ceux qu’on appelle alors les « indigènes » : « Comme la plupart des enfants de mon entourage, je ne suis jamais allée à l’école. Elle n’existe pas pour les enfants de la région (…) L’école est pour les enfants de colons. Pas pour les Algériens ».

Ce qui motive la mère de Nora Hamdi, c’est également l’exemple de Déhbia, cette femme connue par l’intermédiaire de sa sœur Esma. Ce qu’elle admire chez cette femme, c’est sa pratique du métier d’aide-soignante, qui lui permet d’aider secrètement les maquisards du FLN, c’est aussi son sacrifice conjugal car son époux a rejoint le maquis et ne peut donc donner de nouvelles… Après avoir connu les camps d’internement dont elle parvient à s’évader, le choix de cette femme est irrémédiable, elle affrontera tous les risques :

Eloge de l’esquive, Olivier Guez

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 22 Mai 2014. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Eloge de l’esquive, mai 2014, 107 pages, 13 € . Ecrivain(s): Olivier Guez Edition: Grasset

 

« … dans l’imaginaire collectif, le Brésil est le football, le football, brésilien, et les dribbleurs, les héritiers de Garrincha, les étoiles filantes de ce football champagne, le futebol arte. Contrôle, feinte(s), provocation, jaillissement, percussion, au suivant, nouvelles ruses, simulation, le défenseur est dans le vent ».

Jaillissement de la littérature : les mots filent sur la page, les verbes rebondissent, les phrases se glissent entre les mains du lecteur, elles retrouvent leur liberté première, leur foisonnement, leur éclat, leur joie naturelle ombrée de nostalgie, leur histoire, c’est l’art du roman qui danse sur ses deux pieds.

Du pied droit pour commencer, dernière esquive de « l’ange aux jambes tordues », la plus noire, Mané Garrincha, « le dribbleur fou, le plus génial et le plus improbable de l’histoire » vient de mourir terrassé par l’alcool, paix à son âme, et paix à l’âme de tous les jongleurs brésiliens. Nous sommes en 1958, c’est-à-dire aujourd’hui, les dribbleurs de la Seleção mettent en musique la Coupe du monde, leur Coupe du Monde, Garrincha se glisse dans le costume de Charlie Parker et ses adversaires perdent la tête, ils n’ont jamais entendu ça, ils n’ont jamais vu ça, ils ne peuvent pas suivre cette révolution de l’esquive.

Narcisse et ses avatars, Yves Michaud

Ecrit par Arnaud Genon , le Mardi, 13 Mai 2014. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Narcisse et ses avatars, avril 2014, 208 pages, 17 € . Ecrivain(s): Yves Michaud Edition: Grasset

 

Décryptage du présent

Le monde actuel est en pleine mutation. Le constat est souvent fait et laisse place aux jugements divers, nostalgiques, passéistes, alarmistes pour la plupart. Notre époque est le lieu de déplacements, de « basculements », donc, mais peu nombreux sont ceux qui nous amènent à les comprendre ou mieux encore, à les penser.

Yves Michaud dans Narcisse et ses avatars est de ceux-là. Et son essai, qui prend la forme d’un abécédaire en vingt-six rubriques – parmi lesquelles avatar, liberté, people, sexe, YouTube, zapping… – est en ce sens salutaire : il nous donne à saisir le présent dans la multiplicité de ses entrées. Pas de système ici, mais un réseau qui donne corps et cohérence à cet aujourd’hui qui nous échappe parfois et que l’auteur relie à cet hier auquel nous nous raccrochons : « Pour marquer ces déplacements, j’ai indiqué en ouverture de chaque rubrique quel mot ancien nous aurions employé, il n’y a pas si longtemps, pour parler de quelque chose d’approchant ». Ainsi, « Kit remplace corps » et « Urgence remplace temps ».