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Grasset

Les Éditions Grasset ont été successivement présidées par son fondateur, Bernard Grasset, et depuis 1955 par son neveu Bernard Privat. Parmi les premiers administrateurs figure Jean Vigneau. En1959, Grasset fusionne avec les Éditions Fasquelle, que dirigeait Jean-Claude Fasquelle depuis 1954. Il devient directeur général des éditions Grasset & Fasquelle en 1959, puis Président-directeur général en 1981. En 2000, il devient Président du conseil de surveillance et Olivier Nora lui succède en tant que Président du directoire.

Parmi les auteurs importants que Grasset a contribué à faire connaitre peuvent être cités Jean Giraudoux, ou plus récemment Pascal Quignard.

 


Les poètes morts n'écrivent pas de romans policiers, Bjorn Larsson

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 21 Février 2013. , dans Grasset, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Pays nordiques, Roman

Les poètes morts n’écrivent pas de romans policiers, traduit du suédois par Philippe Bouquet, 2012, 491 p. 22 € . Ecrivain(s): Björn Larsson Edition: Grasset

 

Il y a ordinairement autant de distance entre le roman policier et la poésie qu’entre le jeune Werther et Hercule Poirot… bien qu’il existe des lecteurs prisant tout autant chacun de ces deux genres.

Björn Larsson a osé réunir dans un même livre poésie, crime, enquête policière, réflexions sur la poésie…

Le héros : Jan Y Nilsson est un poète, un vrai, de ceux pour qui l’écriture poétique est « une vocation à laquelle on [voue] son existence, sans considération de modes ni de tendances ».

Et voici qu’il se met, le traître, sur commande de son éditeur, à écrire… un roman policier !

Et voilà qu’il se permet de mourir quelques heures à peine avant d’apprendre par ce même éditeur que son roman sera un best-seller et lui rapportera des millions d’euros par contrats signés sur épreuves avant même qu’en soit écrit le dernier chapitre…

Tout contre Sainte-Beuve, Donatien Grau

Ecrit par Arnaud Genon , le Vendredi, 15 Février 2013. , dans Grasset, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Tout contre Sainte-Beuve. L’Inspiration retrouvée, coll. Figures, janvier 2013, 408 pages, 24 € . Ecrivain(s): Donatien Grau Edition: Grasset

 

Du côté de chez « Moi »

 

Le « moi », quels que soient les détours qu’il emprunte, a envahi la littérature française contemporaine, nous dit Donatien Grau. Certes, indéniablement, il est omniprésent. C’est désormais convenu. On s’accorde de même avec lui pour dire que dans cette ego-littérature, on trouve le meilleur et le pire… Mais là n’est pas la question.

Dans son introduction au présent essai, l’auteur s’intéresse à la raison de cette effervescence actuelle : à l’heure de la mondialisation où l’individu se noie dans la masse, « le combat, ou l’un des combats proprement politiques de la littérature contemporaine consiste à préserver au Moi le droit et la capacité à exister ». Cependant, paradoxalement, le « moi » n’est pas pensé aujourd’hui. C’est donc en soumettant à l’examen celui que Donatien Grau considère comme le modèle de cette écriture de soi autofictionnelle, Marcel Proust, plus précisément dans sa relation et son inimitié apparente avec Sainte-Beuve, que cette réflexion est possible.

Entre père et fils. Lettres de famille, V. S. Naipaul

Ecrit par Theo Ananissoh , le Vendredi, 07 Décembre 2012. , dans Grasset, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Correspondance

Entre père et fils. Lettres de famille, traduit de l’anglais Suzanne Mayoux, novembre 2012, 486 p. 22,90 € . Ecrivain(s): V. S. Naipaul Edition: Grasset

 

« L’homme ne s’improvise pas », a dit Ernest Renan ; un grand écrivain certainement encore moins si l’on peut dire. C’est ce que démontre Entre père et fils, le recueil des lettres que V. S. Naipaul a échangées avec son père (et sa sœur aînée) essentiellement entre 1950 et 1953. Ces trois années sont à la fois les dernières de la vie du père et celles qu’a passées à Oxford le futur prix Nobel de littérature. On frémit presque à l’idée que ces lettres, au dire de Naipaul lui-même dans la préface, auraient pu être égarées au cours des multiples déménagements dus aux conditions de vie longtemps précaires des correspondants. C’est que, par la qualité d’écriture, des sentiments et des informations qu’elles présentent, ces lettres complètent d’une manière nécessaire toute l’œuvre de V. S. Naipaul. Ces écrits d’un père qui meurt à moins de cinquante ans et d’un fils qui a autour de vingt ans évacuent les malentendus tenaces et même les détestations que valent à l’écrivain tout à la fois d’indéniables provocations de sa part et le malaise que suscite son regard fermement critique. Ils sont publiés à propos (par son agent littéraire), en fin de carrière, comme une conclusion qui rappelle qu’une promesse a été magnifiquement tenue.

Un héros, Félicité Herzog

Ecrit par Lionel Bedin , le Mardi, 02 Octobre 2012. , dans Grasset, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Un héros, août 2012, 302 pages, 18 € . Ecrivain(s): Félicité Herzog Edition: Grasset

Qu’est-ce qu’un héros ? n’est pas la question centrale de ce livre, de ce « roman » puisqu’il porte cette mention. Les deux interrogations principales sont plutôt : peut-on tout accepter d’un « héros », y compris la destruction de sa propre famille ? Et qu’apporte le « roman » à une histoire qui aurait pu être écrite sous la forme d’un journal ou de souvenirs ? Félicité Herzog est née en 1968. Son père est un héros. Sa mère descend d’une illustre famille française. Une histoire normale, banale. Non. Quand on lui dit « tu as la chance d’avoir un père comme le tien » Félicité garde le silence. Elle le gardera longtemps.

« Je ne sais pas si c’était le signe d’une réelle inconscience du mal ou celui d’une grande perversité mais je devinais que l’éclat de son sourire légendaire cachait des reflets plus sombres et qu’il n’était pas l’homme qu’il prétendait ».

La mère est issue d’une grande famille industrielle, noble. Elle se débat entre la révolte contre son milieu et ses amants. Les grands-parents, qui s’occupent souvent des deux enfants du couple bientôt séparé (car « rien de mon père et de ma mère ne se mariera réellement »), ont quelques habitudes un peu « anciennes, surtout celle de ne rien voir, rien dire, rien savoir ». Les apparences… Et comment faire quand « tout projet doit être apprécié à l’aune de l’exploit de l’Annapurna ou de la grandeur des Schneider » ? Car le père – Maurice Herzog – est bien le protagoniste principal.

Les désarçonnés, Pascal Quignard

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 12 Septembre 2012. , dans Grasset, Les Livres, Recensions, Essais, La Une Livres, Récits, La rentrée littéraire

Les désarçonnés, 12 septembre 2012. 20 € . Ecrivain(s): Pascal Quignard Edition: Grasset

 

Comme d’habitude, la dernière œuvre en date de Pascal Quignard, Les Désarçonnés, va en désarçonner plus d’un. Et tant pis pour ceux qui tomberont de la monture ! Il s’agit de l’opus VII du cycle Dernier Royaume, ouvert en 2002 par « les Ombres errantes » couronné alors du Goncourt.

Quignard poursuit sa quête du sens possible – des sens possibles – de l’invraisemblable monde des hommes. A la manière des Anciens. Une manière inimitable qui mêle à la pure réflexion philosophique une culture classique impressionnante et surtout une écriture impeccable, ordonnée comme un langage en soi, comme un à-part-la-langue. C’est cette tresse énonciative qui élabore, livre après livre, une musique unique, fascinante, celle de Quignard dont on connaît la passion pour la Folia et ses phrases éternellement les mêmes, éternellement autres. Opus VII dit-on, très justement. Variations sur les thèmes de la guerre, de la violence, de la faim, du pouvoir, de la décomposition morbide et du sexe bien sûr, de la différence sexuelle et de sa syntaxe, qui est au fond la grande affaire de Quignard.