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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


La Pierre et l’ombre, Burhan Sönmez (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 20 Mars 2024. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman

La Pierre et l’ombre, Burhan Sönmez, Gallimard, Coll. Du monde entier, novembre 2023, trad. turc, Julien Lapeyre de Cabanes, 420 pages, 25 € . Ecrivain(s): Burhan Sönmez Edition: Gallimard

 

Il est très rare que l’on se promette de relire un livre avant même de l’avoir terminé, pour en saisir toutes les beautés. C’est pourtant le cas ici. Établir des hiérarchies dans l’œuvre d’un écrivain est toujours un exercice délicat, surtout quand cette œuvre n’est probablement pas achevée. Ce nouveau roman de Burhan Sönmez, traduit (excellement) en français après Maudit soit l’espoir (2018) et Labyrinthe (2020) est le meilleur. Sönmez y entrelace avec une virtuosité inégalée et – on osera le mot – avec génie, les thèmes de ses romans précédents : la mémoire, l’oubli, la prison, « the still sad music of humanity » et, bien entendu, Istanbul, qui n’est pas seulement un décor, une toile de fond, mais quasiment un personnage à part entière.

Panorama, Lilia Hassaine (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 20 Mars 2024. , dans Gallimard, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

Panorama, Lilia Hassaine, Gallimard, Coll. Blanche, 2023, 240 pages, 20 € Edition: Gallimard

 

Livre d’enquête, ce troisième roman de l’auteure nous plonge dans les années 2050.

Hélène, commissaire à la retraite, est amenée à enquêter sur une triple disparition : un couple et leur enfant.

Or, les disparitions sont devenues rarissimes parce que la société française est à plus d’un sens transparente. Les maisons, les bâtiments publics sont sans cesse traversés du regard : leur matériau de construction essentiel est le verre. Rien n’échappe à la « vigilance » des voisins et autorités. Les habitants, répartis en quartiers plus ou moins riches, se surveillent et les mœurs et coutumes se sont adaptés.

Comme toutes les maisons-vivariums la maison des Royer-Dumas est un bloc translucide, de plain-pied, aux pièces séparées par des cloisons de verre. L’hiver, les baies vitrées conservent la chaleur du soleil. L’été, les toits deviennent opaques et s’ouvrent à la fraîcheur de la nuit (p.32).

Stupeur, Zeruya Shalev (par Mona) 1ère partie

Ecrit par Mona , le Mercredi, 13 Mars 2024. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, En Vitrine, Israël, Cette semaine

Stupeur, Zeruya Shalev, Gallimard, juin 2023, trad. hébreu, Laurence Sendrowicz, 364 pages, 23,50 € . Ecrivain(s): Zeruya Shalev Edition: Gallimard

 

Stupeur, le titre du dernier roman de l’écrivaine israélienne Zeruya Shalev, publié quelques mois avant les attaques du 7 octobre, résonne involontairement avec l’actualité tragique. Son sixième livre traduit en français, l’un de ses plus denses, fruit d’un travail de six années, met en scène deux femmes de deux générations différentes, à l’idéologie et au caractère opposés, victimes de non-dits familiaux. Dans un précédent roman, Douleur, inspiré d’un attentat-suicide dont elle avait été victime à Jérusalem, l’auteure traitait déjà d’un passé douloureux venant hanter les protagonistes.

Atara, jeune femme moderne et sans tabous, se trouve frappée de stupeur quand sur son lit de mort, son père, Menahem dit Mano, l’appelle d’un prénom inconnu, Rachel, et lui fait une déclaration d’amour inspirée du Cantique des Cantiques.

Le Murmure, Christian Bobin (par Marc Wetzel)

Ecrit par Marc Wetzel , le Mardi, 12 Mars 2024. , dans Gallimard, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Le Murmure, Christian Bobin, Gallimard, février 2024, 142 pages, 17 €

 

"Le vol magique des étourneaux, seconds violons du ciel. Quand ils rencontrent un obstacle - comme d'un roc qui dépasse d'une rivière -, ils scindent en deux cette masse de grâce sans se heurter, vite recomposent leur amitié après le franchissement de l'épreuve. Cette passe s'appelle "le murmure" (p.127)

 

Christian Bobin, été 22 donc, va mourir rapidement, et il le sait. Il a commencé quelques semaines auparavant un livre (sur ce que peut la musique – par l’évocation fervente du pianiste Grigory Sokolov –, et peut-être déjà sur ce qu’aura pu la sienne – sur ce qu’aura eu de contagieux la musique d’un regard qu’est sa poésie), et paraît convenir, avec la maladie révélée (tout de suite terrible) la sorte de contrat suivant : elle termine l’auteur, mais elle lui laisse terminer son livre. C’est à prendre et à laisser, se disent-ils : elle le prend, mais le laisse comprendre.

Le fruit le plus rare, ou La vie d’Edmond Albius, Gaëlle Bélem (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 01 Février 2024. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Afrique, Roman

Le fruit le plus rare, ou La vie d’Edmond Albius, Gaëlle Bélem, Gallimard, août 2023, 256 pages, 20 € Edition: Gallimard

Gaëlle Belem, écrivaine réunionnaise inspirée nous transporte dans le contexte quotidien de cette île intense de l’Océan Indien au XIXe siècle en reconstituant, de sa naissance en 1829 à sa mort en 1880, la vie mouvementée, bouleversée et bouleversante, d’un des plus célèbres esclaves noirs de l’histoire coloniale française, le génial inventeur de la pollinisation manuelle de la fleur du vanillier, Edmond Albius.

Orphelin dès sa naissance de parents esclaves qu’il ne connaîtra donc jamais, le négrillon est, chose en soi exceptionnelle, adopté par son maître, Ferréol Beaumont, veuf, âgé de trente-sept ans, propriétaire de la plantation et des dizaines d’esclaves y faisant partie des meubles.

Ferréol, piètre exploitant de sa plantation sise à Sainte-Suzanne, se passionne pour la botanique, passe le plus clair de son temps à entretenir un espace entièrement dévolu à la fascination qu’il éprouve pour les orchidées et, depuis qu’il a eu connaissance de la découverte de la vanille en Amérique, est obsédé par le mystère, que personne n’a encore pu percer, de la fécondation de cette merveille, dont la production de gousses parfumées, ce « fruit le plus rare », pourrait faire sa fortune, celle de son île, voire celle de son pays.