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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Grand Union, Zadie Smith (par Ivanne Rialland)

Ecrit par Ivanne Rialland , le Mardi, 24 Août 2021. , dans Gallimard, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Iles britanniques, Nouvelles

Grand Union, Zadie Smith, mars 2021, trad. anglais, Laetitia Devaux, 284 pages, 21 € Edition: Gallimard

 

Ce premier recueil de nouvelles de Zadie Smith regroupe des textes parus pour certains dans le New Yorker ou The Paris Review. Tous, même les plus fantaisistes, sont en prise avec l’actualité, et laissent lire un net engagement politique, par le choix des personnages, des thèmes, des points de vue : femmes noires méditant sur leur vie, transsexuel essayant un corset, retour sur le meurtre, à Londres, en 1959, de Kelso Cochrane par de jeunes blancs.

Le recueil frappe par la variété des genres et des formes narratives. Certains textes sont des manières de fables ou de contes moraux, comme La rivière paresseuse, brève satire du mode de vie occidental, ou Situation de blocage, qui met en scène de façon amusée le Créateur. L’un des textes les plus forts est Deux hommes arrivent dans un village, qui relate le viol de l’ensemble des filles d’un village dans un style travaillé par l’oralité et la poésie des légendes. L’horreur de la situation en est certes ainsi estompée – ce n’est pas le reportage que vise Zadie Smith – mais c’est pour faire apparaître la question, morale, du sens de ces viols, de la construction de leur sens à travers le récit : le récit du violeur, refusé par la femme du chef, celui que tisse Zadie Smith à la première personne du pluriel, englobant le lecteur, la lectrice, dans un nous féminin.

Requiem pour une République, Thomas Cantaloube / Frakas, Thomas Cantaloube (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 06 Juillet 2021. , dans Gallimard, Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, Roman

Edition: Gallimard

Requiem pour une République, Thomas Cantaloube, Folio Policier, avril 2021, 544 pages, 9,20 €

Frakas, Thomas Cantaloube, Gallimard Série Noire, avril 2021, 420 pages, 19 €

 

Requiem pour une République et Frakas ont pour point commun d’être deux romans policiers historiques se déroulant au début de la Ve République. Le premier couvre la période de septembre 1959 à avril 1962, le second de mai 1962 à août 1962. La première période est celle de la décolonisation algérienne, la seconde, celle de la guerre du Cameroun et le début de la « Françafrique ». Les deux ouvrages ont pour trait commun d’emprunter à la réalité sur fond de fiction pour mieux faire comprendre les enjeux politiques et mercantiles ainsi que le climat et les évènements de ces époques. Ainsi trouve-t-on, par exemple, parmi les héros récurrents des deux volumes, Luc Blanchard, Sirius Volkstrom, Antoine Carrega, des silhouettes de personnes connues qui passent en arrière-plan, telles celles du préfet Papon, du sénateur Mitterrand, de Marcantoni, de Charles Pasqua, de Jean-Marie le Pen, de Jean-Pierre Melville, ou bien celle de Gaston Deferre.

Le peuple de Manet, Marc Pautrel (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Jeudi, 24 Juin 2021. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Le peuple de Manet, juin 2021, 176 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Marc Pautrel Edition: Gallimard

 

« Il a vu des morts, il va montrer des vivants, il n’a pas pu sauver ceux-là, il va rendre éternels les autres, tous les corps glorieux qu’il croisera, les humains et leurs visages, parfois même les perroquets ou les chiens, et jusqu’aux fleurs, les pivoines, les roses, l’hibiscus dans les cheveux d’une femme offerte, les violettes, les lilas, les tulipes, les œillets et les clématites dans leurs vases de cristal. La vraie vie vécue dans l’étendue du Temps ».

Manet est au cœur de la mitraille ce 4 décembre 1851, Paris se révolte, c’est là dans les rues que le peintre apprend à voir sur le motif. Il voit des corps, du sang, les barricades, la charge des dragons, l’œil est dans sa main, et sa main dessine, c’est sa manière de se mêler à la révolte. Vingt ans plus tard, c’est la Commune, Manet est loin de Paris, il y revient à la fin de la « Semaine sanglante », une nouvelle fois, c’est la mort, les larmes et les fusillés : contraire exact de l’Art, et donc contraire à la vie.

Ce n’était que la peste, Ludmila Oulitskaïa (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Jeudi, 24 Juin 2021. , dans Gallimard, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Russie, Roman

Ce n’était que la peste, avril 2021, trad. russe, Sophie Benech, 138 pages, 14 € . Ecrivain(s): Ludmila Oulitskaïa Edition: Gallimard

 

Ce fut un accident idiot – comme au fond ils le sont tous. Un biologiste travaillant dans un institut de recherches à Saratov, sur des souches de la peste pulmonaire, reçoit en pleine nuit, alors qu’il est dans son laboratoire, un appel téléphonique lui enjoignant de se rendre sans délai à Moscou. Dans l’Union soviétique de Staline, ce n’est pas le genre de convocation qui fait plaisir, et pas seulement parce que cela représente un voyage aller-retour de mille cinq cents kilomètres. Dans la précipitation, le chercheur ne rajuste pas son masque correctement et, sans le savoir ni le vouloir, il emporte ainsi la peste dans le train, puis dans la capitale, à son hôtel et à l’hôpital où son état le conduira. Il sera le premier à mourir, mais pas le seul. En 1720, la peste fit disparaître entre 30.000 et 40.000 personnes, la moitié de la population marseillaise. Moscou comptait en 1939 plus de quatre millions d’habitants…

Vols au crépuscule, Helen Macdonald (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 21 Juin 2021. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Récits

Vols au crépuscule, Helen Macdonald, avril 2021, trad. anglais, Sarah Gurcel, 352 pages, 23 € Edition: Gallimard

 

Pour les oiseaux.

On se souvient de ce beau conseil donné par Gustave Flaubert à l’un de ses correspondants : « Pour qu’une chose soit intéressante, il suffit de la regarder longtemps » (lettre à Alfred Le Poittevin, septembre 1845). Conseil valable pour l’artiste en général, le peintre, le romancier ou le poète en particulier, mais suggestion avisée également pour tout naturaliste ou amateur éclairé de la faune sauvage. En lisant le livre d’Helen Macdonald, Vols au crépuscule, une suite d’essais sur le monde animal, on découvre l’importance de cette patience du regard, de la lenteur et de l’attention rigoureuse pour qui veut saisir le monde animal. « Il faut se donner le temps de regarder » écrit l’auteure. La beauté de celles qu’on appelle les bêtes et surtout des oiseaux se révèle à qui sait scruter le ciel et attendre. Il faut un œil apte à contempler et qui sache regarder longtemps et prendre son temps.