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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Le regard inconnu, Silvia Baron Supervielle (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mardi, 05 Janvier 2021. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie

Le regard inconnu, octobre 2020, 110 pages, 12 € . Ecrivain(s): Silvia Baron Supervielle Edition: Gallimard

 

Une femme à sa fenêtre

Ecrire n’est venu à l’esprit de celle qui était encore adolescente que progressivement : « J’écrivais des poèmes et des contes en espagnol, mais je ne pensais pas sérieusement à écrire ». C’est même après son arrivée en France que tout commence réellement et ce, au moment où elle passe de sa langue maternelle au français : « J’ai pas mal tardé à changer de langue. Pour faire plaisir à mes amis, qui voulaient lire quelque chose de moi, je me suis mise à écrire en français. Ça m’a beaucoup plu, je voyais les choses d’une autre façon ».

Le passage d’une langue à l’autre en effet n’est jamais de l’ordre du simple transfert mais de l’infusion. Et l’auteure dans sa nouvelle langue donne à sa langue de jeu un caractère moins baroque. Cela resserre sa pensée là où comme chez Beckett s’instruit un travail d’économie lexicale et aussi de solitude essentielle que fomente l’exil. Toutefois il n’exclut pas l’autre mais l’appelle.

Le Bois, Jeroen Brouwers (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 04 Janvier 2021. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Roman

Le Bois, Jeroen Brouwers, octobre 2020, trad. néerlandais Bertrand Abraham, 352 pages, 22 € Edition: Gallimard

 

Du ressentiment au couvent

Il faut imaginer un lieu au nord de l’Europe, une région au parler rugueux, à l’atmosphère brumeuse ou neigeuse. Il faut imaginer encore un lieu quelque peu perdu, une petite ville minière, tout près de la frontière allemande dans le Limbourg, province catholique dans la Hollande protestante. Il faut imaginer également une époque, celle des années 50, au sortir de la guerre, engoncée dans ses conventions, son conformisme et ses préjugés. Et dans ce cadre spatio-temporel, il faut enfin imaginer un pensionnat de garçons, tenu par des franciscains, un ordre monacal qu’on appelle des « frères mineurs » ou encore un « ordre mendiant ».

A tous ceux qui ont connu l’expérience du réfectoire, des salles d’études ou du dortoir en internat ou la promiscuité d’une chambrée, ce livre de Jeroen Brouwers rappellera quelques souvenirs, bons ou mauvais, traumatiques peut-être. Des récits de collège abondent dans la littérature (Musil, Vallès, Montherlant, pour les classiques), à croire que ces lieux de confinement accentuent les tensions humaines et exacerbent désirs et passions, mais ce récit du romancier hollandais dénote particulièrement par la noirceur du ton.

Fin de saison, Thomas Vinau (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 16 Décembre 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Fin de saison, octobre 2020, 192 pages, 16 € . Ecrivain(s): Thomas Vinau Edition: Gallimard

 

« Pas le temps de dire ouf et le monde a vrillé. Je me suis dit : Holà on va se prendre un sacré orage de fin de saison. Je croyais pas si bien dire. Petit caillou gris dans la prairie, c’est mon nom d’Indien. Les vitres tremblaient, les volets claquaient. Le crépi ocre des résidences se parsemait de taches brunes. C’était les oiseaux fracassés contre les murs ».

Victor, c’est son nom, le narrateur de Fin de saison est face à une catastrophe, une fin du monde qui renverse sa vie. Les murs tremblent, tout se déchire, la chute est inévitable. Alors armé de tout ce qu’un survivaliste doit posséder, il se réfugie dans la cave de sa maison avec son masque et sa combinaison de protection, son sac de survie, ses pilules, quelques accessoires entassés dans un Catakit, sorte de kit de survie quand une catastrophe surgit, en compagnie de son chien et de son lapin. Vendredi est dans son île avec son chien et son lapin, et s’attend au pire. Amateur de Science-Fiction, lecteur de Victor Hugo – Sacrées histoires et sacrée vie – et de Bukowski – Il faisait 17 degrés et il ne restait pas grand-chose du monde –, il se prépare à un long voyage qui ne finirait jamais, tout droit vers la fin du monde, en se souvenant des aventures de Mike Horn et à ses challenges de déglingo.

Secret défense, Hervé Temime (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Jeudi, 03 Décembre 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Secret défense, Hervé Temime, septembre 2020, 192 pages, 18 € Edition: Gallimard

 

Hervé Temime : éloge du secret et de l’ambiguïté

Hervé Temime s’est intéressé très jeune à la vie judiciaire. S’y engageant, il eut comme modèle Emile Pollak, « avocat inclassable » et défenseur entre autres de Pierre Goldman.

L’avocat pénaliste est qualifié comme avocat des riches et des stars – ce qui est réducteur et un peu court ? Et ici il explique ce qu’il en est de son travail. Il ne cherche pas à tout connaître de ses clients : il se positionne par rapport à ce qu’ils font et ce que dit leur dossier. Mais il sait éventuellement faire juste pression sur eux par la communication qu’il entretient, afin de leur arracher certaines postures impossibles à tenir lorsque les dés sont pipés pour et par eux. Ce qui parfois est impossible et l’a entraîné quelquefois à quitter une affaire.

La vie ordinaire, Adèle Van Reeth (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Jeudi, 03 Décembre 2020. , dans Gallimard, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

La vie ordinaire, Adèle Van Reeth, Gallimard, juin 2020, 187 pages, 16 €

 

« Pourquoi la vie possible est-elle plus séduisante que la vie ordinaire ? »

A mi-chemin entre le récit et l’essai, Adèle Van Reeth nous invite à poser un regard philosophique sur nos vies ordinaires, sur cette banalité du quotidien qui à la fois nous rassure et nous agace. L’ordinaire, cet étrange malaise nommé par Baudelaire « Anywhere out the world », ou encore ce sentiment visqueux si bien décrit dans La Nausée de Sartre, A. Van Reeth le confronte à la lumière de la philosophie américaine que l’on connaît peu en France. Ce livre est la possibilité d’une rare et délicieuse rencontre avec des philosophes américains atypiques et novateurs comme Ralph Waldo Emerson, Stanley Cavell, et Henry David Thoreau.

Le tête-à-tête chaleureux autour de sushis ordinaires entre Adèle Van Reeth et le philosophe Stanley Cavell rappelle l’ambiance loufoque des rencontres imaginées par Roland Jaccard dans Le Cimetière de la morale (PUF, 1995). Ces ambiances de cafés ou d’hôtels où le temps semble s’être arrêté pour laisser place à une discussion avec les plus grands esprits des siècles passés.