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Folio (Gallimard)

Collection de poche des éditions Gallimard

 


La Grande Guerre des écrivains d’Apollinaire à Zweig, Antoine Compagnon

Ecrit par Martine L. Petauton , le Jeudi, 18 Septembre 2014. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Histoire

La Grande Guerre des écrivains d’Apollinaire à Zweig, mai 2014, 840 p. 10,60 € . Ecrivain(s): Antoine Compagnon Edition: Folio (Gallimard)

 

« Il vient une odeur de genièvre

Des forêts que ravage le feu

Les femmes gémissent sur leurs fils

On entend pleurer dans les villages les veuves »

Anna Akhmatova, Juillet 14, dans Troupe Blanche, 1917

Et tout le reste est Histoire, pourrait-on dire en sortant, sonné, admiratif, de cette somme-anthologie unique en son genre. Plus d’un an de rédaction a été nécessaire pour accoucher de ce livre, et combien d’heures pour sa gestation ? C’est à une montagne que s’est attaqué Antoine Compagnon, ici, en partant de lui-même ; ses deux grands-pères poilus, « ses » veuves et son histoire intime, pour traverser toute la guerre, d’écrivain en écrivain et nous fournir (un petit livre savant en soi) une fondamentale préface et un récit de sa méthode de travail. Cet Anapurna a été vaincu ;

La tante d’Amérique, Leonardo Sciascia

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 19 Juin 2014. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Italie

La tante d’Amérique. Traduit de l'italien par Mario Fusco mars 2014. 85 p. 2€ . Ecrivain(s): Leonardo Sciascia Edition: Folio (Gallimard)

 

 

Avertissement au lecteur : ce tout petit livre est un pur moment littéraire ! Tout l’art de Leonardo Sciascia se retrouve condensé dans ce court récit de l’arrivée des troupes américaines dans un petit village italien. C’est à la fois un exemple limpide de l’écriture fluide et lumineuse de Sciascia – celle qui nous éblouissait dans le conseil d’Egypte ou Le Contexte – et un morceau savoureux de comédie italienne à la Vittorio de Sica ou Mario Monicelli, avec ses personnages déjantés, immoraux, bruyants, hypocrites, lâches et, finalement, furieusement attachants.

A commencer par le jeune narrateur, gamin type des rues villageoises du sud de l’Italie : dégourdi, un peu voyou, malin, qui adore repérer les imbéciles et les harceler. Sa rencontre avec les Gis est un vrai choc de civilisations !

Rue des Syriens, Raphaël Confiant

Ecrit par Patryck Froissart , le Samedi, 19 Avril 2014. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Rue des Syriens, Octobre 2013 (pour lm'édition Folio) 384 pages . Ecrivain(s): Raphaël Confiant Edition: Folio (Gallimard)

 

Chaque roman de Raphaël Confiant constitue un menu des plus goûteux.

Truculence et succulence sont deux termes qui s’imposent, une fois de plus, au lecteur amené à savourer celui-ci.

Car c’est bien de langue qu’il s’agit d’abord. De cette langue pimentée que Confiant manie d’une façon inimitable, de cette langue qui est celle de son peuple, de son île, de son pays, de cette langue qu’il partage et dont il revendique fièrement l’héritage, de cette langue qu’il s’approprie, qu’il pétrit, qu’il métisse, qu’il assaisonne de condiments culturels d’origines diverses, qu’il fait sienne, et qui se révèle sous sa plume une langue au goût exquis, une langue qui fait saliver de plaisir, une langue de grande et belle littérature.

Et puis il y a l’histoire.

Clair de femme, Romain Gary

Ecrit par Sophie Galabru , le Vendredi, 11 Avril 2014. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Clair de femme, 180 p. 7,90 € . Ecrivain(s): Romain Gary Edition: Folio (Gallimard)

 

Le désespoir c’est n’avoir plus foi en rien, même en ses « incroyances ». C’est ainsi que nous pourrions donner la note de Clair de femme, à partir de laquelle se décline un véritable hymne à la vie envers et contre tout. Le livre porte très haut ce ton si particulier à Gary, du désespoir heureux, loin du cynisme et de l’ironie de ceux encore trop attachés à leurs illusions. Le désespoir sans gravité ni aigreur, celui qui n’est que la vie qu’on porte malgré soi.

Et parce qu’il y a d’innombrables vies, il y a autant de façons de vivre son désespoir. Il y a la possibilité du pathétique, à l’image de Señor Galba que rencontre le narrateur, Michel, dès le début du livre, pauvre clown dresseur, si fier de son caniche teint en rose à qui il apprend à danser un sublime paso-doble avec un chimpanzé « un numéro mondialement connu. Des années d’efforts… L’œuvre d’une vie ». L’humour immanquable de Gary, au creux des délires, des croyances, et des petits combats toujours un peu minables face à l’imperturbabilité de la vie, de ses forces obscures, anonymes, sans égard pour chacun.

Amok, Stefan Zweig

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 29 Janvier 2014. , dans Folio (Gallimard), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Nouvelles

Amok, septembre 2013, traduit de l’allemand Bernard Lortholary, présentation et notes de Jean-Pierre Lefebvre, 140 p. 3,50 € . Ecrivain(s): Stefan Zweig Edition: Folio (Gallimard)

 

Confession d’un désespéré, cette nouvelle de Zweig parue en 1922 plonge le lecteur dans les sombres abysses du remords et de la folie.

Le temps de l’écriture s’inscrit dans le contexte trouble et perturbé des grands bouleversements sociaux et moraux de l’immédiate après-guerre, du rayonnement des thèses de Freud, dont Zweig est un admirateur inconditionnel et avec qui il échangera pendant plus de trente ans une copieuse correspondance, et des questions posées par le surréalisme sur la relation entre le rêve et la réalité, entre le conscient et l’inconscient dans la création littéraire.

Le temps du récit est antérieur, son dénouement étant précisément daté de mars 1912.

L’espace du récit cadre est clos. Nous sommes sur un paquebot, l’Oceania, où le narrateur premier, homodiégétique selon la classification de Genette, reçoit la confession, découpée comme un feuilleton, racontée en plusieurs nuits dans l’obscurité déserte et fantomatique du pont d’avant, du narrateur second, un médecin colonial en fuite tentant de regagner clandestinement son Europe natale.