Identification

Editions Noir sur Blanc

 

Noir sur Blanc est une maison d'édition francophone suisse qui fait partie du Groupe Libella.

Elle a été fondée en 1987 à Montricher, Suisse, par Jan Michalski et Vera Michalski-Hoffmann. À l'origine, la maison était spécialisée dans l'édition en français de textes polonais et russes. Depuis quelques années, elle s'est ouverte à d'autres littératures, notamment à la littérature balkanique, celles des pays baltes, d'Asie ou d'Amérique du sud.

 

Les frères Henkin Photographies Berlin-Leningrad, année 1930, Collectif (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 27 Novembre 2019. , dans Editions Noir sur Blanc, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, Histoire

Les frères Henkin Photographies Berlin-Leningrad, année 1930, Collectif, Les éditions Noir sur Blanc, octobre 2019, préface Gueorgui Pinkhassov, 288 pages, 42 € Edition: Editions Noir sur Blanc

 

Oubli et Modernité

Les photographes Yakov (1903-1941) et Evgeny (1900-1938) Henkin sont nés tous deux dans une famille juive aisée en Russie. Daniel Girardin a sélectionné cent quatre-vingts de leurs photographies, parmi quelques « sept mille clichés ». Les explications des arrière-petits-enfants Henkin jettent un éclairage sur les archives familiales du XIXe siècle et du début du XXe siècle en Russie et en Allemagne. Tout d’abord, sur la racialisation des ashkénazes et les obligations promulguées par l’Empire russe – plutôt, la discrimination à leur encontre. La famille Henkin a donc été assignée à vivre dans la région du Don, « zone de résidence » des juifs. En 2013, le « Centre des noms retrouvés de la Bibliothèque nationale de Russie » mentionne en quelques lignes l’exécution d’Evgeny, accusé d’espionnage et torturé, ainsi que des milliers d’autres, cadavres jetés dans des fosses communes. Yakov, par un tragique hasard, est décédé au même âge qu’Evgeny, à 38 ans.

Chaplin Personal 1952-1973, Yves Debraine (par Fanny Guyomard)

Ecrit par Fanny Guyomard , le Mercredi, 05 Juin 2019. , dans Editions Noir sur Blanc, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts

Chaplin Personal 1952-1973, février 2019, 144 pages, 110 photographies, 29 € . Ecrivain(s): Yves Debraine Edition: Editions Noir sur Blanc

« Charlie Personal », mais pas Charlie « intime ». Car il y a un peu de mise en scène, dans ces photos saisies par le consentement de l’artiste.

Le feu photographe et reporter Yves Debraine a capturé des milliers de photos du grand cinéaste, après son départ des Etats-Unis en 1953, et jusqu’à sa mort en 1977. De ces deux décennies, une centaine de photographies argentique ont été retenues, certaines déjà connues, d’autres jamais encore publiées.

Tout commence avec la croustillante – ou plutôt fondante – anecdote du poulet à la crème. C’est en conseillant un restaurant servant ce plat au couple Chaplin fraîchement débarqué sur le sol suisse qu’Yves Debraine noue le premier contact. La suite, elle se fera en photo, le jeune français étant reconnu comme le photographe attitré de la famille.

Car plus qu’un hommage au « roi de l’expressivité », c’est un ouvrage sur Chaplin père, avec sa femme Oona O’Neill et leur ribambelle d’enfants. On aime les cartes de vœux à Noël, mises en scène par le cinéaste. On aime aussi lorsque le père fait le clown, imité par ses rejetons. A côté des sorties officielles, on nous donne à voir Chaplin à son bureau, ou le maladroit skieur… Ses sautes d’humeur restent, elles, cantonnées à des anecdotes écrites.

Un tramway long comme la vie, Vladimir Maramzine (par Fanny Guyomard)

Ecrit par Fanny Guyomard , le Mardi, 12 Février 2019. , dans Editions Noir sur Blanc, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Un tramway long comme la vie, janvier 2019, trad. russe Anne-Marie Tatsis-Botton, 168 pages, 18 € . Ecrivain(s): Vladimir Maramzine Edition: Editions Noir sur Blanc

 

« Il y a beaucoup de choses qu’il ne comprend pas à cause de son âge respectable, et beaucoup, au contraire, parce qu’il n’est pas adulte. Les vieux, on le sait, sont plus intelligents que les jeunes, c’est pourquoi ils sont si peu adultes. (…) Le fait de ne pas être adultes leur permet de comprendre de simples sentiments humains. Mais cela les empêche de comprendre d’autres événements qui adviennent dans le monde, parce que beaucoup de choses inhumaines se passent dans le monde des adultes » (p.37).

C’est un auteur assagi qui parle, un écrivain et éditeur russe qui a quitté, dans les années 70, l’Union soviétique et son régime liberticide. Durant treize nouvelles, Vladimir Maramzine nous entraîne dans les différentes phases de la vie de son double, partant de son enfance heureuse dans la campagne soviétique, puis racontant les errances d’une communauté russe en exil dans la capitale parisienne. L’Union soviétique et son visage sombre ne transparaissent nettement que petit à petit, par des citations, des jeux hypertextuels, comme un refoulé sur lequel l’auteur, blessé et irrémédiablement rebelle, ne peut se taire.

Etat d’ivresse, Denis Michelis (par Christelle d'Hérart-Brocard)

, le Mercredi, 30 Janvier 2019. , dans Editions Noir sur Blanc, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Etat d’ivresse, janvier 2019, 140 pages, 14 € . Ecrivain(s): Denis Michelis Edition: Editions Noir sur Blanc

Elle est femme, épouse, mère et rédactrice d’un magazine de psychologie. Autant de statuts qui se combinent et façonnent une belle identité, solide et légitime. Mais que se passe-t-il quand l’état d’ivresse vient s’immiscer dans l’engrenage et gangréner tout le système ?

On ne peut plus exemplaire et significatif, le procédé narratif de focalisation interne prend toute son ampleur dans ce court roman de Denis Michelis puisque la narratrice enferme littéralement le lecteur dans son carcan d’ivrogne, sans d’autre perception que celle de ses propres délire et obsession. Hormis les spéculations hors texte auxquelles le lecteur ne manquera pas de s’adonner, il est inutile d’attendre des explications sur les tenants et aboutissants de cette situation. Comme le suggère le titre du roman, l’ivresse est postulée comme un état de fait que la narratrice, qui domine l’appareil discursif, serait bien en mal de justifier. En dépit de cette narration ingénieusement restreinte et resserrée dans le temps (une semaine et quelques jours), il n’est nullement question de l’allocution vaseuse, sans queue ni tête, d’une poivrote en plein délire, qu’il aurait été laborieux de retranscrire et plus encore de déchiffrer. Si confusion mentale il y a, elle se concentre sur le fond et n’entache point la forme. Faut-il rappeler que la narratrice est rédactrice de magazine et par conséquent capable de s’exprimer de manière intelligible ?

Dernières lettres de Montmartre, Qiu Miaojin (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 23 Janvier 2019. , dans Editions Noir sur Blanc, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Roman

Dernières lettres de Montmartre, octobre 2018, trad. chinois de Taïwan, Emmanuelle Péchenart, 262 pages, 17 € . Ecrivain(s): Qiu Miaojin Edition: Editions Noir sur Blanc

Le roman épistolaire est un exercice complexe puisqu’il consiste à faire apparaître le fil continu d’une intrigue romanesque dans la juxtaposition/succession de fragments narratifs discontinus rapportés dans une collection de lettres. Depuis les Héroïdes d’Ovide jusqu’à l’apogée du genre au XVIIIe siècle, le roman par lettres a connu des succès retentissants dont, entre autres, les Liaisons dangereuses, les Lettres Persanes, les Lettres portugaisesLa Nouvelle-Héloïse

Qiu Miaojin renouvelle le genre.

L’intrigue est simple :

Le personnage principal est Zoé. Chinoise, elle séjourne à Paris pour approfondir sur place sa connaissance de la littérature française dont elle est une amatrice inconditionnelle, tout en s’adonnant parallèlement à l’écriture. Elle y vit une liaison passionnelle avec Xu, une jeune femme taïwanaise, durant trois ans. L’ensemble des lettres constitue, par l’accumulation de détails épars, un tableau en puzzle de cette relation et en exprime l’atmosphère par touches intermittentes, le sujet principal du roman étant toutefois la rupture de cette union que Zoé nomme elle-même « mariage ».