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Editions Noir sur Blanc

 

Noir sur Blanc est une maison d'édition francophone suisse qui fait partie du Groupe Libella.

Elle a été fondée en 1987 à Montricher, Suisse, par Jan Michalski et Vera Michalski-Hoffmann. À l'origine, la maison était spécialisée dans l'édition en français de textes polonais et russes. Depuis quelques années, elle s'est ouverte à d'autres littératures, notamment à la littérature balkanique, celles des pays baltes, d'Asie ou d'Amérique du sud.

 

Ce matin-là, Gaëlle Josse (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Lundi, 12 Avril 2021. , dans Editions Noir sur Blanc, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Ce matin-là, Gaëlle Josse, janvier 2021, 224 pages, 17 € Edition: Editions Noir sur Blanc

 

Un matin, Clara ne peut plus, n’en peut mais. À l’instar de sa voiture qui ne démarre pas et dont la panne agit comme un révélateur de son état, ou un catalyseur de sa chute, elle s’écroule. Pourquoi ce matin-là et pas un autre, le précédent ou le suivant, on l’ignore, et là n’est pas la question. Ça arrive.

S’ensuivent un jour sans travail, une consultation chez le médecin, un arrêt de travail prolongé, un séjour chez sa meilleure amie, la recherche de quelqu’un à aller voir, quelques signes çà et là, comme autant de phares falots mais têtus le long d’une côte lointaine à rejoindre – une femme allumant un cierge dans une église, et priant, un étal de tulipes, le titre d’un roman… Jusqu’à ce que, comme dans les livres de développement personnel mais aussi dans la vraie vie, ce burn-out devienne une chance et une renaissance.

Manifeste Incertain, Tome IX, Avec Pessoa, L’Horizon des Evénements, Souvenirs, Fin du Manifeste, Frédéric Pajak (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 04 Décembre 2020. , dans Editions Noir sur Blanc, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Manifeste Incertain, Tome IX, Avec Pessoa, L’Horizon des Evénements, Souvenirs, Fin du Manifeste, Frédéric Pajak, septembre 2020, 349 pages, 23 € Edition: Editions Noir sur Blanc

 

« Frères humains, nous voilà mangés comme des poissons morts dans le ventre de ce bar. Dans cette providence. La nuit se déplie sur nous, et nous disparaîtrons à jamais ».

8 mars 1914 – Pessoa connaît une nuit de révélation. Trois « hétéronymes » lui apparaissent d’un coup. Il en décrira le déroulement vingt-et-un ans plus tard, dans sa fameuse lettre au jeune poète Adolfo Casais Monteiro. Autant de personnages vivant en lui – et mourant aussi – susceptibles de s’opposer entre eux ».

Avec Pessoa est le dernier opus, le dernier ouvrage, la dernière œuvre vive du Manifeste Incertain que dessine et écrit Frédéric Pajak depuis près de dix ans. Une aventure littéraire et graphique unique, née en 2012 avec un premier volume (admirable) consacré à Walter Benjamin – Rêveur abîmé dans le paysage –, où l’art du récit l’occupe toujours plus. C’est cet art du récit à la plume, à l’encre, récit dessiné en noir et blanc, qui l’occupe au plus haut point.

Mon Siècle, ma jeunesse, Anatoli Mariengof (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 24 Mars 2020. , dans Editions Noir sur Blanc, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Russie, Biographie

Mon Siècle, ma jeunesse, Anatoli Mariengof, octobre 2019, trad. russe, Anne-Marie Tatsis-Botton, 358 pages, 23 € Edition: Editions Noir sur Blanc

 

Anatoli Mariengof (1897-1962) est une figure mineure des lettres russes au XXe siècle et – sauf réévaluation toujours possible – devrait le rester. Mais, précisément, c’est ce caractère de minorité qui le rend intéressant. Il est en effet connu que les « petits maîtres » réfractent plus exactement l’esprit de leur époque que les auteurs de tout premier ordre. On ne sait pas si Nizan a eu raison en disant qu’avoir vingt ans n’est pas le plus bel âge de la vie. Quoi qu’il en soit, Mariengof fêta ses vingt ans lorsque la révolution bolchévique bouleversa de fond en comble son vaste pays. Les années qui précédèrent et suivirent cet événement cardinal (au sens premier de l’épithète) furent, en Russie comme ailleurs, des années d’intense bouillonnement intellectuel. Comme un fin sismographe, les mémoires de Mariengof captèrent et restituèrent cette vie spirituelle. Leur auteur connut à peu près tous ceux qui comptèrent au plan artistique durant cette période. Il parvint à la traverser et, ce qui est le plus important, à y survivre et réussit à mourir de mort naturelle (la mort est-elle naturelle ? c’est un autre débat).

Fanny et le mystère de la forêt en deuil, Rune Christiansen (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Mardi, 10 Mars 2020. , dans Editions Noir sur Blanc, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Roman

Fanny et le mystère de la forêt en deuil, Rune Christiansen, janvier 2020, trad. norvégien Céline Romand-Monnier, 240 pages, 19 € Edition: Editions Noir sur Blanc

C’est presque en conteur que Rune Christiansen s’adresse à son lecteur : « Permettez-moi de vous raconter une histoire », écrit-il – et nous permettons bien volontiers, quoique cette formule rhétorique, à la courtoisie désuète et avenante, puisse paraître un tantinet artificielle.

Cette histoire, c’est celle de Fanny, dont la vie est bouleversée par un événement aussi banal qu’éprouvant : à dix-sept ans, un accident de voiture la prive de ses parents. Malgré son jeune âge, elle est autorisée à demeurer dans la maison de son enfance, seule. Le récit semble commencer quelques mois plus tard, un matin, quand un vent violent la réveille et qu’a lieu une rencontre étrange et initiatique. Un cerf, « l’esprit de la forêt », est monté jusqu’à sa chambre à son insu et d’une façon inexplicable. Il finit par sauter par la fenêtre et s’écrase sur le sol. D’un coup de hache ferme et sûr, Fanny expulse de son corps brisé ce qu’il y reste de vie. Rien ne change, pourtant, et c’est seulement plus tard, pendant la dernière année de lycée, qu’un cycle nouveau s’initie : la jeune fille est réveillée par de brusques bourrasques qui semblent annoncer le terme du temps « laborieux et en suspens » où elle languissait.

Les frères Henkin Photographies Berlin-Leningrad, année 1930, Collectif (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 27 Novembre 2019. , dans Editions Noir sur Blanc, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, Histoire

Les frères Henkin Photographies Berlin-Leningrad, année 1930, Collectif, Les éditions Noir sur Blanc, octobre 2019, préface Gueorgui Pinkhassov, 288 pages, 42 € Edition: Editions Noir sur Blanc

 

Oubli et Modernité

Les photographes Yakov (1903-1941) et Evgeny (1900-1938) Henkin sont nés tous deux dans une famille juive aisée en Russie. Daniel Girardin a sélectionné cent quatre-vingts de leurs photographies, parmi quelques « sept mille clichés ». Les explications des arrière-petits-enfants Henkin jettent un éclairage sur les archives familiales du XIXe siècle et du début du XXe siècle en Russie et en Allemagne. Tout d’abord, sur la racialisation des ashkénazes et les obligations promulguées par l’Empire russe – plutôt, la discrimination à leur encontre. La famille Henkin a donc été assignée à vivre dans la région du Don, « zone de résidence » des juifs. En 2013, le « Centre des noms retrouvés de la Bibliothèque nationale de Russie » mentionne en quelques lignes l’exécution d’Evgeny, accusé d’espionnage et torturé, ainsi que des milliers d’autres, cadavres jetés dans des fosses communes. Yakov, par un tragique hasard, est décédé au même âge qu’Evgeny, à 38 ans.