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Editions Noir sur Blanc

 

Noir sur Blanc est une maison d'édition francophone suisse qui fait partie du Groupe Libella.

Elle a été fondée en 1987 à Montricher, Suisse, par Jan Michalski et Vera Michalski-Hoffmann. À l'origine, la maison était spécialisée dans l'édition en français de textes polonais et russes. Depuis quelques années, elle s'est ouverte à d'autres littératures, notamment à la littérature balkanique, celles des pays baltes, d'Asie ou d'Amérique du sud.

 

Mon Siècle, ma jeunesse, Anatoli Mariengof (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 24 Mars 2020. , dans Editions Noir sur Blanc, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Russie, Biographie

Mon Siècle, ma jeunesse, Anatoli Mariengof, octobre 2019, trad. russe, Anne-Marie Tatsis-Botton, 358 pages, 23 € Edition: Editions Noir sur Blanc

 

Anatoli Mariengof (1897-1962) est une figure mineure des lettres russes au XXe siècle et – sauf réévaluation toujours possible – devrait le rester. Mais, précisément, c’est ce caractère de minorité qui le rend intéressant. Il est en effet connu que les « petits maîtres » réfractent plus exactement l’esprit de leur époque que les auteurs de tout premier ordre. On ne sait pas si Nizan a eu raison en disant qu’avoir vingt ans n’est pas le plus bel âge de la vie. Quoi qu’il en soit, Mariengof fêta ses vingt ans lorsque la révolution bolchévique bouleversa de fond en comble son vaste pays. Les années qui précédèrent et suivirent cet événement cardinal (au sens premier de l’épithète) furent, en Russie comme ailleurs, des années d’intense bouillonnement intellectuel. Comme un fin sismographe, les mémoires de Mariengof captèrent et restituèrent cette vie spirituelle. Leur auteur connut à peu près tous ceux qui comptèrent au plan artistique durant cette période. Il parvint à la traverser et, ce qui est le plus important, à y survivre et réussit à mourir de mort naturelle (la mort est-elle naturelle ? c’est un autre débat).

Fanny et le mystère de la forêt en deuil, Rune Christiansen (par Delphine Crahay)

Ecrit par Delphine Crahay , le Mardi, 10 Mars 2020. , dans Editions Noir sur Blanc, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Roman

Fanny et le mystère de la forêt en deuil, Rune Christiansen, janvier 2020, trad. norvégien Céline Romand-Monnier, 240 pages, 19 € Edition: Editions Noir sur Blanc

C’est presque en conteur que Rune Christiansen s’adresse à son lecteur : « Permettez-moi de vous raconter une histoire », écrit-il – et nous permettons bien volontiers, quoique cette formule rhétorique, à la courtoisie désuète et avenante, puisse paraître un tantinet artificielle.

Cette histoire, c’est celle de Fanny, dont la vie est bouleversée par un événement aussi banal qu’éprouvant : à dix-sept ans, un accident de voiture la prive de ses parents. Malgré son jeune âge, elle est autorisée à demeurer dans la maison de son enfance, seule. Le récit semble commencer quelques mois plus tard, un matin, quand un vent violent la réveille et qu’a lieu une rencontre étrange et initiatique. Un cerf, « l’esprit de la forêt », est monté jusqu’à sa chambre à son insu et d’une façon inexplicable. Il finit par sauter par la fenêtre et s’écrase sur le sol. D’un coup de hache ferme et sûr, Fanny expulse de son corps brisé ce qu’il y reste de vie. Rien ne change, pourtant, et c’est seulement plus tard, pendant la dernière année de lycée, qu’un cycle nouveau s’initie : la jeune fille est réveillée par de brusques bourrasques qui semblent annoncer le terme du temps « laborieux et en suspens » où elle languissait.

Les frères Henkin Photographies Berlin-Leningrad, année 1930, Collectif (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 27 Novembre 2019. , dans Editions Noir sur Blanc, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, Histoire

Les frères Henkin Photographies Berlin-Leningrad, année 1930, Collectif, Les éditions Noir sur Blanc, octobre 2019, préface Gueorgui Pinkhassov, 288 pages, 42 € Edition: Editions Noir sur Blanc

 

Oubli et Modernité

Les photographes Yakov (1903-1941) et Evgeny (1900-1938) Henkin sont nés tous deux dans une famille juive aisée en Russie. Daniel Girardin a sélectionné cent quatre-vingts de leurs photographies, parmi quelques « sept mille clichés ». Les explications des arrière-petits-enfants Henkin jettent un éclairage sur les archives familiales du XIXe siècle et du début du XXe siècle en Russie et en Allemagne. Tout d’abord, sur la racialisation des ashkénazes et les obligations promulguées par l’Empire russe – plutôt, la discrimination à leur encontre. La famille Henkin a donc été assignée à vivre dans la région du Don, « zone de résidence » des juifs. En 2013, le « Centre des noms retrouvés de la Bibliothèque nationale de Russie » mentionne en quelques lignes l’exécution d’Evgeny, accusé d’espionnage et torturé, ainsi que des milliers d’autres, cadavres jetés dans des fosses communes. Yakov, par un tragique hasard, est décédé au même âge qu’Evgeny, à 38 ans.

Chaplin Personal 1952-1973, Yves Debraine (par Fanny Guyomard)

Ecrit par Fanny Guyomard , le Mercredi, 05 Juin 2019. , dans Editions Noir sur Blanc, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts

Chaplin Personal 1952-1973, février 2019, 144 pages, 110 photographies, 29 € . Ecrivain(s): Yves Debraine Edition: Editions Noir sur Blanc

« Charlie Personal », mais pas Charlie « intime ». Car il y a un peu de mise en scène, dans ces photos saisies par le consentement de l’artiste.

Le feu photographe et reporter Yves Debraine a capturé des milliers de photos du grand cinéaste, après son départ des Etats-Unis en 1953, et jusqu’à sa mort en 1977. De ces deux décennies, une centaine de photographies argentique ont été retenues, certaines déjà connues, d’autres jamais encore publiées.

Tout commence avec la croustillante – ou plutôt fondante – anecdote du poulet à la crème. C’est en conseillant un restaurant servant ce plat au couple Chaplin fraîchement débarqué sur le sol suisse qu’Yves Debraine noue le premier contact. La suite, elle se fera en photo, le jeune français étant reconnu comme le photographe attitré de la famille.

Car plus qu’un hommage au « roi de l’expressivité », c’est un ouvrage sur Chaplin père, avec sa femme Oona O’Neill et leur ribambelle d’enfants. On aime les cartes de vœux à Noël, mises en scène par le cinéaste. On aime aussi lorsque le père fait le clown, imité par ses rejetons. A côté des sorties officielles, on nous donne à voir Chaplin à son bureau, ou le maladroit skieur… Ses sautes d’humeur restent, elles, cantonnées à des anecdotes écrites.

Un tramway long comme la vie, Vladimir Maramzine (par Fanny Guyomard)

Ecrit par Fanny Guyomard , le Mardi, 12 Février 2019. , dans Editions Noir sur Blanc, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Un tramway long comme la vie, janvier 2019, trad. russe Anne-Marie Tatsis-Botton, 168 pages, 18 € . Ecrivain(s): Vladimir Maramzine Edition: Editions Noir sur Blanc

 

« Il y a beaucoup de choses qu’il ne comprend pas à cause de son âge respectable, et beaucoup, au contraire, parce qu’il n’est pas adulte. Les vieux, on le sait, sont plus intelligents que les jeunes, c’est pourquoi ils sont si peu adultes. (…) Le fait de ne pas être adultes leur permet de comprendre de simples sentiments humains. Mais cela les empêche de comprendre d’autres événements qui adviennent dans le monde, parce que beaucoup de choses inhumaines se passent dans le monde des adultes » (p.37).

C’est un auteur assagi qui parle, un écrivain et éditeur russe qui a quitté, dans les années 70, l’Union soviétique et son régime liberticide. Durant treize nouvelles, Vladimir Maramzine nous entraîne dans les différentes phases de la vie de son double, partant de son enfance heureuse dans la campagne soviétique, puis racontant les errances d’une communauté russe en exil dans la capitale parisienne. L’Union soviétique et son visage sombre ne transparaissent nettement que petit à petit, par des citations, des jeux hypertextuels, comme un refoulé sur lequel l’auteur, blessé et irrémédiablement rebelle, ne peut se taire.