Identification

Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Les éditions Des femmes sont une maison d'édition lancée en 1972, principalement par des femmes du collectif « Psychanalyse et politique » animé par Antoinette Fouque, avec d'autres militantes du MLF, et financée par la mécène Sylvina Boissonnas. Elles proposent des œuvres rédigées par des femmes, sur les femmes ou pour les femmes centrées sur les problématiques liées à l'émancipation des femmes, la création et la réflexion féminines, et proposent également des livres audio.

La maison d'édition appartient à la société Soc Des femmes.

« C'est un pari, un risque pris, que des textes écrits par des femmes, fassent travailler la langue, y fassent apparaître, pourquoi pas, une différence sexuelle. »

— Antoinette FouqueLe Débat

 

Bonhomme de neige Bonhomme de neige, Janet Frame (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 19 Juin 2020. , dans Editions Des Femmes - Antoinette Fouque, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Océanie

Bonhomme de neige Bonhomme de neige, Janet Frame, juin 2020, trad. anglais (Nouvelle-Zélande) Keren Chiaroni, Élisabeth Letertre, 128 pages, 15 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

De feu, de neige et de mort

Janet Frame (1924-2004) est une auteure néo-zélandaise reconnue du grand public grâce au film Un ange à ma table de Jane Campion, laquelle retrace avec justesse et sensibilité le destin de cette grande poétesse. Bonhomme de neige Bonhomme de neige commence à la manière d’une genèse. Et de ce monde des origines naît une créature improbable, éphémère, une créature de neige. Un peu comme le Golem ou l’épouvantail de paille du Magicien d’Oz ou encore le Daruma de neige, figure du bouddhisme, et bien sûr, le symbole de l’hiver et des fêtes de Noël.

Un bonhomme de neige ressemble à un autre bonhomme de neige, d’où peut-être la double appellation du titre, pour nommer le bonhomme de glace sculpté dans un jardin, au départ rudimentairement sans organes et pourtant animé du souffle de vie. Une figure métaphore d’une autre figure.

Emportée, suivi d’une correspondance de Tina Jolas et Carmen Meyer, Paule du Bouchet (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 16 Mars 2020. , dans Editions Des Femmes - Antoinette Fouque, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Emportée, suivi d’une correspondance de Tina Jolas et Carmen Meyer, mars 2020, 128 pages, 14 € . Ecrivain(s): Paule du Bouchet Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Le livre de la mère

Paule du Bouchet écrit « les détours inouïs » de la vie douloureuse et lumineuse de Tina Jolas, sa mère. « Emportée » par son amour passion pour René Char, cette femme (aimée par sa fille) la quitte lorsqu’elle a 6 ans.

Sous forme de carnet intime où s’intercalent des fragments d’une correspondance échangée entre la mère et son amie Carmen Meyer, le texte met en jeu des séquences de vie bouleversées entre plusieurs subjectivités et enjeux de vérité. L’auteur évite toute polémique ou indiscrétion. Même lorsque René Char abandonna celle qui éprouva pour lui sa grande passion amoureuse. D’ailleurs son agonie commença lors du décès du poète.

Paule du Bouchet endura sans recours les départs et les disparitions de sa mère. Elle reste – contrairement à Betsy, sa sœur – une inconnue pour le grand public. Pour René Char, elle rédigea néanmoins une partie de l’appareil critique de l’édition de la Pléiade. Et elle connaissait admirablement Ossip Mandelstam, Emily Dickinson et William Shakespeare et traduisit plusieurs tomes du Seigneur des anneaux de Tolkien.

Puisque voici l’aurore, Annie Cohen (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 03 Février 2020. , dans Editions Des Femmes - Antoinette Fouque, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Puisque voici l’aurore, Annie Cohen, janvier 2020, 125 pages, 14 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Annie Cohen : reprendre, recommencer.

Après son accident vasculaire cérébral de 1999, Annie Cohen pense toucher le fond. Et cela est bien compréhensible. Le cycle de ses premières œuvres poétiques – dont les cinq volumes parurent chez le même éditeur que ce Journal – semblent faire partie d’un passé qui se referme sur elle. Peu à peu pourtant la vie reprend son cours en concomitance avec l’écriture et une activité plastique – en particulier celle des « rouleaux d’écritures ».

L’Amour y est pour beaucoup. Et c’est un euphémisme. Il va permettre à l’auteure d’écrire sa propre Torah pour chercher encore et encore l’introuvable selon une formule chère à Edmond Jabès : « L’écrivain choisit d’écrire et le Juif de survivre ».

Ecrire ne revient donc pas à opposer l’intelligible au sensible. Et pour Annie Cohen, contrairement à Jacques Lanzmann, la connaissance ne passe pas que par le premier terme. Le problème est de passer « du système à l’excès » (Bataille), de Hegel à Rimbaud, de Heidegger à Joë Bousquet. Si bien que l’auteure en dépit de ses affres et vicissitudes « tient », avance. Car si le « chemin est tracé, la route reste ouverte au-delà de la simple survivance ».

Puisque voici l’aurore, Annie Cohen (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 30 Janvier 2020. , dans Editions Des Femmes - Antoinette Fouque, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Roman

Puisque voici l’aurore, Annie Cohen, janvier 2020, 160 pages, 14 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

La mort de la maladie

Dans le dernier livre d’Annie Cohen, Puisque voici l’aurore – dont elle illustre la couverture, où l’on voit l’orée d’un bois la nuit, ou, vu en plongée, un paysage arboré où d’étranges figurines se tapissent –, l’auteure compare l’écriture à « un crash sur la feuille du carnet noir » – peut-être l’évocation du choc d’un avion qui s’écrase dans le désert de l’Algérie en guerre ? Annie Cohen transpose des fragments de présent, ajournés, dans la réduplication de l’acte d’écrire, son activité principale, qui la relie à son passé, au Mexique, aux Caraïbes, à l’Algérie. La narratrice porte des « bracelets en argent », le signe d’appartenance des Kabyles et des nomades, ainsi qu’une « chaîne en or », celui des Algérois citadins. Les mots sont sous escorte, depuis « la morsure aigüe, vivace » du scorpion, la morphine pour en diminuer la douleur, les antidépresseurs pour réguler les humeurs, des « effluves de cannabis » pour apaiser les traumatismes, « une canne », « un infirmier » pour se diriger après « les suites de l’AVC ». A. Cohen dit « je » pour « toute une vie d’écriture marquée de dépression et de réappropriation ». Et elle l’affirme « du haut de la judéité, comme un fondement ».

Poèmes de la mémoire et autres mouvements, Conceiçâo Evaristo (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mercredi, 04 Septembre 2019. , dans Editions Des Femmes - Antoinette Fouque, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Poèmes de la mémoire et autres mouvements, mars 2019, trad. portugais (Brésil) Rose Mary Osorio, Pierre Grouix, édition bilingue, 208 pages, 16 € . Ecrivain(s): Conceição Evaristo Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Sachant que « le mystère subsiste au-delà des eaux », la poète, fragmentée de souvenirs, rassemble les pièces de son puzzle, son émotion en continu lui servant de cheminement. Le puzzle, rassemblé, devrait ainsi servir d’exemple à une sorte de permanence collective. En constante germination, les mots oscillent entre le vécu et l’espérance, entre ce qui est dit et ce qu’il faut peut-être deviner d’un monde ressenti en marche malgré une mémoire douloureuse : « Ce certificat de décès, les anciens le savent, a été gravé depuis le temps des négriers ».

Revendiquant sa féminité, chaque femme portant en elle « le calme et le désespoir », l’auteur a pleine conscience de sa participation, aussi par la poésie, à la germination du monde, au déploiement et à la vivacité des partages nonobstant les souvenirs douloureux : « La voix de ma mère/ a fait tout bas écho à la révolte/ au fond des cuisines des autres/ en-dessous des piles/ de linge sale des Blancs/ par le chemin poussiéreux/ menant à la favela/ Ma voix fait encore/ écho aux vers perplexes/ avec des rimes de sang/ et/ de faim », mais l’avenir pointe ses mots : « La résonance se fera entendre/ dans la voix de ma fille/ L’écho de la Vie-liberté ».