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Belfond

La maison Belfond fut créée en 1963 par Pierre Belfond et Franca Belfond. Assez vite, en 1989, Pierre Belfond cèdera 53,4 % du capital de sa maison au groupe Masson, éditeur scolaire et scientifique. Le couple quittera la maison en 1991.

En 1993, Belfond fusionne avec les Presses de la Renaissance, à laquelle viendront s'ajouter différentes filiales comme Acropole en 1981, Le Pré aux clercs en 1983, les Éditions 1900 en 1987 et l'Age du Verseau en 1988 qui seront ensuite toutes regroupées sous le nom des éditions Belfond. Aujourd'hui, Belfond fait partie du département Place des éditeurs, filiale d'Editis, deuxième plus grand éditeur français après Hachette de, au chiffre d'affaires de 751 100 euros en 2009. C'est grâce aux nombreux coups commerciaux de Pierre Belfond que la maison occupe désormais une place de choix dans l'édition française et possède un catalogue d'environ 400 titres, à raison d'une centaine de publications par an.


Caravansérail, Francis Picabia

Ecrit par Frédéric Aribit , le Jeudi, 16 Janvier 2014. , dans Belfond, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Récits

Caravansérail, Edition établie par Luc-Henri Mercier, octobre 2013, 200 pages, 18 € . Ecrivain(s): Francis Picabia Edition: Belfond

Dada se fait dans la bouche. On imagine sans doute mal aujourd’hui ce que pouvaient être ces soirées joyeusement foutraques, véritables happenings avant l’heure, où l’on frappait à tue-tête sur des caisses jusqu’à ce que le public proteste, où Tristan Tzara hurlait son poème orgasmique Vaseline symphonique en imitant les ours, où Louis Aragon miaulait à quatre pattes pendant qu’André Breton croquait des allumettes. Dans ce gang du suprême décervelage façon Jarry, Francis Picabia n’est pas en reste. Avec les confortables revenus que lui a laissés son héritage maternel, Picabia s’est tôt fait un nom dans la peinture, sous l’influence première des maîtres de l’impressionnisme. Mais alerté par Marcel Duchamp, il devient l’un des électrons les plus actifs de l’avant-garde picturale, l’un des plus libres aussi, et c’est naturellement chez lui que s’installe Tzara lorsqu’il débarque à Paris en 1920, sa grenade Dada dégoupillée dans la main. Picabia jongle alors entre une femme, plusieurs maîtresses, une poignée d’enfants, et cent vingt-sept voitures qu’il collectionne comme les conquêtes, et qui le lancent dans cette trépidante vie mondaine où il côtoie le Tout-Paris, Cocteau y compris – c’est dire. Il y a là bien assez pour que son anticonformisme n’achoppe forcément avec ce que Tzara a en tête sous le nom de Dada, ou ce que Breton fomente déjà de son côté. De sorte que lorsque paraît en 1924 le Manifeste du surréalisme, Picabia a pris le large, ce dont témoigne Caravansérail, le roman à clefs qu’il écrit la même année (il ne sera publié qu’à titre posthume, en 1974).

Edisto, Padgett Powell

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 15 Janvier 2014. , dans Belfond, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Edisto, Belfond/Vintage novembre 2013. 247 p. 17 € . Ecrivain(s): Padgett Powell Edition: Belfond

 

Incipit : « Je suis en goguette à Bluffton. Je me suis tiré de l’école – on appelle ça faire le mur, mais il y a pas de mur, il suffit de sortir de la cour à la récré, quand les trois cents gamins sont là pliés en deux en train de lancer leurs billes. Moi, je suis pas capable d’en lancer une au lance-pierre, alors je me casse et je vais au Rexall prendre un verre – un coca, ou un de ces trucs que Madame le Docteur m’interdit formellement, sous prétexte que ça m’excite. Je vais pourtant pas boire du lait toute ma vie, ou me mettre au bourbon à mon âge. Mais c’est pas le problème. »

Entrée inhabituelle pour une critique de livre, mais dans le cas d’ « Edisto », elle s’impose presque, elle va de soi tant cet incipit évoque un livre culte des années soixante.  Vous avez deviné ?

Simon Everson Manigault est le petit-fils sûrement de Holden Caulfield, le jeune héros de « The catcher in the rye » (L’attrape-cœurs) de Salinger. Il lui ressemble comme deux gouttes d’eau, déborde comme lui d’énergie et d’insolence, parle comme lui. Ici aussi, nous avons un narrateur à la première personne du singulier, dont nous suivons les traces pendant quelque temps avec plaisir, jubilation. Car ce roman n’est pas triste, c’est le moins ! On sourit, on rit, de bout en bout, dans le langage vert et les frasques de Simon.

Transatlantic, Colum McCann

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 26 Septembre 2013. , dans Belfond, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, La rentrée littéraire

Transatlantic trad. (Irlande) Jean-Luc Piningre août 2013. 550 p. 22€ . Ecrivain(s): Colum McCann Edition: Belfond

 

On sait depuis sa première œuvre, le somptueux « chant du Coyote » (10/18) que Colum McCann est un virtuose de la composition romanesque. Ce « Transatlantic » est une sorte d’aboutissement de son art de la narration, quand les ruisseaux se font rivière, les rivières des fleuves et les fleuves enfin la mer.

La mer justement. C’est bien sûr l’Océan Atlantique qui sépare l’Amérique de l’Irlande. Qui sépare vraiment ou qui lie ? Nous sommes, déjà, au cœur du propos du roman : l’Irlande et les USA sont tricotés (comme les chapitres de ce livre) ensemble jusqu’à l’identité, la confusion, la fusion. L’Atlantique n’est pas ! Les Irlandais ne connaissent que le « Transatlantique » tant leur histoire, depuis le XVIIIème siècle, est liée au Nouveau Monde. Comme si un pont aérien permanent était suspendu entre les deux pays, comme si les « oies sauvages* » avaient tiré les câbles de ce pont, invisibles mais indéfectibles.

C’est d’ailleurs ainsi que commence cet opus : au-dessus de l’Atlantique. 1919, Alcock et Brown, aux commandes d’un bombardier « désaffecté » de ses missions guerrières, réalisent le premier courrier postal USA/Irlande. Donner corps au rêve du lien anime leur folle entreprise, réduire la distance encore entre les deux terres.

Les attaques de la boulangerie, Haruki Murakami

Ecrit par Victoire NGuyen , le Jeudi, 26 Septembre 2013. , dans Belfond, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Japon

Les attaques de la boulangerie, traduit du japonais par Hélène Morita et Corinne Atlan, illustré par Kat Menschik, novembre 2012, 63 pages, 17 € Edition: Belfond

 

Une paire de bottes vaut bien Shakespeare


Dans La Défaite de la Pensée, Alain Finkielkraut reprend la pensée nihiliste russe du XIXème siècle qui stipule qu’une paire de bottes vaut bien Shakespeare. Le philosophe s’appuie sur cette pensée pour montrer l’impact de la relation à la culture de la nouvelle génération. Celle-ci, héritière directe du post-modernisme, revendique la relativité dans l’approche de la culture et de l’art sans hiérarchisation ni classement.

Cette idéologie nouvelle quant à la façon d’appréhender l’art et la culture trouve des échos dans la nouvelle insolite et déconcertante de Haruki Murakami, Les attaques de la boulangerie. Le récit est scindé en deux temps correspondant successivement aux deux attaques des boulangeries. Dans la première attaque, le narrateur est encore jeune. Tenaillé par une faim terrible et féroce, il pénètre dans une boulangerie accompagné d’un comparse pour dérober de la nourriture et satisfaire son estomac :

Chambre 2, Julie Bonnie

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 25 Septembre 2013. , dans Belfond, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Chambre 2, août 2013, 188 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Julie Bonnie Edition: Belfond

 

Ce roman est un vertigineux plongeon dans le ventre des femmes, et par là même au cœur de l’âme féminine. On pourrait dire en effet que le personnage principal de ce roman, c’est le corps des femmes, ce corps indissociable du cœur, qui séduit, qui envoûte, ce corps qu’on mutile, qui souffre, qui peut donner la vie et donner la mort.

Deux univers bien différents nous sont racontés en alternance, par une femme. Cette femme c’est Béatrice, danseuse nue du Cabaret de l’Amour, avec Gabor au violon, Paolo à la batterie et Pierre & Pierre, un couple de travestis torrides rencontrés au KOB, un haut lieu de la culture alternative de l’époque, à Berlin. Plus que des concerts, ce sont de véritables performances qu’ils offrent tous ensemble, à un public underground de tous les coins d’Europe, surtout l’Est. Ils sont beaux, sales, tatoués, parés de cuir noir et de piercings. C’est le début des années grunge, la vie de bohème, la vie en camion, les tournées pendant 13 ans, l’amour avec Gabor, la fusion avec le public, c’est le féminin assumé, sublimé, dans une nudité fière et libératrice, la danse, le désir, le plaisir, la musique, l’ivresse des sens.