Identification

Belfond

La maison Belfond fut créée en 1963 par Pierre Belfond et Franca Belfond. Assez vite, en 1989, Pierre Belfond cèdera 53,4 % du capital de sa maison au groupe Masson, éditeur scolaire et scientifique. Le couple quittera la maison en 1991.

En 1993, Belfond fusionne avec les Presses de la Renaissance, à laquelle viendront s'ajouter différentes filiales comme Acropole en 1981, Le Pré aux clercs en 1983, les Éditions 1900 en 1987 et l'Age du Verseau en 1988 qui seront ensuite toutes regroupées sous le nom des éditions Belfond. Aujourd'hui, Belfond fait partie du département Place des éditeurs, filiale d'Editis, deuxième plus grand éditeur français après Hachette de, au chiffre d'affaires de 751 100 euros en 2009. C'est grâce aux nombreux coups commerciaux de Pierre Belfond que la maison occupe désormais une place de choix dans l'édition française et possède un catalogue d'environ 400 titres, à raison d'une centaine de publications par an.


Une ombre chacun, Carole Llewellyn

Ecrit par Zoe Tisset , le Lundi, 12 Juin 2017. , dans Belfond, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Une ombre chacun, avril 2017, 294 pages, 17 € . Ecrivain(s): Carole Llewellyn Edition: Belfond

 

L’histoire tourne autour de cette femme, Clara, elle a décidé de tout quitter et surtout son mari, Charles. Celui-ci lui demande un enfant comme on passe une commande dans un magasin chic.

« Charles était de cette génération d’hommes qui réfléchissaient à la paternité, projet angoissant de la trinité héritée appartement, mariage, enfants (…). Il lui demanderait juste un enfant comme on demandait un deuxième whisky et, comme toujours, elle dirait oui ».

Seulement, il déclenche alors une sorte de raz de marée interne et extravasé. Clara qui a survécu dans son enfance à un enlèvement, part à la recherche d’elle-même.

« Tout allait bien. Tant que vous ne faisiez pas un bébé autiste ou trisomique. Un bébé sur lequel on ne pourrait pas s’extasier sur Instagram. Un bébé à qui on ne saurait pas quoi acheter comme jouet. Un bébé pour qui le choix de la poussette, du portage, de l’écharpe serait un débat inutile car on le garderait enfermé ».

Novembre, Joséphine Johnson

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 05 Mai 2017. , dans Belfond, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Novembre, mars 2017, 204 pages, 14 € . Ecrivain(s): Joséphine Johnson Edition: Belfond

 

Les éditions Belfond publient dans leurs collections Vintage d’anciens romans. Novembre, de Josephine Johnson, est de ceux-là. Il s’inscrit dans le droit fil des romans de la Grande dépression tels que Les raisins de la colère de Steinbeck, ou Le petit arpent du bon Dieu, d’Erskine Caldwell. Ce dernier, décrivant la vie de petits blancs dans le deep south américain, peut se relier à Novembre.

C’est le sort d’une famille de fermiers, les Haldmarne, qui viennent s’installer dans une ferme du middle West, déjà hypothéquée et dont l’exploitation est très difficile, les rendements sont bas, le sol ingrat, la main-d’œuvre rare et trop chère pour le patriarche, Arnold Haldmarne, père taciturne, s’extériorisant peu, et dur à la tâche. Ses trois filles, Margot, Kerrin et Merle l’aident du mieux qu’elles peuvent dans l’exploitation de la ferme. Mais cette famille qui vient d’échapper à la dureté retrouve la cruauté de l’existence dans ses nouvelles terres : « Nous quittions un monde mal agencé et embrouillé, qui maugréait contre lui-même, pour arriver dans un monde non moins dur (…) mais qui tout au moins lui donnait quelque chose en retour ».

Au jour le jour, Paul Vacca

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 29 Mars 2017. , dans Belfond, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Récits

Au jour le jour, Février 2017, 379 p. 19,50 € . Ecrivain(s): Paul Vacca Edition: Belfond

 

« Sue, comme Eugène ? » demandait Simone-la dame de la poste, dans ce « télégramme » qu’on a tous dans l’oreille, tandis que la voix – unique – d’Yves répondait, légèrement agacée devant l’évidence : « Oui, Eugène Sue ».

Il y a comme ça des références tellement inscrites en nous – une langue, un passeport transgénérationnel, qu’en effet, ça va de soi. Eugène Sue – Les mystères de Paris, en sont. En même temps, difficile de ne pas convenir que ce genre de rivière, à force d’être souterraine, peut disparaître. Cherchez donc dans un manuel scolaire ; plus aucune trace des « mystères and co » ; tentez un micro trottoir – tranche des 14/18 ans : qui était Eugène Sue ?

D’où peut-être – en plus de l’indéniable et cabriolant talent de son auteur – l’intérêt, l’utilité même de cet Au jour le jour dont le titre claque comme feuilleton en page de journal, loin, dans le siècle d’avant le dernier, tout en étalant insolemment, une paradoxale modernité.

Du vent, Xavier Hanotte

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 15 Novembre 2016. , dans Belfond, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Du vent, octobre 2016, 432 pages, 19 € . Ecrivain(s): Xavier Hanotte Edition: Belfond

 

Voilà, commis par le romancier belge, un roman bien enlevé, brillant et intrigant. Ou comment tisser deux histoires en une, sans quitter l’à-propos ni verser dans le décousu main.

Ainsi, nous suivons en parallèle, poussées par le vent de l’histoire ou le bien réel météorologique, les narrations d’une relation historique à la Yourcenar et d’un fait divers crapuleux de séquestration. Nous verrons assez vite que des liens se nouent entre les deux histoires.

En quatre chapitres, le personnage de Jérôme Walque, romancier de son état, réinvente le triumvir Lépide, collègue d’Antoine et d’Octave, en pleine action d’occupation de la Sicile. Un héros tourmenté par l’éthique, renonçant à la violence et donc au pouvoir. Le portrait que Walque en fait est d’une justesse psychologique assez profonde, et la comparaison avec Yourcenar vient assez vite sous la plume, tant l’écriture reconstitue avec sagacité et flair cette époque révolue de luttes romaines pour le pouvoir. Les légions, les manœuvres de palais, les mouvements de troupes, tout y est vraisemblable.

Yaak Valley, Montana, Smith Henderson

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 23 Août 2016. , dans Belfond, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Yaak Valley, Montana, août 2016, trad. américain Nathalie Perrony, 500 pages, 23 € . Ecrivain(s): Smith Henderson Edition: Belfond

 

Début des années 80 aux États-Unis, alors que la bataille entre Jimmy Carter et Donald Reagan pour l’élection du prochain président à la Maison-Blanche bat son plein, Pete Snow, assistant social, œuvre au quotidien à Tenmile dans l’État du Montana pour venir en aide aux plus déshérités, en priorité à leurs enfants. Et du travail, il n’en manque pas dans cette population de marginaux venus se terrer dans la Yaak Valley, loin des mégapoles, pour cacher leur misère et tenter d’oublier dans l’alcool et la dope leur mal de vivre. Dès les premières pages, Smith Henderson dresse un portrait au vitriol de ceux et celles que son principal personnage côtoie :

Les familles éclatées, les mères défoncées au speed, vivotant des allocations chômage qu’elles dépensent en drogue, à défaut de subvenir aux besoins élémentaires de leurs petits : « On la croisait en ville, toute poudrée de blanc, les lèvres barrées de rouge et des traînées bleuâtres autour des yeux, un drapeau américain abstrait, un commentaire vivant sur son propre pays, ce qu’elle était d’une certaine manière » (p15).