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Rivages

Moisson, Jim Crace

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 23 Octobre 2014. , dans Rivages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, La rentrée littéraire

Moisson (Harvest) Traduction de l’anglais Laetitia Devaux Août 2014. 266 p. 20 € . Ecrivain(s): Jim Crace Edition: Rivages

 

La lecture de Moisson est une expérience littéraire qui se fait rare : lire un roman du début du XIXème siècle américain écrit en 2014, vous l’avouerez, ce n’est pas commun. Et lire un chef-d’œuvre du XIXème siècle écrit aujourd’hui est encore plus stupéfiant. Bien au contraire. Cette lecture est un bonheur de chaque instant, une sorte de voyage – dans l’espace certes puisque nous sommes en … - mais surtout dans le temps. Parce que l’histoire se situe en … mais aussi parce que Jim Crace écrit comme le faisait un Washington Irving ou les sœurs Brontë, dans une langue classique et dans un élan propre au romantisme littéraire.

Les points de suspension qui précèdent ne sont pas un oubli ou une erreur. On ne sait réellement pas où se situe l’action, ni quand. Jim Crace s’inscrit délibérément dans une sorte de nulle part hors temps qui accentue encore le sentiment d’universalité et d’éternité que sécrète ce roman. A la manière vraiment des contes anciens « il était une fois, dans un pays imaginaire … ». Pays – village - coupé du monde. Le narrateur est un « immigré » mais il a fini par s’intégrer totalement à ce monde isolé, consanguin, ce « royaume de parentèle »

F, Luis Seabra

Ecrit par Marc Ossorguine , le Lundi, 25 Août 2014. , dans Rivages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

F, 27 août 2014, 112 pages, 15 € . Ecrivain(s): Luis Seabra Edition: Rivages

 

Notre mémoire collective et notre histoire sont pleines de ces dérives totalitaires et policières dont Orwell et quelques autres ont dressé des portraits des plus inquiétants et qui apparaissent parfois bien en deçà de la réalité. Avec ce premier roman, Luis Seabra nous emmène dans ce monde et des récits d’une inquiétante étrangeté, dans un univers que l’on ne peut s’empêcher de qualifier de « kafkaïen », avec peut-être encore plus de « réalisme irréel ».

Les phrases finales du livre livrent sans doute une clé pour appréhender ce récit démultiplié et scindé en trois. Trois fois trois même : trois voix et trois moments d’une même chronique, celle d’une ambition, d’une ascension et d’une chute programmée, sinon annoncée.

« Le livre en question ne figurait dans aucun catalogue. Il était posé sur un vieux pupitre, dans une pièce rouge à laquelle on n’accédait que dans son sommeil, au terme de plusieurs cauchemars ».

Rouge ou Mort, David Peace

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 21 Août 2014. , dans Rivages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, La rentrée littéraire

Rouge ou mort (Red or Dead), traduit de l’anglais par Jean-Paul Gratias. 22 août 2014. 800 p. 24 € . Ecrivain(s): David Peace Edition: Rivages

 

« And you'll never walk alone...
You'll never walk alone. 
Walk on, walk on, with hope in your heart, 
And you'll never walk alone... 
You'll never walk alone. »*

 

Ce livre n’est pas un roman – bien qu’il soit romancé. Ce n’est pas non plus un récit historique, bien que tout y soit rigoureusement fondé sur la réalité vécue. Ce n’est pas enfin un grand poème, bien que la langue y soit l’objet d’un travail permanent de rythmique et de sonorités. Ce livre – ce grand livre – est une Messe solennelle, une suite de psaumes, un hymne sacré dédié au football. Au Liverpool Football Club. A son entraîneur historique Bill Shankly. A son public de supporters passionnés, les prolétaires de Liverpool. Ce livre est chanté à un million de voix pour la gloire éternelle des « Reds », les « rouges », ceux qui ne « marcheront jamais seuls »*.

Nous sommes tous morts, Salomon de Izarra

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 06 Mai 2014. , dans Rivages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Fantastique

Nous sommes tous morts, 7 mai 2014, 120 p. 15€ . Ecrivain(s): Salomon de Izarra Edition: Rivages

 

Si vous adorez les frissons nocturnes, les grandes peurs venues du fond de l’enfance et qui, toujours, nous poursuivent de leurs frissons délicieux, n’hésitez pas un instant, précipitez-vous sur le livre de Salomon de Izarra ! On jurerait par moment que ce n’est pas un livre de notre temps, on le dirait sorti tout droit du XIXème siècle, voire du XVIIIème siècle baroque. Les lectures de l’auteur sont là, sans cesse présentes, traversant en fulgurances régulières le récit haletant et terrifiant : Melville, Poe, Maupassant, Lovecraft et d’autres encore.

Le thème aussi est récurrent dans la littérature fantastique : le bateau maudit, hanté, fantôme. Et le jeune Izarra n’hésite pas, il fonce tête baissée avec un talent, un culot inouïs, sur les traces de ses fantômes littéraires ! Ses maîtres. Et le culot ici trouve toute sa récompense.

« Nous sommes tous morts » est une réussite parfaite. Âmes sensibles s’abstenir ! On a droit à toute les formes de l’horreur fictionnelle, les ombres, le froid glacial, le brouillard, les meurtres, les suicides, le cannibalisme enfin, parce qu’il faut bien survivre ! Vous serez avertis, ne vous plaignez pas au critique, il vous dit là que ce livre n’est pas fréquentable. Enfin, tellement fréquentable veut-il dire : un vrai bonheur d’horreur !

L’ami des femmes, Diego Marani

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 13 Janvier 2014. , dans Rivages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Italie

L’ami des femmes (L’amico delle done), traduit de l’italien par Anna Colao, 302 pages, 9,65 € . Ecrivain(s): Diego Marani Edition: Rivages

 

Ernesto !

Un sacré personnage !

On pense d’emblée, en abordant ce roman savoureux et triste, au film de Truffaut, de titre presque éponyme, L’homme qui aimait les femmes (1977) et au personnage magnifiquement interprété par Charles Denner.

Ernesto, professeur d’italien et de latin dans une école de Trieste, « avait toujours été l’ami des femmes ».

Comment être l’ami sans être l’amant ? Est-il possible d’être à la fois l’un et l’autre ? L’amour est-il viable à partir du moment où il est tellement installé dans le quotidien que disparaît toute crainte de perdre celle qu’on aime ?

Questions lancinantes pour Ernesto, angoissantes, récurrentes dans le carrousel de ses conquêtes.