Identification

Rivages

La Mélodie, Jim Crace

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 04 Septembre 2018. , dans Rivages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, La rentrée littéraire

La Mélodie (The Melody), août 2018, trad. anglais Laetitia Devaux, 267 pages, 21 € . Ecrivain(s): Jim Crace Edition: Rivages

 

Jim Crace a toujours une intention au-delà de l’écriture d’une nouvelle œuvre. Avec QuarantaineMoisson, il nous avait montré ses hautes préoccupations morales, son obsession de la lutte entre le bien et le mal. Dans ce roman (à la limite du conte), il est de nouveau témoin de son temps, nous livrant une histoire en prise avec les fléaux de notre époque, la lâcheté, le rejet de l’autre, l’égoïsme des hommes.

Une affaire des plus étranges surgit – le mot est exact – dans la vie morne du vieux Busi, chanteur de charme sur le déclin et veuf inconsolé. Habitué aux bruits incessants que font divers animaux cherchant pitance dans ses poubelles devant sa villa à la nuit, il trouve cependant un soir que le tintamarre est plus important que de coutume. Il sort devant sa porte pour voir et il est assailli par… quelque chose, quelque bête ou quelqu’un.

Helena, Jérémy Fel (2ème critique)

Ecrit par Fanny Guyomard , le Mardi, 04 Septembre 2018. , dans Rivages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Helena, août 2018, 768 pages, 23 € . Ecrivain(s): Jeremy Fel Edition: Rivages

 

Décor : une ferme américaine perdue au milieu des étendues de maïs. Personnages : une adolescente en manque d’affection, une mère rongée par le secret et qui trouve son échappatoire dans un rêve américain. Ses trois enfants.

Action : la jeune fille tombe en panne, et atterrit chez cette famille apparemment sans histoires. Mais dans cette maison hantée, le pire va arriver. Et le cercle des vengeances sera impitoyable.

Ce récit interroge les relations familiales, et explore les situations les plus malsaines qui émergent de la détresse existentielle de chaque personnage. Les chapitres alternent les focalisations, pour explorer les pulsions les plus personnelles, les peurs les plus profondes.

Mais en même temps, l’auteur propose un moyen de les dépasser, en introduisant la fructuosité de la relation entre l’enfant et la mère, quand celle-ci l’encourage dans ses projets, quand son amour est un tremplin pour son accomplissement.

Presque une nuit d’été, Thi Thu

Ecrit par Fanny Guyomard , le Vendredi, 31 Août 2018. , dans Rivages, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Presque une nuit d’été, août 2018, 180 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Thi Thu Edition: Rivages

 

« Je voulais capter ce qui fait de l’homme un homme » (p.14).

Une narratrice erre dans les rues d’une ville indéterminée, ou dans l’imaginaire des récits qu’elle recueille. A travers son regard de photographe et les mots d’une romancière, elle tente de restituer la condition humaine, cette fragile existence emportée dans le flux des éléments, mais qui peut se retourner en force lorsqu’elle accepte d’épouser ce mouvement qui nous est imposé.

Le roman suit ce long cheminement, qui au départ ne semble concerner qu’une individualité ennuyée et vagabonde. Mais au fil des rencontres et des histoires, la narratrice de notre temps moderne prend pleinement conscience de l’universalité de sa quête personnelle. Car chaque protagoniste vit la même quête : trouver sa place.

La France Underground, 1965-1979, Free jazz et Rock pop, Le temps des utopies, Serge Loupien

Ecrit par Guy Donikian , le Lundi, 27 Août 2018. , dans Rivages, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Côté Musique(s)

La France Underground, 1965-1979, Free jazz et Rock pop, Le temps des utopies, mai 2018, 405 pages, 23 € . Ecrivain(s): Serge Loupien

 

On sait les bouleversements auxquels les sociétés occidentales ont dû faire face durant les années que cet ouvrage se propose de nous narrer : chacun a une idée liée à l’épicentre que fut mai 68, mais rares sont ceux qui peuvent embrasser la décennie concernée dans tous ses aspects culturels, liés à une sociologie singulière : les individus à l’œuvre pour cette « révolution » forment la première génération née après la guerre, génération qui va « inventer » la jeunesse en tant que classe sociale avec des caractéristiques qu’il faudra créer, un habitus qui devra englober un idiome, une musique, des habitudes vestimentaires, le tout à contrecourant d’une culture engluée dans un conformisme que tous ces « jeunes » veulent combattre à l’aide d’outils que sont la musique, les médias qui se développent et les modes vestimentaires, ce qu’on appelle une contre-culture.

Helena, Jérémy Fel, par Yann Suty

Ecrit par Yann Suty , le Mercredi, 22 Août 2018. , dans Rivages, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Helena, Jérémy Fel, Rivages, août 2018, 800 pages, 23 €

 

Faire peur, créer le suspense, maintenir en haleine, c’est aussi une question de méthode. Jérémy Fel connaît les classiques du genre suspense-horreur de « l’ère moderne », qui auraient pour roi celui qui s’est justement affublé d’un tel nom, Stephen King. Dans son deuxième roman, Helena, l’influence du maître de l’horreur est incontestable, avec des scènes qui ne sont pas sans rappeler certains passages de Misery, de Carrie ou encore de Ça. Les hommages (ou emprunts) à d’autres auteurs ou personnages du genre sont d’ailleurs légion, et on pourra déceler ici ou là des clins d’œil à Dexter, à Dragon Rouge, au Silence des Agneaux, mais aussi à David Lynch ou aux portraits de tueurs en série de Stéphane Bourgoin. Soit autant d’ingrédients qui permettent de concocter un thriller avec ce qu’il faut de sanglant, de suspense, voire de fantastique.

Mais Jérémy Fel est un habile cordon-bleu. Car s’il montre, et particulièrement au début de son deuxième roman,Helena, qu’il connaît les recettes classiques du genre (mais doivent-elles pour autant être des passages obligés ?), il parvient au fur et à mesure à se les réapproprier, à les personnaliser, pour livrer au final un ouvrage qui est bien plus qu’un simple pastiche ou un hommage aux maîtres du genre.