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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


Casse-gueule, Clarisse Gorokhoff

, le Mardi, 10 Juillet 2018. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Casse-gueule, mai 2018, 240 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Clarisse Gorokhoff Edition: Gallimard

 

Ava s’est fait agresser par un inconnu qui lui a ravagé le visage à coups de poing américain. Son joli minois qui faisait la fierté de Nicole, sa mère, et de son compagnon, Marius, n’est plus qu’une horrible gueule difforme et cauchemardesque. Bien sûr, elle souffre le martyre : ses muscles faciaux sont tétanisés, sa chair est à vif, suintante, ensanglantée. Elle décide toutefois de ne pas porter plainte, ni même de s’ouvrir, un tant soit peu à sa mère, de sa toute récente agression. Encore plus surprenant, eu égard au milieu social fortuné dont elle est issue, Ava refuse catégoriquement de passer sous le scalpel d’un chirurgien esthétique. C’est que d’emblée, ou à peine passé le choc initial, elle prend conscience que cet événement, bien que revêtant tous les atours d’une innommable tragédie, sera déterminant quant à son désir d’émancipation : là où elle fut toujours considérée comme un trophée, un faire-valoir, que ce soit dans les soirées « ultra bobos » de son partenaire ou dans le cercle mondain de sa richissime mère, Ava exhibe sa laideur avec une férocité jubilatoire, qu’elle accompagne d’une parole médisante, voire d’un discours haineux, puisqu’elle se sent désormais libre d’éructer une vie qu’elle déteste, un milieu qu’elle exècre. On aura vite compris que son entêtement à rester laide relève du règlement de comptes. Pour autant, l’intrigue ne se cantonne pas à la mise en pièces du beau monde parisien.

Delikatessen, Théo Ananissoh

Ecrit par Fawaz Hussain , le Lundi, 09 Juillet 2018. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Delikatessen, 2017, 186 pages, 18 € . Ecrivain(s): Théo Ananissoh Edition: Gallimard

 

 

Enéas est Togolais et vit depuis de longues années au Canada où il mène une vie paisible partagée entre l’enseignement et sa passion pour la poésie. Dévoré de nostalgie, il est de retour au bercail. Il veut revoir sa mère et se recueillir sur la tombe de son père, dont il tient le nom et les prénoms, Enéas Elliot Andoté. Écrit au présent et à la troisième personne du singulier, le roman s’étend sur trois jours, du jeudi au samedi. Loin d’être omniscient, le narrateur intervient parfois pour attirer l’attention du lecteur et porter certains jugements. Enéas rentrera au quatrième jour dans son autre pays, réputé pour la droiture de ses sujets, le froid de ses hivers et son sirop d’érable, encore faut-il que cette histoire se termine bien pour lui.

Faux-Miroir, Bernard Alteyrac

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 27 Juin 2018. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Faux-Miroir, mai 2018, 215 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Bernard Alteyrac Edition: Gallimard

 

Peut-on effacer ou à tout le moins atténuer les différences de classe ? C’est à cette question que s’attache Bernard Alteyrac dans son roman Faux-Miroir. Adrien est un paysan de Provence, dur à la tâche, soucieux de la prospérité de sa terre, avec pour tout espoir d’ascension sociale le mariage avec une femme de sa condition. Il est au service du marquis de Villecroze, dont il est l’intendant des terres, ce qui le distingue, un peu, du reste de la paysannerie locale. Henri de Villecroze, le fils du marquis châtelain, a connu dans sa prime enfance Adrien Juvénal, et s’est même lié avec lui, en dépit des différences sociales. Un événement, cependant, a éloigné les deux hommes : une promenade près d’un lac qui s’est très mal terminée et les a dissuadés de se revoir.

Colombe, le village natal d’Adrien, en ce début d’août 14, voit ses enfants partir au front : Adrien, bien sûr, avec ses camarades Lucien Vidal d’Arles, Victor André, Gaspard Brunet, avec lesquels il s’est lié pendant son service. Pourtant, quelque chose de troublant se produit : sur le quai de la gare de départ, Gabrielle, sœur jumelle d’Henri, s’avance vers Adrien, visiblement émue et bouleversée : elle crie, mais ses mots sont couverts par le vacarme du train qui démarre…

A l’aube, Philippe Djian

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Lundi, 25 Juin 2018. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

A l’aube, avril 2018, 192 pages, 19 € . Ecrivain(s): Philippe Djian Edition: Gallimard

 

Philippe Djian aime les vastes espaces ruraux ou urbains, dans lesquels il place des personnages pulsionnels et torturés et des intrigues sulfureuses.

Dans ce roman, la scène se passe autour de la très Old-England, East-Coastville de Boston, dans la campagne de l’état du Massachussetts, mais en fait d’Amérique il s’agirait bien plutôt d’une France sudiste, brute et profonde, à l’image de celle de 37°2 le matin, ou encore d’une lointaine inspiration du fabuleux roman Le Bruit et la Fureur de William Faulkner. Ainsi, les prénoms des personnages, tous américanisés sauf celui de Sylvie, la femme du shérif, et l’omniprésence de Marlon, qui, comme le Benjy de Faulkner, souffre de maladie mentale, tissent un entrelacs de références torrides que le désert froid et enneigé des dernières pages ne suffit pas à oblitérer.

Surtout, ce que l’on retrouve dans les romans de Djian, ce qui fait sa force, son charme et qui forge sa prose narrative, ce sont les dialogues, mi-intérieurs mi-extériorisés, à peine signalés par un retour à la ligne, sans ponctuation, sans marque énonciative distincte, souvent sans incise. Des phrases hâchées qui sont le propre de personnages sous tension.

Le Ministère du Bonheur Suprême, Arundhati Roy

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 12 Juin 2018. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Roman

Le Ministère du Bonheur Suprême, janvier 2018, trad. anglais (Inde) Irène Margit, 536 pages, 24 € . Ecrivain(s): Arundhati Roy Edition: Gallimard

 

Qui se laissera emporter par ce roman torrentueux de l’amont à l’aval se souviendra longtemps, peut-être à jamais, d’Anjum, dont la vie mouvementée, depuis le jour de sa naissance, est le fil de trame sur lequel va courir une immense chaîne narrative.

Anjum est née Aftab.

« La nuit où Jahanara Bégum lui donna naissance fut la plus heureuse de sa vie. Le lendemain matin, au soleil déjà haut, dans la douce chaleur de la chambre, elle démaillota le petit Aftab. Elle explora son corps minuscule […]. C’est à ce moment qu’elle découvrit, niché sous ses parties masculines, un petit organe, à peine formé, mais indubitablement féminin ».

Jahanara Bégum cache cette particularité hermaphrodite à son mari Mulaqat Ali, lequel, bien que descendant « en droite ligne de l’empereur moghol Gengis Khan », exerce le modeste métier de hakim (soigneur par les plantes), jusqu’au jour où Aftab est contraint de quitter, à l’âge de neuf ans, l’école de musique, ne supportant plus les railleries des autres enfants :