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Gallimard

Les éditions Gallimard, appelées jusqu’en 1919 les éditions de la Nouvelle Revue française et jusqu’en 1961 la librairie Gallimard, sont ungroupe d'édition français. La maison d'édition a été fondée par Gaston Gallimard en 1911. Le groupe Gallimard est actuellement dirigé par Antoine Gallimard. Considérée comme l'une des plus importantes et influentes maisons d'édition en France, notamment pour la littérature du xxe siècle et contemporaine, Gallimard possède en 2011 un catalogue constitué de 35 prix Goncourt, 36 écrivains ayant reçu le prix Nobel de littérature, et 10 écrivains récompensés du prix Pulitzer.


La Femme aux Cheveux roux, Orhan Pamuk (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Lundi, 13 Mai 2019. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Roman

La Femme aux Cheveux roux, mars 2019, trad. turc Valérie Gay-Aksoy, 304 pages, 21 € . Ecrivain(s): Orhan Pamuk Edition: Gallimard

 

Habituellement chantre d’Istanbul, Orhan Pamuk se fait ici, dans la première partie de La Femme aux Cheveux roux, écrivain du monde rural : on y retrouve des échos de la célèbre saga romanesque des Memed – Memed le Mince, Memed le Faucon, Le retour de Memed le Mince, et Le dernier combat de Memed le Mince – publiés par Yachar Kemal en Turquie de 1955 à 1984.

Mais il s’agit aussi d’un roman d’apprentissage dans lequel le jeune narrateur de 16 ans, Cem, pour payer ses études, est engagé comme apprenti pour l’été par un puisatier, Maître Mahmut. Sur la commande d’Hayri Bey – bey signifie en turc « chef de clan » –, un riche bourgeois, ils vont forer en zone aride et rocheuse à la recherche de la précieuse eau, « aux alentours de Kuçukçekmece » (l’un des trente-neuf districts d’Istanbul), non loin du bourg d’Öngören. Entre le maître et l’apprenti se noue une relation, paternelle pour l’un, de filiation pour l’autre, mêlée de souvenirs récurrents du mythe d’Œdipe.

Enfin le royaume, François Cheng (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Lundi, 13 Mai 2019. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Enfin le royaume, Quatrains, février 2019, 224 pages, 7,40 € . Ecrivain(s): François Cheng Edition: Gallimard

 

Les poèmes de François Cheng sont autant de raccourcis de temps où s’invitent la permanence et la continuité : « A l’apogée de l’été/ Retient ce qui a été : / Tous les fruits suspendus/ Toute la soif étanchée ».

Avec son éternelle soif de l’attente, quel que soit le moment et quelle que soit l’attente, le poète est à la fois dans l’expectative et l’émerveillement nourri d’optimisme incité par une source initiale coulant en filigrane : « Toi, tu entends le bruit des étoiles qui passent ».

C’est que ce poète de stature a besoin de cet écho multiplié pour se rendre à l’évidence de sa plénitude qu’il compte bien transmettre à autrui : « Tout d’ici t’est offert, offre, toi à ton tour ! ».

Si parfois le crépuscule « s’exténue », c’est pour mieux se rendre à l’évidence d’un matin tournant la page à l’appui de « l’habitable étincelle » puisque « Ici/ Nous avons tracé le trait/ Nous avons laissé vacant/ Afin qu’un jour advienne ».

Le tour de l’oie, Erri De Luca (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 07 Mai 2019. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Italie

Le tour de l’oie, février 2019, trad. italien Danièle Valin, 176 pages, 16 € . Ecrivain(s): Erri de Luca Edition: Gallimard

 

Renonçant à la fiction mais la nourrissant par un autre tour – comme un jeu inventif –, celui de se donner un fils interlocuteur, le romancier Erri De Luca signe un dialogue étrange, au creux de sa maison, entamant avec un enfant inventé une conversation à bâtons rompus sur le tout, le rien, le passé qui revient lancinant, ses propres parents, son aventure d’homme, travailleur, rebelle, contestataire, écrivain, apprenti de la vie.

L’auteur, Napolitain né en 1950, a été ouvrier, est devenu alpiniste, romancier, a failli terminer en prison pour la défense de la nature contre un projet d’autoroute, vit aujourd’hui pour l’écriture. L’un des derniers a suscité un enthousiasme certain : La nature exposée (dont j’ai évoqué la teneur ici même).

Ici, le romancier se dévoile, recourt à ses parents morts, revitalise cette période de l’enfance – souvent tombée en cendres chez d’autres –, ici, nourrie d’anecdotes et du grain de réalisme qui fait sa patine.

La Collection Emil Bührle (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 03 Mai 2019. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, Albums

La Collection Emil Bührle, Lukas Gloor, Gallimard, mars 2019, Catalogue d’exposition, 190 pages, 35 € Edition: Gallimard

L’art en témoignage

Le catalogue de la Collection Bührle, dont la couverture est agrémentée d’un détail du Champ de coquelicots près de Vétheuil, de Monet, de 1879, relate le cheminement des acquêts de l’industriel et le répertoire d’une partie de sa collection. L’exposition de cette collection, au Musée Maillol à Paris du 20 mars au 21 juillet 2019, sous l’égide de Culturespaces, a déclenché une vive polémique. D’une part, parce qu’Emil Georg Bührle (1890-1956) a dirigé une grande entreprise industrielle « dans le cadre du réarmement secret de l’Allemagne » (L. Gloor), en rachetant les parts de l’usine Oerlikon-Bührle & Co en 1937, et d’autre part, à cause de révélations sordides, liées à la spoliation de biens et d’objets précieux ayant appartenu à des citoyens juifs (désignés comme tels par les nazis). Ainsi, il était donc utile de connaître les noms des commissaires-priseurs des grandes maisons de ventes aux enchères, de suivre la chronologie de tout un commerce d’œuvres d’art, identifiées comme acquises légalement dans un premier ou un second temps. Des dates, des noms et des lieux témoignent des transactions financières durant le 3ème Reich notamment, ces tableaux servant souvent de monnaies d’échange. Par la suite, l’on apprend qu’Emil Bührle a restitué et racheté « les derniers tableaux spoliés [et que jusqu’à sa mort il] acquérait en propre une centaine d’œuvres par année ».

Vercingétorix, Jean-Louis Brunaux (par Vincent Robin)

Ecrit par Vincent Robin , le Mardi, 30 Avril 2019. , dans Gallimard, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Histoire

Vercingétorix, février 2018, 330 pages, 22 € . Ecrivain(s): Jean-Louis Brunaux Edition: Gallimard

 

Nos connaissances sur la Gaule non provinciale, du temps où elle perdit sa libre indépendance pendant le premier siècle avant notre ère, relèvent essentiellement des témoignages de guerre (les Commentarii de bello gallico) que Jules César façonna entre les années 58 et 52. Ce fut la période de ses interventions militaires poursuivies dans presque toutes les régions de ce vaste territoire composite et peuplé, dont il rendit compte point par point au sénat romain. Fédérateur de la résistance ultime face au futur dictateur romain lors de ses incursions en Gaule dite « chevelue », Vercingétorix apparut au final comme le dernier plus sérieux adversaire militaire que le proconsul trouva sur son chemin avant de soumettre à Rome l’ensemble de l’ouest européen continental. Mais la Guerre des Gaules, écrits uniques rapportant ces épisodes très largement à la gloire de leur rédacteur, suffira-t-elle jamais à raconter la vérité objective de cette courte décennie historique ? On sait que non. Montaigne reprochait déjà à César « les fausses couleurs de quoi il veut recouvrir sa mauvaise et pestilente ambition ». Parmi les observateurs critiques et contemporains du texte-rapport de Jules César publiciste de sa victoire, Jean-Louis Brunaux ouvre à son tour une perspective un peu moins manichéenne et orientée des évènements relatés, en suggérant les qualités méconnues du profil présomptif du grand vaincu d’Alésia.