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Métailié

 

Les Éditions Métailié ont été fondées en 1979, avec un capital permettant de financer la fabrication de trois livres. Les dix premières années ont été pour Anne Marie Métailié, sa fondatrice, des années de formation sur le tas et de construction des structures d'un catalogue qui, d'abord orienté vers les sciences sociales avec les collections Traversées, dirigée par Pascal Dibie, et Leçons de Choses, dirigée par Michael Pollak et Luc Boltanski, s'est tourné progressivement vers la littérature étrangère avec pour commencer le Brésil, Machado de Assis et Carlos Drummond de Andrade, et le Portugal avec Antonio Lobo Antunes, José Saramago et Lídia Jorge.

Au terme de ces années d'apprentissage, l'entrée de la maison dans le système de diffusion du Seuil et la publication d'un inconnu dont le bouche à oreille fera un best-seller - Luis Sepúlveda, Le Vieux qui lisait des romans d'amour - créent les conditions d'une meilleure présence en librairie et une stabilisation de la maison qui lui permet de s'ouvrir à de nouvelles découvertes et de nouveaux paris.

 

Le Lagon Noir, Arnaldur Indridason

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 07 Juillet 2016. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Pays nordiques, Roman

Le Lagon Noir, mars 2016, trad. islandais Eric Boury, 319 pages, 20 € . Ecrivain(s): Arnaldur Indridason Edition: Métailié

 

Voilà sans conteste un livre qui offre la garantie de passer un bon moment de lecture.

La première qualité de ce roman noir est de faire voyager le lecteur. L’action se déroule en effet dans un pays dont on parle peu, la mystérieuse et brumeuse Islande.

Son second atout est de mettre en lumière un épisode historique intéressant. L’Islande fait partie de l’OTAN. Dans ce cadre, de 1951 jusqu’en 2006, une importante base militaire américaine était installée à Keflavik, l’île étant considérée comme occupant géographiquement une position stratégique de premier plan dans le contexte de la Guerre Froide.

C’est cette base américaine qui est le lieu principal du roman.

Le monde extérieur, Jorge Franco (Critique 2)

Ecrit par Cathy Garcia , le Mercredi, 29 Juin 2016. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman

Le monde extérieur, traduit de l’espagnol (Colombie) par René Solis, mars 2016. 272 pages, 20 €. . Ecrivain(s): Jorge Franco Edition: Métailié

 

Entre polar de bras cassés, drame socio-psychologique et conte de fée, ce roman est un tissage de genres aux contours floutés, où chaque personnage, quelque soit son statut, sa classe sociale, son rêve ou son opiniâtreté, ne pourra jamais accéder au bonheur.

Mono, l’antihéros est l’un des personnages centraux de l’histoire. Enfant des quartiers modestes devenu petit caïd trentenaire et ambitieux, il est obsédé depuis son plus jeune âge par Isolda, la fille du château. El Castillo, cette improbable copie de château-fort, qu’a fait construire sur les hauteurs de Medellin, Don Diego Echavarría Misas, issu d’une très riche famille colombienne et compagnon de Dita, une allemande qui n’a jamais voulu se marier. Isolda est leur fille unique.

Isolda a grandi à l’abri du monde extérieur, derrière les murs du château, mais elle s’échappe aussi souvent qu’elle le peut dans la forêt tropicale du parc qui l’entoure. C’est de là qu’elle ressort avec d’extraordinaires et mystérieuses coiffures, joliment décorées d’herbes et de fleurs. C’est aussi dans ce parc, que Mono et ses copains savent se faufiler pour observer en cachette cette jolie fillette, puis jeune adolescente, si différente d’eux.

Le carnaval des innocents, Evelio Rosero

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 14 Mai 2016. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman

Le carnaval des innocents (La carroza de Bolivar), janvier 2016, trad. espagnol (Colombie) François Gaudry, 303 pages, 21 € . Ecrivain(s): Evelio Rosero Edition: Métailié

 

Le Carnaval des innocents nous plonge dans la Colombie de la fin des années 60, à la veille du Carnaval des noirs et des blancs (Le « Carnaval de Negros y Blancos » qui figure depuis 2009 au patrimoine immatériel mondial de l’Unesco), dans la ville de Pasto, au pied du volcan Galeras, précisément dans les premiers jours de l’année 1966. Le Dr Justo Pastor Proceso, dont les infidélités de l’épouse, la belle Primavera, sont largement connues, voit enfin l’occasion de dire aux yeux de ses concitoyens tout le mal qu’il pense du « libérateur » Simon Bolivar. C’est que la ville de Pasto a été le théâtre d’un des épisodes les plus violents et radicaux de la guerre d’indépendance, un des points forts aussi de la mythologie bolivarienne. Une mythologie qui n’est, pour le docteur et quelques-uns de ses amis, qu’une forfaiture et une imposture. Tout cela, le docteur entend le montrer aux yeux du peuple au travers d’un grand char de Carnaval dans lequel il est prêt à engloutir une très large part de sa relative richesse. Cela n’est pas sans risque en ces années où les FARC font leurs premières armes alors que le pays sort à peine de la période que l’on nommera plus tard la Violencia.

L’Etrange Mémoire de Rosa Masur, Vladimir Vertlib

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 15 Avril 2016. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, Langue allemande, Roman

L’Etrange Mémoire de Rosa Masur, février 2016, trad. allemand (Autriche) Carole Fily, 420 pages, 22 € . Ecrivain(s): Vladimir Vertlib Edition: Métailié

 

L’Etrange Mémoire de Rosa Masur est le quatrième ouvrage publié par l’Autrichien d’adoption Vladimir Vertlib (1966). Malgré le succès rencontré Outre-Rhin, il aura fallu attendre quinze ans pour qu’il soit traduit en français – c’est d’ailleurs le premier ouvrage de Vertlib à connaître ce sort. Etant donné l’accueil plus que favorable réservé à L’Etrange Mémoire de Rosa Masur, récompensé par le prix Adalbert-von-Chamisso (un prix décerné à un ouvrage de langue allemande écrit par un auteur dont ce n’est pas la langue maternelle) et le prix Anton-Wildgans (un prix destiné à encourager de jeunes écrivains autrichiens prometteurs), nul doute que d’autres traductions suivront.

Ce roman débute quasi comme un gag, une farce flaubertienne : dans une petite ville fictionnelle allemande du nom de Gigricht, en vue du nouveau millénaire et en célébration de son (supposé – Vertlib s’en amuse avec délectation vers la fin du roman (se) jouant de la notion de document historique fiable… ou non, ce qui remet en perspective un certain point des faits narrés par Rosa Masur) sept cent cinquantième anniversaire, la municipalité décide de publier un ouvrage, avec l’aide d’un institut d’histoire, un livre destiné à favoriser et montrer l’intégration des étrangers, qui « s’intitulerait Etrange patrie. Une patrie à l’étranger […].

Le monde extérieur, Jorge Franco

Ecrit par Zoe Tisset , le Mercredi, 13 Avril 2016. , dans Métailié, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Amérique Latine, Roman

Le monde extérieur, traduit de l'espagnol (Colombie) par René Solis, mars 2016, 267 pages, 20 € . Ecrivain(s): Jorge Franco Edition: Métailié

Dans ce livre, plusieurs histoires s’entremêlent. Le lecteur est un peu comme un géologue étudiant les différentes strates d’une terre. Ici, c’est la Colombie, mais c’est aussi les états d’âme de personnages bigarrés, rencontres improbables d’une femme allemande désinhibée vivant à Berlin et d’un colombien plutôt sectaire, amoureux de musique classique et dont le meilleur ami est un ancien nazi.

« Il n’était pas encore habitué à la promiscuité de la nudité chez une femme bien élevée. Il ne lui avait jamais dit, mais il préférait qu’elle se change dans la salle de bain et qu’elle ressorte en peignoir. Lui n’était pas capable de se déshabiller devant elle, il mettait toujours son pyjama. Qu’elle lui enlève après c’était une autre histoire ».

Don Diego fait construire un château en Colombie pour habiter avec Dita, de cette union naît une fille : Isolda. Pour s’échapper de cette prison dorée, celle-ci avec la complicité de la forêt toute proche s’invente des coiffures incroyables, imbibée de terre, de fleurs et de feuilles, elle fuit l’ennui. « Dans la forêt, les cheveux d’Isolda se transforment en spirale qui grandit à mesure que les amirages les lui tressent. Et ils l’ornent avec des gueules de loup et des pensées mauves, jaunes et blanches. Elle, sereine, les laisse volontiers la coiffer avec leur corne jusqu’à ce que sa tête ressemble à un cornet de crème glacée ». Et puis il y a Mano, le garçon pauvre, extérieur au château, qui jour après jour observe Isolda, cette princesse, si loin de son monde.