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Métailié

 

Les Éditions Métailié ont été fondées en 1979, avec un capital permettant de financer la fabrication de trois livres. Les dix premières années ont été pour Anne Marie Métailié, sa fondatrice, des années de formation sur le tas et de construction des structures d'un catalogue qui, d'abord orienté vers les sciences sociales avec les collections Traversées, dirigée par Pascal Dibie, et Leçons de Choses, dirigée par Michael Pollak et Luc Boltanski, s'est tourné progressivement vers la littérature étrangère avec pour commencer le Brésil, Machado de Assis et Carlos Drummond de Andrade, et le Portugal avec Antonio Lobo Antunes, José Saramago et Lídia Jorge.

Au terme de ces années d'apprentissage, l'entrée de la maison dans le système de diffusion du Seuil et la publication d'un inconnu dont le bouche à oreille fera un best-seller - Luis Sepúlveda, Le Vieux qui lisait des romans d'amour - créent les conditions d'une meilleure présence en librairie et une stabilisation de la maison qui lui permet de s'ouvrir à de nouvelles découvertes et de nouveaux paris.

 

Deuil, Gudbergur Bergsson

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 18 Avril 2013. , dans Métailié, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Pays nordiques, Roman

Deuil. Traduit de l’islandais par Eric Boury février 2013. 126 p. 15 € . Ecrivain(s): Gudbergur Bergsson Edition: Métailié

 

 

Etrangement, ce livre est beaucoup moins sombre qu’on ne l’attend. Pourtant tout y est, du titre au sujet et à la narration même. Un vieil homme, veuf, mal en point et assez dépressif qui n’a plus d’autre attente que la pathologie éventuelle et la mort inéluctable. Pas d’autres distractions que les souvenirs de sa femme aimée et perdue, de quelques scènes de sa vie, de ses enfants, affectivement lointains désormais. Pas d’autres distractions que le chuchotis d’une bouilloire, quelques bruits venus du dehors. Tout le cadre d’un roman noir, voire lugubre. Et pourtant, Bergsson écrit un récit qui ne l’est jamais.

Quelque chose d’un regard qui reste amusé sur le désastre qu’est en fin de compte, imparablement, une vie. Même le (les) malheur peut être vu avec un sourire, amer certes mais un sourire. Cela porte un nom : l’humour, une certaine épaisseur de distance au propos, que Bergsson manie avec talent. Même le souvenir douloureux de la femme d’une vie garde une trace d’amusement :

Poisons de Dieu, remèdes du Diable, Mia Couto

Ecrit par Martine L. Petauton , le Vendredi, 15 Février 2013. , dans Métailié, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Afrique, Langue portugaise, Roman

Poisons de Dieu, remèdes du Diable, traduit du portugais (Mozambique) Elisabeth Monteiro Rodrigues, Janvier 2013, 167 p. 17 € . Ecrivain(s): Mia Couto Edition: Métailié

 

On entre en littérature portugaise par la plus belle langue du monde, la plus musicale, entre graves et moelleux, la plus dépaysante à regarder habiter les pages, à l’image de ce pays unique. On y entre souvent par son grand (le plus grand ?) écrivain : Antonio Lobo Antunes, le maître du « Barroco », et sa perle étrange des livres et de l’imaginaire… on y voyage – n’est-ce pas le pays des Grandes Découvertes ? parfois, au fin fond de l’Afrique colonisée si tard (le dernier pays à avoir « rendu les clefs », fut en effet le Portugal)…

Ce petit et dense livre est à l’image, et du pays, de son Histoire, et de sa littérature. C’est bien un livre qui sonne portugais, mais vu, écrit d’ailleurs, du coup, étrange. De ces terres, anciennes colonies du bas d’une Afrique qui semble vivre à un autre rythme : le Mozambique. Pas l’Angola dans les griffes d’une infinie violence, perpétuelle et culpabilisante, du Cul de Judas de Lobo Antunes, justement. Un Mozambique calme – immobilité d’alizés – post-colonial, relié encore à sa métropole d’antan, par une corde usée, dépenaillée, mais solide, comme ces bateaux colorés qui brinqueballent à Nazareth ou ailleurs… relié, à l’évidence, surtout par la langue et la langueur de son écriture, plus, ça et là, quelques effluves de mélancolie.

Le dernier Lapon, Olivier Truc

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 25 Octobre 2012. , dans Métailié, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Roman

Le dernier Lapon. septembre 2012. 453 p. 22 € . Ecrivain(s): Olivier Truc Edition: Métailié

Pour le moins, on peut affirmer que ce livre propose au lecteur un dépaysement radical. Imaginez : nous sommes dans la nuit polaire, en Laponie, au cœur du pays des éleveurs de rennes, par des températures oscillant entre -20 et -30 degrés ! On est plus exactement au moment où le jour va faire sa réapparition, très attendue on l’imagine par les populations locales. Mais cette renaissance se fait chichement, par petites minutes quotidiennes de clarté.

C’est dans ce cadre hostile et fascinant qu’Olivier Truc situe son histoire policière. Car c’est bien d’un roman noir qu’il s’agit. Deux événements en sont à l’origine : la disparition dans un musée local d’un ancien tambour Sami (peuplade indigène de Laponie, Suède du nord) et l’assassinat d’un gardien de rennes, Mattis, également Sami. Dans une Suède du septentrion, encore sujette au mépris raciste de ses populations originelles – il existe même une sorte de parti d’extrême-droite raciste appelé « parti de progrès » - la question se pose d’entrée : forfaits raciaux ?

Deux policiers (un homme et une femme) mènent l’enquête. Lui, c’est Klemet, un indigène sami justement. Elle, c’est une jeune femme, policière de fraîche date, Nina. Ils forment un tandem attachant et sympathique. Klemet, vieillissant, désabusé par une vie médiocre, bougon mais au coeur d’or. Nina, jolie, intelligente et d’un sérieux à toute épreuve.

Pigeon vole, Melinda Nadj Abonji

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 03 Octobre 2012. , dans Métailié, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Langue allemande, Roman, La rentrée littéraire

Pigeon vole, trad. Allemand Françoise Toraille. août 2012, 238 p. 20 € . Ecrivain(s): Melinda Nadj Abonji Edition: Métailié

 

Pour paraphraser le titre d’un essai récent, nous pourrions nous demander, à l’issue de la lecture de l’ouvrage de Melinda Nadj Abonji, ce qu’est une intégration réussie pour des immigrés.

C’est d’abord, nous dit l’auteure, encore et toujours une immense souffrance, une déchirure toujours douloureuse. Certes, l’intensité de cette douleur est variable, elle n’en est pas moins une constante : c’est le cas de la famille Kocsis, dont les parents Rosza et Miklos quittent la Voïvodine pour la Suisse alémanique, en compagnie de leurs enfants Ildiko et Nomi.

La province dont ils sont originaires est une contrée d’expression magyare, rattachée à la République populaire de Yougoslavie, puis à la Serbie, après l’éclatement de la Yougoslavie.

L’auteure décrit ainsi les tests et multiples pièges dont un immigrant candidat à une future citoyenneté suisse doit sortir vainqueur ; tests sur la langue allemande, sur l’histoire suisse, l’observance des règles de propreté, dont ce pays est si fier… Elle dépeint magnifiquement l’angoisse générée par la réponse des autorités du pays d’accueil :

Histoire d'une mouette et du chat qui lui apprit à voler, Luis Sepulveda

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 17 Septembre 2012. , dans Métailié, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Jeunesse, Seuil Jeunesse

Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler, illustré par Miles Hyman, Seuil Jeunesse & Métailié, 23 août 2012. 112 p. 25 € . Ecrivain(s): Luis Sepulveda Edition: Seuil Jeunesse

Encore un très beau collector en série limitée, pour fêter les 20 ans de Seuil Jeunesse, en collaboration avec les Éditions Métailié qui ont publié Histoire d’une mouette et du chat qui lui apprit à voler, pour la première fois, en 1996. On connaît le talent de conteur de Sepúlveda, et quand ce talent est mis au service des enfants, fidèle à lui-même, cela donne une fable intelligente, écologiste, drôle et poétique qui plaît autant aux petits qu’aux grands. On y parle d’amitié, de courage, de confiance, d’entraide et de l’amour de l’autre dans sa différence.

Avec une couverture en toile sérigraphiée et un tiré à part, le tout est présenté dans une pochette transparente fermée par un autocollant signé Muzo. Un écrin à la hauteur, pour cette nouvelle édition grand format, avec de très belles illustrations de Miles Hyman.

Zorbas, est un bon gros chat noir heureux, qui a une belle vie, depuis qu’un jeune garçon l’a sauvé, tout petit, du bec d’un pélican pas très futé. Quand son jeune maître s’apprête à partir en vacances pour deux mois, Zorbas sait qu’il va pouvoir lui aussi profiter d’un temps rien que pour lui, car tout est parfaitement organisé pour son confort : logis, nourriture, et la liberté d’aller et venir comme bon lui semble.