Identification

La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Collection de poche des éditions de la Table Ronde

 

César Capéran ou la Tradition, Louis Codet (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 29 Janvier 2019. , dans La Table Ronde - La Petite Vermillon, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

César Capéran ou la Tradition, novembre 2018, 144 pages, 6,10 € . Ecrivain(s): Louis Codet Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Elégance, finesse, délicatesse, la liste des adjectifs qui accompagnent la lecture des textes de Louis Codet sont à l’image de ce dandy roussillonnais par sa mère et limousin par son père, formé au Lycée Condorcet, Docteur en droit, parfait exemple de cette élite intellectuelle du début du XXesiècle qui écrit, peint, débat à l’Assemblée nationale avec un total naturel et une parfaite aisance.

Dans ce court roman qui sera édité par Gaston Gallimard après sa mort, Louis Codet, le ton enjoué et gentiment moqueur, décrit la rencontre du narrateur avec un jeune gascon, César Capéran, « monté » à Paris dans l’attente d’un obscur poste au sein d’un non moins obscur ministère des Colonies. Un jeune homme qui ne fait strictement rien de ses journées et vit chichement sur les modestes revenus d’un petit domaine occitan de Barbazanges qui lui fournit pommes, poules et vin. « C’était du bon vin blanc, très clair, ayant goût de pierre à fusil, l’agréable vin de l’Armagnac. J’en avais bu de semblable dans son pays, là-bas, quelque soir où je me reposais, entre deux caisses de lauriers roses, sur le seuil plaisant d’une auberge, tandis que les chars à bancs qui revenaient du marché roulaient sous les ormeaux poudreux de la grand’route… » (p.26).

Un homme qui savait, Emmanuel Bove (Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 10 Janvier 2019. , dans La Table Ronde - La Petite Vermillon, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Un homme qui savait, 216 pages, 7,10 € . Ecrivain(s): Emmanuel Bove Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Romancier précoce (un premier livre à 26 ans), Emmanuel Bove a publié, le temps d’une carrière fulgurante (il mourut dès 1945), une vingtaine de livres.

La réédition de ce roman écrit en 1942 permet à un large public de redécouvrir une plume que l’on compare souvent à d’autres figures incontournables de ces années-là, disparues, puis ressuscitées : Gadenne, Calet, Hardellet, Vialatte, merveilleux stylistes.

Un homme qui savait est le genre de titre particulièrement voltairien, puisque le lecteur se rendra vite compte des abîmes qui enfouissent le destin de ce médecin, Maurice Lesca, qui a rompu avec son passé pour finir son périple d’homme, sans rien savoir de sûr, dans une pauvre piaule, mendiant l’amitié d’une Madame Maze, libraire de son état, comme celle de sa sœur Emily qu’il a fini par héberger, elle qui a laissé un fils à Noyon.

Marcel Proust Une biographie, Michel Erman

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 16 Novembre 2018. , dans La Table Ronde - La Petite Vermillon, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie

Marcel Proust Une biographie, mars 2018, 384 pages, 8,90 € . Ecrivain(s): Michel Erman Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

Honneur 2018 de la Cause Littéraire

Après Bottins proustiensLes 100 mots de Proust, voici de nouveau attelé à la tâche proustienne le spécialiste Michel Erman, auteur, depuis 1988, de pas moins de dix ouvrages tout entiers consacrés au grand Marcel. Professeur à l’université de Bourgogne, Erman donne ici, après d’autres, un modèle de biographie. Claire, précise, abondante en anecdotes qui donnent sens, riche en informations sur la genèse, la jeunesse d’un génie et sur les avatars d’une carrière ainsi que sur les métamorphoses d’un mondain en critique d’art et romancier unique.

Le sérieux philologique (suffit-il de se reporter aux notes et références bibliographiques fécondes de la fin du volume : pp.319-374), l’écriture fluide (l’essai se lit comme un roman, bien structuré en seize parties dessinant l’évolution du petit Marcel d’Auteuil au grabataire loué enfin), font oublier qu’il y eut avant un Ghislain de Diesbach (pour un ouvrage parsemé d’erreurs orthographiques !), un Proust par lui-même de Claude Mauriac, un Proust et les signes de Deleuze… c’est dire que cette nouvelle biographie fera date.

La pluie à Rethel, Jean-Claude Pirotte (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 29 Octobre 2018. , dans La Table Ronde - La Petite Vermillon, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

La pluie à Rethel, septembre 2018, 176 pages, 7,30 € . Ecrivain(s): Jean-Claude Pirotte Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Publié la première fois en 1981, aux éditions Luneau Ascot, le récit de Pirotte mêle, dans un délicieux amalgame, le roman d’un écrivain se regardant écrire, et les aventures autobiographiques de l’auteur, jouant des deux registres pour mener par le bout du nez son lecteur.

Le titre, qui s’éclaire à la page 78, restitue certes un climat, une atmosphère, celle d’une petite ville de province aussi stérile pour le narrateur que ce qu’il semble relater, mais aurait pu donner « L’homme qui se souvient écrit ».

Jean, Jan par le passé hollandais, arrivé à Rethel et au moment de sa vie où il pense devoir sacrifier à la mémoire, surtout amoureuse, et latéralement amicale et soulographique. Les prénoms féminins, Mina, Virginia, Mara, les trois C. ponctuent un parcours circonstancié : les canaux, les bords de mer de la Gueldre, les berges d’Amsterdam, qui ménage aussi des étapes plus anciennes encore quand le narrateur, déjà épris de voyages et de baguenaudes, menait à 15-16 ans des jours de « fraude ».

Journal d’un étranger à Paris, Curzio Malaparte (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 09 Octobre 2018. , dans La Table Ronde - La Petite Vermillon, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Italie

Journal d’un étranger à Paris, juin 2018, trad. italien Gabrielle Cabrini, 368 pages, 8,90 € . Ecrivain(s): Curzio Malaparte Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Trois parties (« 1947 », « 1948 », « Non daté ») constituent ce journal tenu par l’Etranger à l’étranger, dans cette ville que l’auteur a eu l’occasion de connaître dès les années 20, et mieux, dans les années 30, son dernier séjour. Il revient en 1947, 1948, et tient registre de ses rencontres, de ses dîners, de tout le climat intellectuel de l’époque, en pleine vague existentialiste. L’esprit indépendant du romancier de La peau et de Kaputt ne cache pas ses détestations, ses partis-pris (nombreux), sa « vision » des choses écornée par un rejet de tout ce qui n’est pas dans son esprit. Il s’en donne à cœur joie – l’intelligence n’est pas toujours au rendez-vous – pour égratigner même les plus gentils (ainsi son portrait de Camus), pour répéter à l’envi que la France, c’est la grâce, que Cocteau, c’est la grâce et l’esprit français. Bon, on a compris : il n’aime pas les gens des pays balkaniques, il n’aime pas l’esprit cartésien ; on le comprend : il multiplie les sophismes, les postulats délirants et il suffit de se reporter à la partie « Non daté » pour s’en convaincre :