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L'Harmattan

Les Éditions L'Harmattan sont une maison d'édition française, créée et dirigée par Denis Pryen depuis 1975, et qui tire son nom du vent l'Harmattan.


La Défense d’aimer, Domitille Marbeau Funck-Brentano (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Jeudi, 20 Août 2020. , dans L'Harmattan, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

La Défense d’aimer, Domitille Marbeau Funck-Brentano, octobre 2019, 145 pages, 15,50 € Edition: L'Harmattan

 

La Défense d’aimer, titre repris d’une œuvre de jeunesse de Richard Wagner, donne le « la » de ce court roman : la passion amoureuse est-elle un philtre mortel ? Faut-il s’interdire ces élans d’illusions sublimes… mais si fragiles ? L’art n’est-il pas une plus douce consolation que la passion amoureuse ? Le récit se déroule en 1978 à Bayreuth, pendant le Ring de Wagner par Chéreau/Boulez. Cet univers wagnérien nous rappelle instantanément le dilemme Nietzschéen : Apollon ou Dionysos, la mesure ou au contraire l’exubérance. La musique de Wagner donne envie aux deux protagonistes, Domitille et Jean-Pierre, surnommé « Fasolt », de « s’égarer dans ce long crescendo où la musique fait grandir insidieusement le désir d’aimer ». Ce roman mêle la passion de l’opéra aux amours romantiques, rythmée par un style joliment poétique. C’est une alchimie qui se lit comme une partition musicale et philosophique. Comme mentionné au dos du livre, c’est l’histoire d’une « double passion amoureuse et lyrique ». Mais au fond ne s’agit-il pas de la même passion ? L’art tire sa puissance du fait qu’il transforme le chaos de la passion amoureuse en œuvre sublime.

Le souffle du ciel, Sonia Elvireanu (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Lundi, 16 Décembre 2019. , dans L'Harmattan, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Le souffle du ciel, octobre 2019, 162 pages, 17 € . Ecrivain(s): Sonia Elvireanu Edition: L'Harmattan

 

Rencontre avec l’être aimé au-delà de toute apparence : voilà le ressenti premier à la lecture de ces poèmes qui élargissent l’état de grâce du projet, la motivation universalisant le propos. Les éléments naturels sont raccourcis dans leur état de manière à susciter chez le lecteur une sorte de choc des atomes perturbés dans leurs créations permanentes mêlant ciel, terreau nourricier et dialogue, tel : « Ouvre, ma bien aimée, le jour est en train de mourir, je suis venu te caresser ».

L’aspiration vers le haut s’arrête cependant en relais de vie entre la lumière et les feuilles des grands arbres complices, avec en écho « cette (ta) voix pour caresser les (mes) jours et retarder la nuit ».

La cohésion du ciel et de la terre ayant prise dans la réalité par neige pure interposée dans le silencieux gel des âmes, Sonia sait que « les choses de la vie ne sont pas des miracles », faisant de sa croyance une foi qui globalise bien une certaine ferveur tout humaine, avec « le baiser : (la) myrrhe et l’encens à l’aube ».

René Girard, philosophe politique, malgré lui, Une théorie mimétique des sociétés politiques, Jean-Marc Bourdin (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 09 Septembre 2019. , dans L'Harmattan, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

René Girard, philosophe politique, malgré lui, Une théorie mimétique des sociétés politiques, 264 pages, 28 € Edition: L'Harmattan

Aux yeux du monde universitaire et intellectuel (deux réalités qui sont loin de se confondre), René Girard a commis un triple péché. D’abord, il s’est éloigné de sa formation académique de départ – l’École des Chartes (où il soutint une thèse d’archiviste-paléographe sur Avignon à la fin du Moyen Âge) – pour naviguer (ou dériver, diront certains) vers la littérature comparée, puis l’anthropologie, mais sans rompre pour autant avec la littérature (une grande partie de son œuvre consiste en analyses de textes célèbres). Au lieu d’enseigner la littérature comparée dans quelque faculté provinciale, Girard fit toute sa carrière aux États-Unis où sa pensée fut, d’une manière ou d’une autre, reçue (le Gran Torino de Clint Eastwood est un film girardien). Quelques décennies plus tôt, un autre comparatiste de génie, Georges Dumézil, fut invité à faire carrière en Turquie, parce qu’il n’y avait pas de place pour lui en France. Être normalien et agrégé de lettres vous destine à enseigner Racine dans un lycée et non à étudier au fin fond de l’Anatolie des langues caucasiennes imprononçables. Dumézil finit par forcer le destin, mais hors de l’institution universitaire.

Les chercheurs de lumière, Révolutions minuscules, Séverine Jouve (par Pierrette Epsztein)

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mercredi, 27 Mars 2019. , dans L'Harmattan, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Les chercheurs de lumière, Révolutions minuscules, Séverine Jouve, L’Harmattan Coll. Amarante, janvier 2018, 154 pages, 16 €

 

« À certains moments de l’existence surgissent des crises. Elles dévoilent brutalement le caractère illusoire de ce que l’on avait pu croire, jusqu’alors, fondamental ».

Trois personnages inscrits dans trois champs artistiques différents, l’écriture pour Marie, la peinture pour Suzanne et la musique pour Alexandre, se croisent, se frôlent, sans s’accoster. Pourtant ces rencontres ne doivent rien au hasard, chacune d’elles charrie dans ses bagages d’autres contacts qui tous obéissent à une nécessité. Lucien Montaldo, le poète-pédagogue, l’ami discret, servira d’intermédiaire et de conseiller bienveillant, capable d’écoute et d’accueil.

Séverine Jouve, dans un roman flamboyant, Les chercheurs de lumière, nous fait entendre leur voix et nous permet de les suivre lors d’un épisode charnière de leur existence. Trois lieux, une terrasse, un pavillon, une clairière, vont jouer un rôle capital dans chacune de ces trois trajectoires. Ces lieux servent à structurer l’ouvrage en trois parties qui en fait n’en font qu’une.

Lumière, doucement, Marian Draghici (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Vendredi, 01 Février 2019. , dans L'Harmattan, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays de l'Est, Poésie

Lumière, doucement, avril 2018, trad. roumain, Sonia Elvireanu, 114 pages, 13,50 € . Ecrivain(s): Marian Draghici Edition: L'Harmattan

 

La mer, la lumière et puis la présence obsédante qui s’avance sur la pointe des douleurs :

« doucement, viens à moi mot à mot » avec aussi le poids d’une plume passant par « un hibou de dix tonnes » pour faire apparaître, dans cette sorte de rêve, la « chose », la douleur transcendant l’image de souvenirs doux rêvés en cauchemars colorés à l’instar d’un film terrifiant puisque « elle souriait à la fenêtre/ après qu’on lui avait arraché/ mains/ cœur/ cheveux ».

Le souvenir se fait terre, os, cheveux, autant d’images suggérant une sorte d’éclatement de la stupéfaction. Comme une idée se serait jetée contre un mur le souvenir la tête la première. Avec une dislocation à partir de soi éclaboussée sur les éléments tout autour, le texte est pressenti, page après page, de titres improbables annonçant le chaos. J’ai songé à des tableaux de Bosch où toute l’humanité s’éclate en diverses attitudes quotidiennes exacerbées dans une imagination prolifique.