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Actes Noirs (Actes Sud)

Collection polars d'Actes Sud


Toutes les vagues de l’océan, Victor del Árbol

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 01 Avril 2015. , dans Actes Noirs (Actes Sud), Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Espagne

Toutes les vagues de l’océan (Un millón de gotas), février 2015, trad. de l’espagnol par Claude Bleton, 608 p. 23,80 € . Ecrivain(s): Victor del Arbol Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

Attendu par les amateurs depuis des mois, le troisième titre d’un maître du thriller « made in Barcelona » traduit en France, toujours chez Actes Sud et dans une traduction de Claude Bleton : Toutes les vagues de l’océan (Un millón de gotas) de Víctor del Árbol. Un roman qui a demandé à son auteur, de son propre aveu, un important travail et qui fut plus « éprouvant » que les précédents (La maison des chagrins / Respirar por la herrida ; La tristesse du samouraï / La tristeza del samurai ; précédé par El peso de los muertos (pas traduit) et El abismo de los sueños (primé mais pas publié).

Un avocat discret, un peu débordé par la vie et les événements, Gonzalo Gil, est confronté à la mort de sa sœur, Laura, et à tout ce que celle-ci va entraîner. C’est que Laura, son aînée de quelques années, n’est pas quelqu’un de très ordinaire. Elle a commencé par publier un article qui contestait la légende entourant la vie et la disparition de leur père, est entrée dans la police alors que d’autres carrières, plus enviables, se présentaient à elle, s’est retrouvée dans une enquête qui semble avoir coûté la vie à son jeune fils pour être finalement accusée d’avoir cruellement exécuté l’assassin de celui-ci avant de se donner la mort. Gonzalo a du mal à simplement admettre ce qui s’est passé, ce qui se serait passé, et va partir à la chasse aux fantômes de son père, éveillant d’autres fantômes, encore trop vivants.

Le bourreau de Gaudí, Aro Sáinz de la Maza

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 10 Décembre 2014. , dans Actes Noirs (Actes Sud), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Le bourreau de Gaudí (El asesino de la Pedrera), septembre 2014, traduit de l’espagnol par Serge Mestre, 672 pages, 23,80 € . Ecrivain(s): Aro Sáinz de la Maza Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

 

Ce qui est terrible avec un roman aussi magistralement mené que celui-ci, c'est qu'il vous attrape par le col et ne vous lâche plus avant la dernière ligne, vous amenant à devenir de plus en plus asocial au fur et à mesure que vous vous enfoncez dans le récit. Et même, le livre refermé, il vous faut encore du temps pour en sortir vraiment et reprendre pied dans votre propre monde.

C'est le premier roman de cet auteur barcelonais que nous découvrons. Si celui-ci est sa première incursion dans le monde du noir, l'auteur avait déjà publié une dizaine de titre auparavant. Depuis 1996, où il publie son premier roman (Nada es azul, chez Montesinos), il a aussi exploré le monde de la littérature pour la jeunesse (avec El jugador de frontón en 2001) et le monde des contes (avec deux anthologies, en 2004 et 2008).

La Maison des chagrins, Victor del Árbol

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mardi, 13 Mai 2014. , dans Actes Noirs (Actes Sud), Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman, Espagne

La Maison des chagrins (Respirar por la herida) traduit de l’espagnol par Claude Bleton, septembre 2013, 480 pages, 23,50 € . Ecrivain(s): Victor del Arbol Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

« Evoquer le passé et le rattacher au présent pouvait être aussi épuisant qu’explorer un labyrinthe dont on ne connaîtrait qu’une partie ».

Pour parler de la Maison des chagrins, c’est d’abord un propos de Goethe qui nous revient. Un propos où il s’étonne et se félicite – à propos de Jacques le fataliste de Diderot – d’être capable d’engloutir une telle portion d’un seul coup. C’est bien ce que l’on peut ressentir après avoir dévoré ces presque 500 pages en quelques heures. C’est qu’il ne sont pas si fréquents les récits et les livres qui vous attrapent et ne vous laissent plus de répit avant la dernière page, voire au-delà. Ce fut le cas pour nous avec La tristesse du Samouraï, cela a de nouveau été le cas avec cette Maison des chagrins.

Il y a quelque chose de désespérant et de vertigineux dans les récits multiples qui se croisent et se lient inextricablement au fil des chapitres. Le titre original insiste sur la blessure que chacun porte et avec laquelle il vit. Blessure par laquelle chacun vit, continue de vivre ou de survivre. Des blessures morales qui sont aussi des blessures physiques qui ont marqué profondément les corps : genou et main mutilés, visage défiguré par une cicatrice, stérilité...

Tuez qui vous voulez, Olivier Barde-Cabuçon

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 17 Février 2014. , dans Actes Noirs (Actes Sud), Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Roman

Tuez qui vous voulez, une enquête du commissaire aux morts étranges, février 2014, 384 p. 22,90 euros . Ecrivain(s): Olivier Barde-Cabuçon Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

Troisième volet des enquêtes de Volnay, le commissaire aux morts étranges, Tuez qui vous voulez plonge le lecteur à la veille de Noël 1759 dans un Paris trouble, partagé entre l’excitation des fêtes données par Louis XV, les remous subversifs politico-religieux des convulsionnaires, héritiers des jansénistes, les intrigues, les luttes intestines entre les services de police, les Affaires étrangères et le Secret du Roi, avec d’un côté Sartine, le duc de Choiseul, et de l’autre le Chevalier d’Éon et la tentative de résurrection par un inconnu d’une fête moyenâgeuse transgressive : la fête des fous.

Autant d’ingrédients sulfureux, propres à brouiller les pistes pour brosser le portrait d’une capitale à deux doigts de l’implosion.

«La semaine dernière reprit Sartine d’une voix sourde, nous avons connu une émeute. Un laquais avait dit des sottises à ses maîtres. Pour le punir, on le condamna à être exposé en public au carcan avant d’être conduit en prison au Châtelet. On n’eut pas le temps de planter le poteau du carcan que la populace s’en émut, balaya les rangs des archers du guet et brisa le poteau. Les archers durent tirer, faisant plusieurs morts. Le quartier est resté en ébullition jusqu’à la nuit malgré les renforts envoyés sur place. »

Emergency 911, Ryan David Jahn

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 20 Juin 2013. , dans Actes Noirs (Actes Sud), Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, USA, Roman

Emergency 911, trad. (USA) par Simon Baril février 2013, 331 p. 22 € . Ecrivain(s): Ryan David Jahn Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

Partir avec Ryan David Jahn dans cette poursuite éperdue d’une fille qu’on a arrachée à son père sept ans plus tôt et qu’on croyait morte, est une traversée rugueuse du cœur même de la littérature noire. Jahn nous offre, dans un style toujours aussi nerveux et dense (on se rappelle le « De bons voisins » haletant !) une sorte d’épure absolue du polar, dans une version extrême. Par sa noirceur, son incroyable violence, son scénario élémentaire, Emergency 911 constitue le parfait syntagme du thriller.

Autant en avertir d’emblée les lecteurs sensibles : les scènes de violence de ce roman touche au gore dans sa version « bistouri » ! Dans une débauche de détails horrifiques qui rappellent les ralentis des films de Sam Peckinpah. Le rapprochement d’ailleurs s’impose : simplicité de l’histoire, étirement des scènes violentes, comment ne pas évoquer « Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia » par exemple ?

« Davis fait un bond de côté, mais ça ne suffira pas pour échapper à la balle du deuxième canon, qui l’atteint en plein visage. Il n’a même pas le temps de crier. En une fraction de seconde, son visage se transforme en un masque de sang et de muscles. Des dents et des fragments d’os se répandent dans l’allée derrière lui, à l’intérieur d’un triangle rouge qui s’élargit, comme si sa tête était un sachet de ketchup qu’on avait écrabouillé. »