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C’est tout, Marguerite Duras

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 15 Février 2014. , dans P.O.L, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

C’est tout, Marguerite Duras, 55 pages . Ecrivain(s): Marguerite Duras Edition: P.O.L

 

Le 5 octobre 1995 paraît aux éditions P.O.L. le dernier livre de Duras, constitué de propos recueillis par Yann Andréa, son compagnon : C’est tout.

 

Avant et maintenant c’est l’amour entre toi et moi.

Y.A. : Et après la mort, qu’est-ce qui reste ?

M.D. : Rien. Que les vivants qui se sourient, qui se souviennent.

Y.A. : Vous vous préoccupez de quoi ?

M.D. : D’écrire. Une occupation tragique, c’est-à-dire relative au courant de la vie. Je suis dedans sans effort.

Y.A. : Vous avez un titre pour le prochain livre ?

M.D. : Oui. Le livre à disparaître.

Love Hotel, Christine Montalbetti

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 11 Janvier 2014. , dans P.O.L, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Love Hotel, 2013, 171 pages, 15 € . Ecrivain(s): Christine Montalbetti Edition: P.O.L

 

Comment retranscrire le réel ?

Que peut le roman face à la richesse si débordante de souffle qui fait chaque parcelle de nos vies ?

Comment dire non pas le visible mais notre rapport à lui, sans jamais éluder ce qui en constitue la trame la plus secrète ?

Comment, par l’écriture, retranscrire la saveur même des choses, qui, la plupart du temps, ne se conjugue que sur le mode de l’éphémère le plus abouti, toute saveur ayant pour vocation de se transformer au fur et à mesure de son envol, de se muer en autre chose, et, enfin, en la perte d’elle-même…

Enfin, comment faire du muscle de l’écriture cela même qui serait disposé à soulever, voile à la maille dense posé sur le monde, notre indifférence aux choses, pour qu’enfin nous puissions goûter, mastiquer, les pousses de réel par quoi la vie se fait jour au-dedans de nous et nous jette dans le ballet du visible, au centre d’idiosyncrasies qui, toutes, ont leur prénom à nous apprendre. À nous souffler. Et, pour quelques-unes, à souffler dans le cœur de nos vies…

Je vais, je vis, Hubert Lucot

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Mardi, 19 Novembre 2013. , dans P.O.L, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Je vais, je vis, octobre 2013, 672 pages, 25 € . Ecrivain(s): Hubert Lucot Edition: P.O.L

 

Bien sûr quand on écrit on peut toujours affirmer : « C’est trop tôt, c’est trop tard ». Mais pour le lecteur, il n’est jamais trop tard pour voyager dans les mots de l’autre.

Ceux qui l’aiment monteront dans ce train, un train qui vous emportera, vous lecteurs, dans un long trajet de plus de deux ans et de plus de six cents pages. Vous accepterez de suivre Hubert Lucot dans une pérégrination consignée dans un journal de voyage qu’il a intitulé Je vis, je vais qui est une reprise d’une phrase prononcée par sa femme. En fait, l’auteur fait dans ce volume le récit de la maladie et de la mort de celle-ci qui survient alors qu’elle a soixante-quinze ans et lui soixante-seize. Il l’appelle A.M. (que l’on peut entendre comme « Amour et Mort ») et lui, se nomme H.L. Parfois leurs deux noms sont accolés comme s’ils ne formaient plus qu’un bloc, un « Nous » indissociable qui scande une longue vie d’amour. Parfois, ils se découpleront. Il déroulera cet épisode de son existence comme une pelote, narrée jour après jour ou presque, heure après heure ou presque, dans une écriture qui vous surprendra, qui vous dérangera, qui vous troublera mais qui finira par vous conquérir et vous enthousiasmer.

Décembre m’a ciguë, Edith Azam

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 19 Octobre 2013. , dans P.O.L, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Décembre m’a ciguë, janvier 2013, 183 pages, 16 € . Ecrivain(s): Edith Azam Edition: P.O.L

 

Edith Azam narre, en Décembre m’a ciguë, en un récit brusqué dans sa syntaxe, au moyen notamment des « : », l’inimaginable.

Et pourtant advenu. Comme de cauchemar mais un cauchemar si fort qu’il n’y aura jamais aucune réalité pour le cacher. Un cauchemar si fort qu’il s’impose comme seule réalité. Et qu’il dit à tous, ce cauchemar, à chacun dans soi, et qu’il dit à chaque moment, à chaque perte : « je suis la réalité ».

L’inimaginable ? La mort d’un être cher.

Si cher, dans le cas de Décembre m’a ciguë : la grand-mère, par quoi arrive le bonheur. « C’est quoi le bonheur ? », s’interroge l’auteure. « Se lever quand la lumière sonne, le thé vert ou fumé, les perce-neige derrière la fenêtre et puis… et puis dire ton nom ».