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Mercure de France

Le Mercure de France est à l'origine une revue française, fondée au xviie siècle sous le nom de Mercure Galant, et qui évoluera en plusieurs étapes, à travers divers rebondissements, pour devenir une maison d'édition au xxe siècle. (Groupe Gallimard)

Scrabble, Une enfance tchadienne, Michaël Ferrier (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Mardi, 03 Septembre 2019. , dans Mercure de France, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Scrabble, Une enfance tchadienne, septembre 2019, 200 pages, 21 € . Ecrivain(s): Michaël Ferrier Edition: Mercure de France

 

« J’eus une enfance de sable et de poussière. La vie nous avait posés là, sans crier gare, entre la savane et la steppe ».

« C’est ici que j’ai pris langue avec les bêtes et avec la terre, et ce négoce ne m’a jamais quitté ».

« La guerre s’approchait mais nous le savions pas. Elle chemine toujours ainsi, à petits pas. C’est une louve qui a perdu ses petits et qui est prête à tout pour dévorer ».

Scrabble est un lumineux livre de l’enfance, d’Une enfance tchadienne, tous sens en éveil. Une enfance placée sous le regard des hommes et des bêtes. Une enfance au ras de la terre pour mieux s’en inspirer, l’enfance d’un écrivain, béni des dieux africains. Michaël Ferrier offre ici des Traits et Portraits (1) de cette enfance unique et exceptionnelle entre la savane et la steppe. Ce livre est étourdissant de beauté, il grouille d’images, de sons, d’odeurs, de couleurs, de parfums d’Afrique, de mots et de gestes.

Mes années japonaises, René de Ceccatty (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 27 Mai 2019. , dans Mercure de France, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, Biographie, Récits

Mes années japonaises, mai 2019, 248 pages, 18 € . Ecrivain(s): René de Ceccatty Edition: Mercure de France

Mes années japonaises est le 45ème livre (si l’on compte Adulte ? Jamais, et La Persécution, deux anthologies pasoliniennes, avec traductions et préfaces) de l’écrivain français, né à Tunis le 1er janvier 1952, grand connaisseur de la littérature italienne, essayiste, romancier, poète, dramaturge, éditeur (au Seuil), directeur de collection (on pense à « Haute Enfance » chez Gallimard, entre autres ; chez Rivages pour la regrettée Elisabeth Gille), traducteur du japonais.

À le suivre depuis L’Accompagnement (admirable « accompagnement » amical d’un ami atteint du sida à l’hôpital Broussais, Gilles Barbedette, mort en 1992), et pour avoir apprécié Fiction douce, La Sentinelle du rêve, Enfance, dernier chapitre, Pasolini (biographie dans la collection dirigée chez Gallimard par de Cortanze), le premier essai en français consacré à « Elsa Morante », puis-je assurer que les lecteurs fidèles à de Ceccatty ne seront pas déçus par ses « Années » japonaises, essai de biographie au meilleur sens du terme pour un spécialiste de la chose à l’endroit des auteurs qu’il chérit (Pasolini, Moravia, Callas, Morante), clin d’œil par le titre à Annie Ernaux, publié dans la collection bleue du Mercure (là parut, et ce fut l’une de ses dernières grandes critiques du Monde, le très beau livre de Françoise Lefèvre, manière aussi d’essai biographique, Un album de silence, 2008).

La Folie Elisa, Gwenaëlle Aubry (par Mona)

Ecrit par Mona , le Jeudi, 21 Février 2019. , dans Mercure de France, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

La Folie Elisa, août 2018, 141 pages, 15 € . Ecrivain(s): Gwenaëlle Aubry Edition: Mercure de France

 

La folie est au cœur du dernier roman de Gwenaëlle Aubry, comme son titre l’indique, La Folie Elisa, Elisa, anagramme d’asile. Le récit est construit sur la dialectique « dedans », titre des trois premières pages en ouverture et « dehors », titre des trois pages finales avec en exergue l’appel poétique de Rainer Maria Rilke à quitter la maison.

On entre dans la maison de L et dans son crâne comme dans un moulin, et quatre « runaway girls », « filles de la fuite et de la perte » y trouvent asile au double sens du terme : abri et maison de folles (« Mes petites folles, je vous héberge et vous protège »). Chacune porte en elle un naufrage personnel et cherche son salut : Emy, la chanteuse, devenue cinglée après le Bataclan ne peut plus remonter sur scène ; Sarah, la danseuse, victime d’une kamikaze palestinienne, échoue à se reconstruire à Berlin et chute à nouveau ; Ariane, la comédienne, ne peut plus jouer la comédie après le départ d’une gamine en Syrie ; et Irini, la sculptrice, porte en elle la folie de sa mère (prénommée paradoxalement Sophia, la sagesse). Elles larguent toutes les amarres à l’instar de la folie d’un monde qui court à sa perte comme le soulignent trois courts chapitres « camera obscura » insérés dans le récit et composés de gros titres et dépêches d’agences sur la crise des migrants ou la montée de l’extrême-droite en Europe.

Le Foyer des mères heureuses, Amulya Malladi

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 25 Mai 2018. , dans Mercure de France, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Roman

Le Foyer des mères heureuses, février 2018, trad. anglais (Inde) Josette Chicheportiche, 350 pages, 24,50 € . Ecrivain(s): Amulya Malladi Edition: Mercure de France

 

Amulya Malladi traite en ce roman un sujet actuel qui donne lieu à de multiples réactions, d’opposition ou d’adhésion, et qui incite nos sociétés à une réflexion d’ordre scientifique, moral, religieux, éthique : celui des mères porteuses.

Après plusieurs fausses couches, Priya, une Américaine fille d’un couple mixte américano-indien, se résout à avoir un enfant par le procédé de la Gestation Pour Autrui. Elle réussit, au prix de maintes disputes et discussions, à rallier à sa décision son époux Madhu, informaticien indien qu’elle a connu pendant qu’il poursuivait sa formation universitaire aux Etats-Unis, où il s’est installé après ses études.

Le couple prend contact avec un organisme indien spécialisé, dont la directrice, le docteur Swati, accueille dans une clinique ad hoc de jeunes femmes indiennes nécessiteuses, recrutées pour porter par insémination les futurs enfants de couples occidentaux stériles.

Le goût de Tokyo, Michaël Ferrier

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 18 Avril 2018. , dans Mercure de France, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Voyages

Le goût de Tokyo, novembre 2017, 128 pages, 8 € . Ecrivain(s): Michaël Ferrier Edition: Mercure de France

 

Dans l’esprit de la série qui souhaite donner goût et envie pour des centaines de lieux, thèmes, pratiques, objets divers, ce petit volume de Ferrier, victime consentante de « la tentation du Japon » (j’emprunte des bribes de l’un de ses titres), arrive à donner de la ville tentaculaire, moderniste et tout à la fois provinciale en diable par ses quartiers décentrés et/ou oubliés, une vision qui ne se réduise pas à la seule fréquentation par des notables de notre culture occidentale, toujours enclins à ne voir dans ce qui est loin qu’une part un peu trop évidente d’exotisme. Bien sûr, Ferrier convie des pointures aptes à nous guider, pas seulement en cicérones avertis mais en spécialistes des usages, des us et des signes (Lévi-Strauss, Barthes…). Des chapitres nous chapitrent subtilement sur ce qu’il ne s’agit pas de penser un peu niaisement de ce monde lointain : tout est différent sous le soleil nippon jusqu’aux adresses ignorées. Pas de numérotation à la belge ou à la française mais un sens assez étrange du cadastre urbain, pour des facteurs/factrices qui s’y retrouvent comme poissons à la mer !