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Les Belles Lettres


Les Belles Lettres proposent la plus importante bibliothèque au monde de textes classiques.

Depuis 1919, les civilisations anciennes voient leur patrimoine littéraire rendu accessible au lecteur, par un méticuleux travail d'édition et de traduction de textes souvent encore inédits éclairés par des introductions et un appareil de notes.

À ce jour, notre catalogue, unique en son genre, comprend plus de mille textes grecs, latins, chinois, sanskrits, donnés dans des éditions bilingues de référence et issus de disciplines diverses qui ont marqué le progrès de notre connaissance : la philosophie, les religions, la philologie, les sciences, la médecine, l'histoire, la poésie et le théâtre.

Pour respecter les rigoureux principes d'édition de sources anciennes, les Belles Lettres coopèrent avec les meilleurs spécialistes, en France comme à l'étranger. De ce patient travail dans la tradition des Humanistes de la Renaissance, nait un linéaire de sources qui va de l'Antiquité à la Renaissance, de l'Occident à l'Orient.

Lui répondent les travaux de penseurs et d'historiens contemporains aux livres de tous domaines (histoire, science, philosophie, art), et dont les connaissances et idées méritent une transmission.

Notre catalogue est un pari sur la force de l'écho entre notre monde et celui des anciens. Pour ne pas perdre le futur. Ainsi va le monde, et nos livres.

Qu’est-ce que l’histoire culturelle ?, Peter Burke (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 20 Juin 2023. , dans Les Belles Lettres, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Qu’est-ce que l’histoire culturelle ?, Peter Burke, Les Belles-Lettres, septembre 2022, trad. anglais Christophe Jaquet, 256 pages, 23,50 € Edition: Les Belles Lettres

 

Publié en 2004, What is cultural history ? a mis dix-huit ans à se voir traduit en français. On a connu pire, mais également mieux en matière de délais (la présente traduction souffre de faiblesses intermittentes, qui parle d’Ernst Robert Cassirer et d’Ernst Curtius, et aurait dû être relue de plus près). Ce livre offre un regard panoramique sur une discipline parfois mal-aimée ou mal-identifiée, en tout cas non enseignée dans l’Université française, et permet, comme tout panorama, d’apercevoir de nouveaux horizons.

L’histoire cultuelle naquit – premier paradoxe – dans un espace linguistique qui n’était pas encore un espace politique, l’Allemagne d’avant l’unification bismarckienne. Une véritable frénésie érudite s’était emparée des esprits allemands avant la naissance de l’Allemagne en tant qu’État et elle durait encore lorsque le pays s’effondra, quelques décennies plus tard. Mais – second paradoxe – deux des noms fondateurs de la discipline furent, l’un suisse (Jacob Burckhardt), l’autre néerlandais (Johan Huizinga).

Les Bésicles (Augenspiegel), suivi de Vie de Reuchlin, de Philipp Melanchthon, Johannes Reuchlin (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 17 Mai 2023. , dans Les Belles Lettres, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Histoire

Les Bésicles (Augenspiegel), suivi de Vie de Reuchlin, de Philipp Melanchthon, Johannes Reuchlin, Les Belles Lettres, 2022, trad., Jean-Christophe Saladin, Hélène Feydy, Delphine Viellard, Yves Grimonprez, Olivier Sers, 448 p. 55 € Edition: Les Belles Lettres

 

Dans le tableau sinistre de la persécution des Juifs en Europe (le monde arabo-musulman forme un autre chapitre, guère plus reluisant) à travers les siècles, où la haine anti-juive court comme une basse continue, il a existé – avant l’époque moderne – des épisodes plus retentissants que d’autres, sortes de stridulations hystériques, comme la controverse de 1240 opposant des représentants de la brillante école talmudique française à un Juif converti, Nicolas Donin, controverse qui aboutit à la destruction par le feu de charrettes entières remplies de manuscrits du Talmud. D’autres vagues d’autodafés (quand on se contentait de brûler les livres…) suivirent.

Les Miscellanées d’un bouquineur, Virgile Stark (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 21 Mars 2023. , dans Les Belles Lettres, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Anthologie

Les Miscellanées d’un bouquineur, Virgile Stark, Les Belles-Lettres, novembre 2022, 156 pages, 17,70 € Edition: Les Belles Lettres

 

On peut passer sa vie professionnelle à vendre des livres dans une librairie ou à les prêter et en assurer le retour dans une bibliothèque publique sans jamais en lire un seul. Le fait que le prix d’un volume soit désormais imprimé au bas de sa quatrième de couverture évite au commerçant de feuilleter le volume pour établir sa facture. Dans les bibliothèques publiques où un ouvrage se réduit désormais à un code-barre, le seul membre du personnel amené à ouvrir un volume est celui chargé de le cataloguer – et encore peut-il se contenter de copier les informations fournies par une base de données. Bref, ceux qui vivent au milieu des livres ne sont pas ipso facto les mieux placés pour en parler. Bien entendu, il existe d’heureuses exceptions et Virgile Stark en constitue une, qui manipule des livres les jours ouvrables à la bibliothèque où il travaille et bouquine sur ses heures de loisir. De sa longue et assidue fréquentation des livres, il a tiré un volume de Miscellanées d’un bouquineur, auxquelles les Belles-Lettres ont donné une forme particulièrement agréable, originale et réussie.

De la Bible à Kafka, George Steiner (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 07 Décembre 2022. , dans Les Belles Lettres, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

De la Bible à Kafka, George Steiner, Les Belles Lettres, Coll. Le Goût des idées, juin 2022, trad. anglais, Pierre-Emmanuel Dauzat, 212 pages, 15 €

 

Certains mélomanes et instrumentistes possèdent un don nommé l’oreille absolue. George Steiner fut, lui, ce qu’on peut appeler un lecteur absolu, capable de saisir les nuances les plus fines des grands textes, de ce qu’ils disent ou de ce qu’ils cèlent. Comme Marc Fumaroli (né trois ans après lui, mais disparu également en 2020) et si différents que fussent les deux hommes et le champ de leurs curiosités (ils passèrent tous deux beaucoup de temps aux États-Unis, alors qu’aucun pays occidental n’est peut-être aussi éloigné des valeurs qu’ils incarnaient et défendaient), Steiner fut également un maître-écrivain, un penseur altier du texte, faisant peu de concessions à l’ignorance (parfois excusable, le plus souvent non) de ses interlocuteurs. Personnage intempestif au sens profond de l’épithète (l’allemand unzeitgemäss rend mieux la nuance), il transporta dans ses contrées et langues d’élection l’érudition foisonnante et scrupuleuse d’un monde disparu, celui des intellectuels juifs de l’Europe centrale.

Manuel du Prince Indien, L’Arthashastra de Kautilya (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 16 Novembre 2022. , dans Les Belles Lettres, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Asie

Manuel du Prince Indien, L’Arthashastra de Kautilya, morceaux choisis introduits, commentés et traduits du sanskrit par Marinette Dambuyant, photographies et postface par Anthony Cerulli, avril 2022, 272 pages, 23 € Edition: Les Belles Lettres

 

Dans sa préface à la traduction de l’Offrande Lyrique de Tagore, Gide a rappelé le mot d’un écrivain oublié, Paul de Saint-Victor (1827-1881) : « Entre l’esprit européen et celui de l’Inde se dressent cent millions de dieux monstrueux ». Des dieux, mais pas seulement : des manuscrits par millions également (entre sept et trente millions, selon les estimations, et un écart pareil indique à lui seul l’ampleur du travail d’inventaire encore à accomplir) ; des manuscrits comme ceux photographiés par Anthony Cerulli, un professeur américain, dont les clichés émouvants agrémentent les pages de ce volume ; des manuscrits très différents, au point de vue matériel, des codices occidentaux (ils furent copiés sur des feuilles de palmier ou de bananier réunies par une simple couture dans la marge, entre deux ais de bois) et conservés dans des conditions parfois aléatoires, le climat chaud et humide du subcontinent étant mauvais pour eux – sans même évoquer d’autres circonstances favorables à la disparition de bibliothèques entières, comme les convulsions politiques, dont l’histoire indienne fut prodigue.