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L'Olivier (Seuil)

Les Editions de l'Olivier, que caractérise leur sobre et élégante couverture noire et blanche marquée d'une silhouette d'olivier, sont fondées en 1991 par Olivier Cohen comme filiale des éditions du Seuil.

Dès le départ, le parti pris est de mettre l'accent sur la littérature anglo-saxonne, avec des auteurs tels que Raymond CarverJay Mc InerneyCormac McCarthy, Henry Roth, Hubert Selby Junior, Michael Ondaatje ou, parmi une plus jeune génération, Rick Moodyou Jonathan Franzen.

 


Rendez-vous à Samarra, John O’Hara (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Vendredi, 12 Avril 2019. , dans L'Olivier (Seuil), Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

Rendez-vous à Samarra, février 2019, trad. anglais (USA) Marcelle Sibon, 288 pages, 22 € . Ecrivain(s): John O’Hara Edition: L'Olivier (Seuil)

« Gibbsville était ennuyeux comme la pluie tout au long de l’année, mais […] tout le monde s’accordait pour dire qu’à Noël, c’était l’endroit le plus amusant qu’on pouvait trouver en province ».

Fin décembre 1930, à Gibbsville, Pennsylvanie, dans le très huppé et puritain milieu des notables de cette petite bourgade de l’Est des Etats-Unis, on fête Noël. En pleine réception, dans le fumoir du Country Club Lantenengro, Julian English, président de la Compagnie des automobiles Cadillac et marié à Caroline, jette le contenu de son verre de whisky-soda au visage de Harry Reilly, propriétaire de la même Compagnie.

Ce portrait d’une Amérique en pleine Dépression après la crise de 1929, figée dans ses conventions et en proie aux gansgters et bootleggers qui profitent de l’économie moribonde, raconte quelques jours de la petite vie provinciale de ses habitants : rapports entre les sexes, adultère, pessimisme, alcool et alcoolisme, relations à l’argent. Le roman a fait scandale à sa parution en 1934. Le titre, quelque peu énigmatique, provient d’une citation du célèbre romancier et nouvelliste William Somerset Maugham, qui s’énonce comme un conte oriental où la peur de la mort finit par précipiter vers elle un serviteur, de Bagdad à Samarra. Comme le serviteur de Bagdad, Julian s’est-il trompé de cible, de lieu de sa colère ? Que cache chez English cette violence qui se déploie quand il a bu ?

Des jours d’une stupéfiante clarté, Aharon Appelfeld (par Mona)

Ecrit par Mona , le Jeudi, 20 Décembre 2018. , dans L'Olivier (Seuil), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Des jours d’une stupéfiante clarté, janvier 2018, trad. hébreu Valérie Zenatti, 272 pages, 20,50 € . Ecrivain(s): Aharon Appelfeld Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Le dernier livre de l’écrivain israélien Aharon Appelfeld, qui nous a quittés cet hiver, raconte un voyage de retour chez soi et en soi : l’errance du jeune Théo à travers les paysages d’Europe centrale lorsque, à la libération du camp de concentration, il décide de quitter ses camarades prisonniers pour rentrer chez lui. Nimbé de brouillard, le jeune rescapé des camps avance sur une longue route sinueuse vers la lucidité cristalline « des jours d’une stupéfiante clarté ». Dans cette rencontre avec le silence de la plaine, on est frappé par la récurrence des mots « contempler » et « visions » qui ponctuent tout le récit du voyage, récit à la fois d’une pérégrination et d’une plongée en soi.

Ce voyage de retour chez soi, c’est d’abord l’histoire d’une intimité enfin retrouvée : Théo recherche son âme, ce qui l’a nourri comme ceux qui l’ont nourri et dont il a été brutalement arraché par la déportation. En route, il reconstitue les lambeaux de son passé : la vision de sa magnifique mère qu’il revoit sans cesse, en extase devant les icônes des monastères et les couchers de soleil, émue autant par les sonates de Bach que par la beauté des lacs. Il se souvient aussi, enfant, des délicieux bains chauds qu’elle lui donnait, de sa coquetterie frivole pour le maquillage et belles parures.

Forêt obscure, Nicole Krauss (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 13 Septembre 2018. , dans L'Olivier (Seuil), Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, La rentrée littéraire

Forêt obscure (Forest Dark), août 2018, trad. américain Paule Guivarch, 282 pages, 23 € . Ecrivain(s): Nicole Krauss Edition: L'Olivier (Seuil)

Nicole Krauss est de retour. Elle est de ces écrivains qui ont choisi la rigueur, l’exigence de la littérature. Ce roman est fascinant, bâti autour de deux personnages insaisissables, en quête d’une impossible et évanescente identité. La narration alterne les pistes, celle de Epstein, vieil homme « perdu » – au sens propre du terme, il a disparu de sa résidence à Tel Aviv – et Nicole, la narratrice des chapitres qui lui sont dédiés, dans laquelle Nicole Krauss semble avoir mis beaucoup d’elle-même, jusqu’à son prénom. Ces deux personnages, qui ne se connaissent pas, ont dès le début quelque chose en commun : leurs allers-retours entre leurs résidences, New-York et Tel Aviv.

Tel Aviv, d’une présence puissante tout au long du roman, avec ses personnages étranges, souvent un peu fous, ses rabbins savants et drôles, ses habitants pleins de vie malgré la menace permanente de la mort qui guette sous la forme des missiles lancés régulièrement de Gaza. Et, dans Tel Aviv, se dresse un personnage-clé du roman : l’Hôtel Hilton, une masse de béton de style brutaliste, hideux mais toujours empli de touristes du monde entier car au bord de la Méditerranée et de ses plus belles plages. L’Hôtel Hilton, tellement central dans ce récit que nous avons droit à trois photos en noir et blanc du bâtiment, l’Hôtel Hilton, ses rencontres improbables et ses secrets. Le Hilton de Tel Aviv, objet d’obsession pour Nicole :

L’Infinie Comédie, David Foster Wallace (2ème critique)

Ecrit par Grégoire Meschia , le Mardi, 13 Mars 2018. , dans L'Olivier (Seuil), Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman

L’Infinie Comédie, David Foster Wallace, L’Olivier, coll. Replay, novembre 2017, trad. anglais (USA) Francis Kerline, 1487 pages, 19,90 € . Ecrivain(s): David Foster Wallace Edition: L'Olivier (Seuil)

 

 

Si vous n’avez pas peur d’hiberner pendant quelques mois, de comprendre le sens exact de l’adjectif « infini » et de lire constamment avec un dictionnaire à proximité, faites l’expérience « replay » de l’Infinie Comédie, qui sort en poche (mais vous ne ferez pas rentrer ses 1487 pages dans votre poche). Vous ne le regretterez pas. La lecture d’un tel mastodonte peut s’apparenter à du masochisme. Elle coupe du monde et en fait découvrir un autre. On lit David Foster Wallace comme on regarde la saison 3 de Twin Peaks. Il faut apprécier perdre son temps en tournant des pages incompréhensibles, se laisser porter par l’enchaînement des points-de-vue : ne pas chercher à tout prix le sens, directement. Qui n’est pas spécialiste de chimie moléculaire ou de grammaire prédictive va certes se trouver perdu à certains moments.

L’île au poisson venimeux, Barlen Pyamootoo

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 28 Août 2017. , dans L'Olivier (Seuil), Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

L’île au poisson venimeux, août 2017, 174 pages, 17 € . Ecrivain(s): Barlen Pyamootoo Edition: L'Olivier (Seuil)

 

L’île, c’est Maurice, que les cartes postales, les émissions de voyages et découvertes, et les agences de tourisme présentent comme un endroit paradisiaque, et que, dit une légende, Dieu aurait créé comme essai et maquette de l’Eden à faire.

Le roman de Barlen Pyamootoo, auteur mauricien reconnu, se situe dans l’île à l’époque contemporaine.

Anil, commerçant en saris et étoffes de soie, mène à Flacq une vie tranquille avec son épouse Mirna, avec qui il a deux enfants, jusqu’au jour où il disparaît brusquement.

Sa dernière matinée est racontée, en focalisation interne, d’abord dans son contexte conjugal, puis dans celui de son cheminement vers sa boutique, enfin dans le déroulement normal des activités de son magasin en compagnie de ses deux vendeuses, jusqu’à midi, heure à laquelle Mirna vient le remplacer pour lui permettre d’aller déjeuner avec son ami Rakesh.