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Le Castor Astral

Le Castor astral est une maison d'édition française indépendante.

Cofondée en 1975 par Jean-Yves Reuzeau, Chantal Chomette, Cat Dussillols et Marc Torralba, la maison concentre ses activités sur la musique, la littérature, la poésie et les essais.

La maison publie aussi bien des textes d'auteurs du milieu du xxe siècle, comme Emmanuel Bove, Michel Fardoulis-Lagrange ou René Guy Cadou que des auteurs contemporains comme Alain Absire, André-Marcel Adamek, Daniel Biga, Philippe Blasband, Roland Brasseur, Francis Dannemark, Guy Darol, Patrice Delbourg, Philippe Lacoche, Bernard Morlino, Michel Ohl, Lambert Schlechter, Hervé Le Tellier, François Tétreau, Tomas Tranströmer (prix Nobel de littérature 2011), Régine Vandamme, Miriam Van Hee et le groupe Oulipo.

La collection « Curiosa & Caetera », dirigée par Éric Poindron, édite ou réédite des livres rares ou insolites.


La Main de brouillard, Nicolas Rozier

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Mercredi, 06 Juillet 2016. , dans Le Castor Astral, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

La Main de brouillard, mars 2016, 70 pages, 12 € . Ecrivain(s): Nicolas Rozier Edition: Le Castor Astral

1. Marcher sur les traces d’un « poète noir » (A. Artaud) revient à fouler la cendre brûlante surgissant – rutilante et rugissante toujours – de la fosse sépulcrale d’« où l’oubli dans sa galerie des morts / dresse ses entailles d’incandescence ». Pour que se rallument, se lèvent, reviennent la flamme noire et ces brandons de l’incendie de ces gisants, laminés de leur vivant, retournés encore dans leur tombe jusqu’à nous, ici par une Voix « surpoétisant » – celle de l’auteur Nicolas Rozier –, sa voix surpoétisant le chant infernal de l’un d’entre eux, Francis Giauque. Marcher sur les traces de ce poète de spectrale brume revient à prendre le risque de fouler la cendre brûlante. Nicolas Rozier commet, prend le risque de cette expérience scripturale de l’extrême.

Nicolas Rozier remue dans La Main de brouillard ces fonds embrasés dévorés – ils le furent, brûlés vif, jusqu’au hurlement de l’extinction – par le tournoiement des braises raclant / égorgeant / éventrant la moelle convulsive des trépidations de l’âme au cri palpable des suppliciés, écartelés, déchirés par le tripalium de la conscience prise dans la galaxie abyssale foudroyante du questionnement, dont Francis Giauque fut, Rare parmi les Rares, Astre parmi les Anéantis aux côtés d’Antonin Artaud, Vincent van Gogh, Jacques Prevel (célébré notons-le par l’auteur à l’occasion du centenaire de sa naissance, dans Jacques Prevel, poète mortel, en cette même année 2016 aux Éditions de Corlevour), Jean-Pierre Duprey, Jean-Pierre Begot, etc.

76 Clochards célestes ou presque, Thomas Vinau

Ecrit par Philippe Chauché , le Lundi, 13 Juin 2016. , dans Le Castor Astral, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Poésie

76 Clochards célestes ou presque, mai 2016, 160 pages, 15 € . Ecrivain(s): Thomas Vinau Edition: Le Castor Astral

 

« Charles Bukowski : Le vieux Buk est né en 1920 et il était déjà vieux. Le vieux Buk est mort en 1994 flétri comme un bébé juteux. Le vieux Buk est le fils unique de l’Amérique »

« Albert Cossery : Albert Cossery pratique la paresse (tout comme Perros) comme un art martial. Celui de la contemplation séditieuse »

« Michel Simon : Accusé d’être juif pendant l’Occupation, d’être collabo à la Libération, d’être agent soviétique ensuite. Une tête à se prendre des gnons. Il est le poupon tordu qui fait tapiner la tendresse »

L’art de l’esquisse et du portrait éclate à chaque ligne des 76 Clochards célestes ou presque. Chaque mot y est pesé. Chaque miniature brossée avec finesse et justesse, les mots dévoilent, les phrases soulignent, éclairent ces croquis savants et savoureux. C’est l’art bref du regard porté sur Antoine d’Agata, Nicolas Bouvier – Il se sert de ses chaussures pour écrire. La rosée est son encre –, et Blaise Cendrars, Billie Holiday, et Georges Perros – Notes et poèmes, petites choses de rien, aiguisés et pointus, ses mots sont tout ce qui résiste au toc et à l’insignifiance (c’est aussi ce qui pourrait être écrit à propos de Thomas Vinau), ou encore Elliot Smith et Lester Young.

La France contre les robots, Georges Bernanos

Ecrit par Didier Smal , le Jeudi, 11 Juin 2015. , dans Le Castor Astral, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

La France contre les robots, avril 2015, 247 pages, 18 € . Ecrivain(s): Georges Bernanos Edition: Le Castor Astral

 

Une phrase, croisée au détour d’un recueil de citations, suffit parfois à donner envie de lire l’œuvre dont elle est extraite : On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. De cette phrase percutante, d’une actualité troublante, on apprend qu’elle est signée Georges Bernanos (1888-1948) et qu’elle est extraite d’un essai intitulé La France contre les Robots (1947). A ceci près que ce texte écrit en 1945 n’était plus disponible couramment ; grâces soient donc rendues au Castor Astral pour cette réédition bienvenue, des particularités de laquelle il sera question plus loin, dû aux textes inédits qu’elle contient.

Dès les premières pages, Bernanos, qui écrit alors que la victoire alliée se dessine de plus en plus nettement, met en garde : la Révolution doit se faire, peu importe les conséquences, car « si nous pensions que ce système est capable de se réformer, qu’il peut rompre de lui-même le cours de sa fatale évolution vers la Dictature – la Dictature de l’argent, de la race, de la classe ou de la Nation – nous nous refuserions certainement à courir le risque d’une explosion capable de détruire des choses précieuses qui ne se reconstruiront qu’avec beaucoup de temps, de persévérance, de désintéressement et d’amour ».

Ici dans ça, Mathieu Brosseau

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mercredi, 02 Avril 2014. , dans Le Castor Astral, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Ici dans ça, 2013, 175 pages, 15 € . Ecrivain(s): Mathieu Brosseau Edition: Le Castor Astral

 

« Et s’il fallait », écrit Mathieu Brosseau en ouverture de Ici dans ça, « dénaître pour enfin accéder au réel, pour le toucher dans son unité ? Tout détruire, l’être et ce qu’il croit être, s’invaginer par des vagues de rage étonnante, pour enfin aborder l’être-là. À l’envers mais en vie. Pour peut-être ne plus parler ».

 

Dénaître par l’écriture.

L’écriture pour « peut-être ne plus parler ».

L’écriture vécue comme vertige.