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La Table Ronde

Maison fondée en 1944 par Roland Laudenbach et ainsi nommée par Jean Cocteau.

 


Allegra, Philippe Rahmy

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Mercredi, 13 Janvier 2016. , dans La Table Ronde, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Allegra, janvier 2016, 192 pages, 15,60 € . Ecrivain(s): Philippe Rahmy Edition: La Table Ronde

 

C’est sur une image que s’ouvre Allegra, le roman de Philippe Rahmy, celle d’un lion majestueux qui regarderait le monde, notre monde, installé sur une branche, d’un regard las et désespéré, un lion qui, pourtant, a encore la force de rugir, à l’aube.

L’existence d’Abel, jeune français d’origine algérienne est traversée par la mort, désir et ombre, par l’errance et la fuite tout autant que la quête, dans une course (à la vie, à la mort, à l’identité même), dans une époque, la nôtre, où tout va vite et nous rattrape sans cesse. Ça court, ça hurle, le rythme du texte est celui d’un temps traversé entre retours en arrière et souvenirs ; d’analepses en anamnèses, celui d’un individu qui, ne désirant que s’intégrer, réussir et être heureux avec sa petite famille, court à sa perte. Et sa voix nous délivre l’angoisse qui le traverse depuis son enfance où déjà « il voulait disparaître » – entre un père bien intégré en France, dans sa boucherie où Abel expérimentera ses premiers traumatismes, et ses premiers contacts avec le froid de la mort. Pourtant Abel avait tout pour réussir, un doctorat en Mathématiques, une femme magnifique, une fille qu’il adorait, un ami d’enfance qui lui a offert son premier poste à Londres où il s’est installé avec Lizzie et Allegra.

Béton armé, Philippe Rahmy

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Samedi, 22 Août 2015. , dans La Table Ronde, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits

Béton armé, septembre 2013, 208 pages . Ecrivain(s): Philippe Rahmy Edition: La Table Ronde

 

Ce qui frappe tout de suite et fascine, à la lecture du livre de Philippe Rahmy, Béton armé, c’est la force de vie et de mort qui parcourt le texte. Vivre, mourir, survivre et voyager, toujours au bord, d’une rive à l’autre. Entre souvenirs, plongée intérieure, exploration extérieure, le voyage au cœur de la ville devient un voyage au centre de soi-même dans des descentes infernales.

L’écrivain, atteint de la maladie des os de verre n’a jamais voyagé, « Je suis né sans espoir de guérison ». Il a accepté pourtant une invitation pour une résidence d’écriture à Shanghai, et c’est une véritable aventure qui nous attend, et qui l’attend, d’autant que dans son cas, « voyager aussi loin [lui] donne un aperçu de ce que serait vivre toujours ».

Un voyage dans la ville et dans la vie, oui, un défi, la vie contre l’immobilisme, contre la mort. « [Le] voici à Shanghai, un grand vide dans une enveloppe de béton armé », un voyage dans une mégalopole, au centre de lui-même, au cœur même de l’écriture, « l’écriture, traduction du silence intérieur, la ville, affirmation bruyante du monde ». Car il s’agit bien de « voyager à travers le langage comme à travers le paysage ».

Assis sur le fil, Cyril Dion

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Samedi, 28 Mars 2015. , dans La Table Ronde, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Assis sur le fil, octobre 2014, 80 pages, 12 € . Ecrivain(s): Cyril Dion Edition: La Table Ronde

 

Fondateur, avec Pierre Rabhi, de l’ONG Colibris, Cyril Dion en est aujourd’hui le porte-parole. Conseiller éditorial chez Actes Sud, Directeur de la rédaction du magazine Kaizen, il a coproduit avec Colibris un film de Coline Serreau, Solutions locales pour un désordre global, avant de tourner Demain, dont il est l’auteur et le coréalisateur avec Mélanie Laurent.

Son recueil de poèmes intitulé Assis sur le fil, aux éditions de La Table Ronde, aurait très bien pu s’appeler « sur le fil du je ».

Toile tissée, sur les tissus colorés,

Darchok, exposés aux 4 vents des cavernes intérieurs.

Je suis un, ne veut pas dire Un, « moi qui ne suis que moi seul ».

Je suis celui que je ne vois pas.

Miroir des fils des corps,

Puta Madre, Patrick Besson

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Samedi, 21 Février 2015. , dans La Table Ronde, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Puta Madre, octobre 2014, 192 pages, 7,10 € . Ecrivain(s): Patrick Besson Edition: La Table Ronde

 

Polar écrit au rythme soutenu d’un roman qui vous emporte, Puta Madre laisse un bonheur de lecture inaltérable. Le style & le rythme de l’écrivain captivent le lecteur. Patrick Besson a un style personnel dont le rythme marque par sa fluidité et ses rebondissements, sa concision, sa vitesse de F1 jouant avec brio avec le sens de la formule.

Les passages ne manquent pas où l’humour décalé refait le monde, dans le récit, dans la voix de l’auteur, dans les répliques (plus que des dialogues) et les pensées des personnages :

« – En ce moment, vous êtes marié ou divorcé ? – Il faudrait que je consulte mon avocat afin de ne pas dire de bêtises » / « Notre histoire d’amour aura duré six ans, ce n’est pas si mal. C’est deux fois plus que dans le film de Beigbeder ».

Les personnages séduisent par l’immaturité de leur comportement (« Il la prit dans un demi-sommeil béat, puis elle alluma une cigarette. Les ados fument pour être adultes et on reconnaît les adultes restés ados à ce qu’ils fument » ; aussi par leur humour (rehaussant la beauté comme presque poétique de certaines phrases : « Le champagne n’est pas de l’alcool, c’est de l’eau avec un sourire à l’intérieur »).

L’idiot du palais, Bruno Deniel-Laurent

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 01 Octobre 2014. , dans La Table Ronde, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

L’idiot du palais, août 2014, 140 pages, 16 € . Ecrivain(s): Bruno Deniel-Laurent Edition: La Table Ronde

 

Ce court roman traite de façon crue des rapports de force entre les nantis et ceux qui n’ont rien.

Certes la toute-puissance de l’argent n’est pas spécifique de notre époque, mais l’auteur nous introduit dans ces kystes modernes d’omnipotence qui ont tendance à s’incruster un peu partout, à se généraliser, à se mondialiser par-delà toute forme de frontière.

En l’occurrence, on dénonce ici, en usant évidemment du filtre fictionnel, l’installation en toute légalité, en France par exemple, de nababs venus d’ailleurs, qui rachètent de luxueux hôtels particuliers où ils entretiennent en permanence, pour les y accueillir dignement lors de leurs séjours plus ou moins brefs dans l’hexagone, un régiment de domestiques recrutés aux quatre coins du monde, sur lesquels règnent en maîtres absolus les régisseurs de ces maisons, closes aux regards et aux intrusions, dont l’auteur décrit les rouages d’une organisation et d’une vie quotidienne échappant aux lois de la République.