Identification

Phébus

Site Web: http://www.phebus-editions.com

Téléphone : 01 46 33 36 36
Télécopieur : 01 43 25 67 69
Courriel : editionsphebus@wanadoo.fr

Adresse:
Éditions Phébus
54, rue Michel-Ange
75016 PARIS

A l'enseigne de Phébus, astre débonnaire inspirateur des poètes, une maison d'édition publie depuis 1976 des livres qui s'ingénient à éclairer des sentiers peu frayés

Légèrement seul, Daniel de Roulet

Ecrit par Lionel Bedin , le Lundi, 06 Mai 2013. , dans Phébus, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Récits

Légèrement seul, Sur les traces de Gall, avril 2013, 12 € . Ecrivain(s): Daniel de Roulet Edition: Phébus

 

Ce qui fascine Daniel de Roulet c’est l’écoulement du temps. « J’aime me mettre dans la position d’un ancien (…) essayer de retrouver ce qu’il voyait pour le mettre en rapport avec ce que je vois ». Que pouvaient bien voir, dire, penser, des moines partis d’Irlande quatorze siècles plus tôt ? Et qu’est-ce qui a bien pu les décider à traverser l’Europe et fonder des monastères ? Pour le savoir, rendez-vous à Saint-Coulomb, à 9h15… « La plage où Gall et une dizaine de moines sont censés avoir débarqué ».

Daniel de Roulet est un marcheur solitaire, on le savait déjà. « Je marche sur des routes qui relient un point à un autre, c’est obstiné, je sais. Ni promeneur ni randonneur. Ça me vient de la course à pied ». Il le confirme ici, avec de longues journées de marche et de solitude. Et des soirées, aussi. Comme ici dans « le seul restaurant ouvert ce soir : un turc où j’arrose mon kebab de calvados ». Mais ces moments de solitude, en marchant ou à l’étape, sont propices à l’émergence, à l’affleurement de souvenirs et réflexions. Sur le voyage, par exemple. Gall ne voyageait pas avec une carte de crédit, le « nécessaire » du voyageur d’aujourd’hui par rapport au pèlerin de VIe siècle, qui emportait « l’essentiel » – en fait souvent tout ce qu’il possédait – : quelques livres et des vêtements. « Pèlerins du XXIe siècle, nous sommes des imposteurs, ce que nous appelons l’essentiel n’est que le nécessaire ».

Scènes de la vie d'un propre à rien, Joseph von Eichendorff

Ecrit par Lionel Bedin , le Lundi, 19 Novembre 2012. , dans Phébus, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Récits

Scènes de la vie d’un propre à rien, texte français de Madeleine Laval et Robert Sctrick . Ecrivain(s): Joseph von Eichendorff Edition: Phébus

 

Le voyage et l’amour : tels sont les deux sujets de ces Scènes de la vie d’un propre à rien, récit de Joseph von Eichendorff. Pour faire simple : Un « propre à rien » qui se dore au soleil pendant que son père s’épuise au moulin finit par partir sur les routes. Pour voir. Il devient jardinier, puis receveur dans un château viennois. Il tombe amoureux d’une femme qu’il pense inaccessible. Pour fuir l’amour, un seul remède : la route. Vers l’Italie. Après diverses aventures il revient à Vienne. Il apprend alors que rien ne s’oppose à ce qu’il retrouve la femme aimée.

Joseph von Eichendorff (1788-1857) est l’un des « romantiques allemands ». Il a mené une existence quasi insignifiante. Il a fait quelques voyages à travers l’Europe, mais a toujours rêvé de visiter l’Italie, pourtant décrite dans ces Scènes. Ce besoin de partir, de voyager, sera également transposé dans ses autres récits et ses poèmes, essentiellement centrés sur le vagabondage  et l’aventure, et qui ont servi à construire le mythe du Wanderer, ce voyageur lancé sur les « improbables chemins du monde ». Un ton léger, voire ironique, caractérise ce « désenchanté discret », frère de Nerval.

Marche forcée, oeuvres, 1930-1944, Miklós Radnóti

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 10 Novembre 2012. , dans Phébus, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Pays de l'Est, Poésie, Récits

Marche forcée, Œuvres, 1930-1944, trad.hongrois et présentation par Jean-Luc Moreau, Editions Phébus, Collection D’aujourd’hui. Étranger, 2000 . Ecrivain(s): Miklós Radnóti Edition: Phébus

 

« La mort, de notre attente, est la rose vermeille ».

Il était une fois un jeune homme qui marchait vers le nord. Il ne mangeait ni ne buvait. Il ne toucha pas au pain que lui jeta un boulanger. Il ne put y toucher. On cassait les bras qui se tendaient. Il était une fois un homme plein d’espoir qui avait pour compagnons de voyage des hommes qui étaient abattus parce qu’ils étaient pieds nus ou parce qu’ils avaient gardé leurs chaussures. Il était une fois un homme qui voulut malgré tout continuer. Il ne pouvait ni manger, ni boire. Ce qui retint son attention, un soir de magnifique coucher de soleil, ce fut un peu de maïs séché, qui était éparpillé sur le sol, et qui l’appelait. Sans manger ni boire. Le cochon qu’il vit au loin voulut bien lui laisser un peu de son modeste repas (bouillie de maïs). Il était une fois un homme qui marchait en direction du nord. Il vit son ami musicien (qui n’avait guère plus de vingt printemps dans ses chaussures – il les avait gardées –) recevoir une balle dans la nuque parce qu’il ne voulait pas se défaire de son violon (dont il se servait pour vivre). Il le vit se relever, marcher en boitant vers un arbre, et s’écrouler, obéissant au chant d’une mitraillette, lequel avait immédiatement suivi ces aboiements : Der springt noch auf (Il remue encore).

Certaines n'avaient jamais vu la mer, Julie Otsuka (2ème recension)

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 06 Novembre 2012. , dans Phébus, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Roman

Certaines n’avaient jamais vu la mer, trad. USA par Carine Chichereau, 142 pages, 15 € . Ecrivain(s): Julie Otsuka Edition: Phébus

La lecture de certains romans s’apparente, parfois, à une révélation douloureuse, une évocation puissante, grave. Celui de Julie Otsuka Certaines n’avaient jamais vu la mer est de ceux-là : c’est l’odyssée de jeunes japonaises, à qui on a promis de se marier en émigrant aux Etats-Unis pour rejoindre leurs compatriotes déjà établis en Amérique, et censés leur apporter le bonheur conjugal, l’accès à l’aisance matérielle. Hélas, ces candidates naïves sont cruellement déçues. Elles le sont dès leur traversée en bateau, accomplie dans les pires conditions, plus proche des transports d’esclaves que d’un voyage ordinaire. A leur arrivée, elles endurent des conditions de travail atroces, sont violées par leurs maris, êtres frustes, rustres, dont les métiers réels sont bien moins prestigieux qu’annoncés à leur départ du Japon.

Ce récit, c’est toute une chronique de la vie de ces immigrants japonais des années trente aux Etats-Unis, dont la cohabitation avec les Américains est difficile, parsemée d’embûches, dont l’éloignement culturel des deux civilisations n’est pas la moindre. La maîtrise de la langue anglaise par ces femmes est laborieuse, elles ne parviennent à apprendre que quelques mots durant leur séjour.