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Le Castor Astral

Le Castor astral est une maison d'édition française indépendante.

Cofondée en 1975 par Jean-Yves Reuzeau, Chantal Chomette, Cat Dussillols et Marc Torralba, la maison concentre ses activités sur la musique, la littérature, la poésie et les essais.

La maison publie aussi bien des textes d'auteurs du milieu du xxe siècle, comme Emmanuel Bove, Michel Fardoulis-Lagrange ou René Guy Cadou que des auteurs contemporains comme Alain Absire, André-Marcel Adamek, Daniel Biga, Philippe Blasband, Roland Brasseur, Francis Dannemark, Guy Darol, Patrice Delbourg, Philippe Lacoche, Bernard Morlino, Michel Ohl, Lambert Schlechter, Hervé Le Tellier, François Tétreau, Tomas Tranströmer (prix Nobel de littérature 2011), Régine Vandamme, Miriam Van Hee et le groupe Oulipo.

La collection « Curiosa & Caetera », dirigée par Éric Poindron, édite ou réédite des livres rares ou insolites.


L’arpenteur des ténèbres, Antoni Casas Ros

, le Mardi, 09 Janvier 2018. , dans Le Castor Astral, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

L’arpenteur des ténèbres, janvier 2018, 327 pages, 19 € Edition: Le Castor Astral

 

La quatrième de couverture est suffisamment explicite, prometteuse, alléchante : on imagine déjà Antoni et Anca sillonner les États-Unis et le Mexique à la recherche de Toma Emin, l’écrivain mystérieux, qui refuse d’apparaître en public. On conçoit aisément que la quête sera longue et on l’espère palpitante et atypique à l’instar de nos deux amants : Antoni n’a-t-il pas été embauché par une étrange fondation pour laquelle il devra décrire le monde selon un pur critère esthétique ? Après avoir tagué son sexe en rouge sur bon nombre de murs new-yorkais, Anca ne peut décemment pas en rester là. Nul ne doute, enfin, que leur marginalité viendra contrarier le nouveau genre de terrorisme qui s’abat sur le monde.

Au début, tout se passe sans heurt : Antoni, l’écrivain qui n’avait jamais écrit un texte ailleurs que sur une ardoise effaçable, part à la découverte du monde avec son Olivetti Valentina rouge, fort d’un contrat d’un an et d’un salaire correct et régulier. Sa seule contrainte : un texte qu’il enverra chaque semaine à son employeur. Son choix personnel : une esthétique du chaos. Il rencontre Anca, la belle et fascinante cunt artist. Ensemble ils décident de retrouver Toma Emin et d’honorer l’engagement d’Antoni par l’envoi de textes croisés sur des sujets qu’ils tirent au sort. Quant à la menace terroriste, elle demeure distante, relayée par la télévision.

Le Versant noir, Kevin Gilbert

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 13 Octobre 2017. , dans Le Castor Astral, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Océanie

Le Versant noir, juin 2017, trad. anglais (Australie) Marie-Christine Masset, 256 pages, 20 € . Ecrivain(s): Kevin Gilbert Edition: Le Castor Astral

 

D’une Australie blanche, conquise sur les populations aborigènes en 1788 – qu’une odieuse fête de commémoration, deux siècles plus tard, rappela en grandes pompes –, il reste pour les Aborigènes quelques réserves, des missions, des lieux de misère pour tout dire, où, parqués, ils peuvent à loisir crever de faim, de saleté, d’injustice, de haine quotidienne à leur égard. Le poète Kevin Gilbert (1933-1993) chante tout cela dans des poèmes âpres, non vindicatifs, mais emplis d’une énergie qui vise à condamner l’état de fait et à espérer – oser espérer – un changement.

Le peuple noir, voulu par les colonisateurs, déchu, infirme et inférieur, a vécu, recourant à ses propres légendes, pour supporter le réel infligé.

Notre seul combat

Est de survivre

Nos tambours de guerre sont les fracas de la mort

Et le cri de douleur des mères (p.203).

Comme un bal de fantômes, Éric Poindron

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 13 Septembre 2017. , dans Le Castor Astral, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Comme un bal de fantômes, juin 2017, 231 pages, 17 € . Ecrivain(s): Eric Poindron Edition: Le Castor Astral

 

La matière première de la poésie d’Éric Poindron n’est pas Éric Poindron. La chose est assez rare pour servir d’introduction à ce billet. Éric Poindron s’efface dans sa poésie, se met au second plan, ou en fond d’écran, pour laisser place à l’univers, aux univers, d’Éric Poindron, à leur liberté indomptable. Et ces univers sont peuplés des poètes, des ami(e)s, des référents, des maîtres, des lieux, des curiosités qui lui sont si chères. Il est d’usage (de mauvais usage ?) de faire des rapprochements avec d’autres poètes, des maîtres souvent, quand on parle d’un poète. Bien malin celui qui pourrait avec Poindron. D’ailleurs sa poésie est-elle seulement poésie ? Plus exactement la poétique omniprésente de cet ouvrage est-elle « poésie » ? Nul métrage, nulle contrainte rythmique ou rimique, nul carcan. Ces textes sont à l’image de Poindron, libres, inattendus, issus d’un esprit vagabond et d’une culture immense.

On croise ainsi Nerval (Ô combien Nerval, plus Nerval que jamais), et Dumas et Pouchkine et Rimbaud et Apollinaire et Nabokov et … personne et rien, tout le monde et tout. L’univers d’Éric Poindron est justement ça, l’univers, avec ses toutes petites choses et ses très grandes.

Gazoline Tango, Franck Balandier

Ecrit par Pierrette Epsztein , le Vendredi, 25 Août 2017. , dans Le Castor Astral, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire

Gazoline Tango, août 2017, 288 pages, 19 € Edition: Le Castor Astral

 

 

Cet extrait du nouveau roman de Franck Balandier, Gazoline tango : « …Comme pour Dieu, comme pour tout le monde ici, personne n’existait vraiment à la cité des peintres. Alors, on s’inventait sa vie. On la repeignait. En rose de préférence… Il n’y avait plus de place dans le coin pour la nostalgie, ni pour la poésie et la douceur qui allait avec » donne bien l’atmosphère du récit.

C’est la tâche du romancier d’inventer. Alors l’auteur va s’y atteler, en traquant la réalité de ce monde tout en brodant sans vergogne autour. Et surtout en la concentrant en un lieu d’une banlieue oubliée de tous, autour d’une galerie de personnages tous plus pittoresques et hors normes les uns que les autres. Le titre du roman est emprunté au nom de l’orchestre rock féminin dont fait partie la mère du héros de cette histoire de bruit et de fureur.

Portraits d’insectes, Jean-Henri Fabre

Ecrit par Philippe Chauché , le Lundi, 29 Mai 2017. , dans Le Castor Astral, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, Anthologie

Portraits d’insectes, mai 2017, Edition présentée par Philippe Galanopoulos, Dessins de Pierre Zanzucchi, 14 € . Ecrivain(s): Jean-Henri Fabre Edition: Le Castor Astral

 

« Que de fois aux dernières lueurs du soir, ne m’arrive-t-il pas de le rencontrer lorsque, faisant la chasse aux idées, j’erre au hasard dans le jardin ! Quelque chose fuit, roule en culbutes devant mes pas. Est-ce une feuille morte déplacée par le vent ? Non, c’est le mignon Crapaud que je viens de troubler dans son pèlerinage ».

Merveille des merveilles, plaisir absolu de relire ces portraits d’insectes de Jean-Henri Fabre, le poète scientifique, l’entomologiste du roman de la nature, le génie de l’observation, du détail, l’homme qui se penche dans son jardin de l’Harmas à Sérignan-du-Comtat et voit tout, tout un univers en mouvement permanent, comme sa pensée qui virevolte telle une abeille. Dans sa préface éclairante, Philippe Galanopoulos note : « Fabre conserve (au contraire) le plaisir d’écrire et fait du style une marque de distinction. Il ne se soumet pas à l’orthodoxie du siècle : jamais il n’oppose la littérature à la science ». Jean-Henri Fabre a bouleversé la science, l’observation, et son style, sa manière, cette matière vivante, a passionné ses lecteurs depuis leur première édition en 1879, les scientifiques du monde entier, les lettrés et les écrivains – Victor Hugo, Remy de Gourmont, Maurice Maeterlinck, mais aussi André Breton et Roger Caillois sans oublier le subtil Gilles Deleuze, et Edmond Rostand : « Ce grand savant pense en philosophe, voit en artiste, sent et s’exprime en poète ».