Identification

Fata Morgana

 

Les Éditions Fata Morgana sont une maison d'édition française de littérature et de livre d'art établie à Saint-Clément-de-Rivière dans l'Hérault.

 

 

Reportage, Henri Thomas (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 10 Février 2020. , dans Fata Morgana, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman

Henri Thomas, "Reportage", préface de Jacques Réda, 2020, 256 p.26 E.. Edition: Fata Morgana

 

Henri Thomas, proche de Gide et de la NRF, publie au début des années 40 son premier roman "Le seau à charbon" et son premier recueil poétique,"Travaux d’aveugle". Ayant quitté la France il y revient et reçoit en 1960 pour "John Perkins" le prix Médicis puis en 1961 le prix Femina pour "Le promontoire". La notoriété lui sourit mais suite à la mort de sa femme il ne publie que quelques plaquettes de poésie avant de reprendre son activité littéraire de plus belle au milieu des années 80.

Dans cette période de disette et plus précisément entre 1978 et 1982 il fit néanmoins paraître lors de sa période grise, quarante-deux "Reportages" à la NRF. Pour la première fois ces textes sont enfin rassemblés. S'y retrouvent tout ce qui fait le sel de l'oeuvre de celui qui navigue "entre l’émerveillement d’une présence au monde et l’inquiétude à habiter une existence ordinaire" (Réda)..

Bernard Noël, François Lunven (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Mardi, 17 Décembre 2019. , dans Fata Morgana, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres

Bernard Noël, François Lunven novembre 2019, 88 pages, 19 € Edition: Fata Morgana

 

Bernard Noël : portrait d’un artiste maudit et saint.

Poussé par son amitié et la fascination qu’il éprouvait à son égard, mais pas seulement, Bernard Noël a écrit les plus belles pages sur un artiste « maudit » qui se suicida à 31 ans : François Lunven. Ces textes collationnés et réunis permettent un « turn-over » sur l’homme et l’œuvre aussi habités par Satan Trismégiste que sacrés (mais c’est un peu la même chose).

Avec le poète et un autre graveur (Ramon Alejandro), le trio iconoclaste – comme le rappela ce dernier – redéfinissait la position du diable « dans le livre des Etudes carmélitaines que nous étudiions assidûment en nous esclaffant de rire devant l’autorité bafouée de notre sainte Mère défunte ».

Le Dieu cerf, Philippe Le Guillou (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 09 Décembre 2019. , dans Fata Morgana, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Contes

Le Dieu cerf, Philippe Le Guillou, novembre 2019, ill. Loïc Le Groumellec, 104 pages, 18 € Edition: Fata Morgana

 

Philippe Le Guillou se fait scribe de ce fragment d’une légende (presque) dorée. Et l’auteur de préciser : « récitant d’une geste dont je module, à mon tour, les accents et les échos, je ressens pleinement ce passage de l’orée, cet état de panique joyeuse que m’a toujours inspiré la seule profération du mot “lisière” ». Dès lors l’auteur invente la psychologie de son héros. Il vit à l’épreuve de celle-ci. Et habitant son personnage de l’intérieur, il l’imagine « rempli de cette frayeur religieuse qui gagne les nomades sacrés et les pérégrins… ».

Néanmoins l’auteur ne se laisse pas envahir totalement par ce sombre héros proche d’un lointain : « mon personnage appartient à l’Antiquité, c’est un vir que ne tourmentent ni la peur physique ni la fragilité si féminine, c’est un homme accompli, dans la splendeur de sa force, un guerrier, un chasseur ». Celui-ci troue l’éternité. Il montrerait facilement à l’assassin le chemin, et laisse au besoin monter la voix de l’animal. Il sait repérer au sol une trace même lorsque des ogres brouillent les cartes et des prélats moulinent leurs orgues à prières.

Lettre à René Char sur les incompatibilités de l’écrivain, Georges Bataille (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 04 Novembre 2019. , dans Fata Morgana, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Poésie, Correspondance

Lettre à René Char sur les incompatibilités de l’écrivain, Georges Bataille, septembre 2019, 48 pages, 12 € Edition: Fata Morgana

 

Cette lettre permet de comprendre la relation qui n’allait pas forcément d’elle-même entre Bataille et Char. D’un côté l’obscur des profondeurs, de l’autre une certaine clarté du paysage et de ceux qui l’habitent. D’un côté l’existentialisme et l’absurde, de l’autre les remugles messianismes du surréalisme « historique ».

Certes les deux se réclamaient de ce dernier mais selon une version dissidente plus juste que celle de Breton embrigadé dans certaines ruses et cécités. Ce dernier espérait beaucoup en Char mais n’attendait rien de Bataille. Les deux derniers éprouvent une sympathie mutuelle au nom à la fois d’une perception analogue des contradictions les plus vives qui régissent le monde et l’univers, et par ailleurs d’une douloureuse conscience de l’irrémédiable.

Les nouvelles révélations de l’être, Antonin Artaud (par Jean-Paul Gavard-Perret)

Ecrit par Jean-Paul Gavard-Perret , le Lundi, 18 Mars 2019. , dans Fata Morgana, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, Théâtre

Les nouvelles révélations de l’être, février 2019, 48 pages, 12 € . Ecrivain(s): Antonin Artaud Edition: Fata Morgana

 

L’introduction au néant

Dès 1937 – date de l’écriture de ce texte – Artaud inscrit de facto sa schize : « je ne suis pas mort, je suis séparé ». Ce « mort au monde » se trouve déjà incapable de parler en son nom et va commencer le cycle des rétentions en asiles psychiatriques.

S’inscrit déjà ici ce que les Cahiers terminaux finiront dans cette tentative de se débarrasser de la matrice de la tache de naissance, des vices de la chair et de l’esclavage qu’elle enclenche.

S’inscrivent les premières scènes (tragiques et fulgurantes) du « théâtre généralisé » de l’auteur. Elles sont la véritable introduction au néant. La mort n’est plus tenue à distance.

Se sent déjà comment la terre aspire l’être dont elle se nourrit jusqu’aux « crachats ». Artaud rentre directement en rapport avec les semences immondes qui sont les restes et les cendres. Comme plus tard dans les Lettres relatives aux Tarahumaras, il vit – ou subit – là mais sous un registre totalement opposé une « expérience organique ».