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Gallimard Jeunesse

Collection jeunesse de Gallimard

L’enfant jaguar, Anne Sibran (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 17 Juin 2022. , dans Gallimard Jeunesse, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Jeunesse

L’enfant jaguar, Anne Sibran, mars 2022, Illust. Benjamin Bachelier, 48 pages, 17,90 € Edition: Gallimard Jeunesse

 

Le génie du lieu

Anne Sibran a étudié l’ethnologie, la philosophie, et a appris le quechua à l’INALCO. Elle adapte dans ce livre-jeunesse de 48 pages, de 23x29 cm, L’enfant jaguar, l’histoire vraie d’un « vieux Sacha Runa d’Équateur ». Sur l’éclatante jaquette de couverture, un très jeune garçon émerge d’une frondaison touffue sous un croissant de lune, qui se tient prêt à nous embarquer dans sa quête. Benjamin Bachelier, diplômé des Beaux-arts d’Angoulême, accompagne le beau texte d’Anne Sibran par ses illustrations riches et de nature picturale.

La couleur, aquarellée dans un style sensible, produit souplesse et dynamisme. La fluidité des effets de fondus, des dégradés, ou des variations plus obscures, révèle et fait vibrer les teintes pétulantes. La technique mouillée des taches et des aplats rend idéalement l’atmosphère de la forêt amazonienne. Rien n’est vraiment totalement noir dans cet univers exotique et sylvestre, même la nuit est habitée. Des résurgences totémiques, des formes étranges animent de jour comme de nuit ce lieu secret.

Pierre Lapin, Beatrix Potter (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 10 Juin 2022. , dans Gallimard Jeunesse, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Jeunesse

Pierre Lapin, Beatrix Potter, mars 2022, 25 pages, 10,90 € Edition: Gallimard Jeunesse

Un lapin rebelle

Pierre Lapin (Peter Rabbit, 1902), un grand classique inaugurant un cycle de récits de la littérature jeunesse, est réédité par Gallimard Jeunesse dans ce superbe album anniversaire, pour ses 120 ans d’existence, au format 285x232 mm, doté de 32 pages et de gardes in-texte. Beatrix Potter (1866-1943), l’écrivaine britannique, était également naturaliste et dessinatrice. Elle a subi néanmoins l’ostracisme de la communauté scientifique de l’époque qui interdisait aux femmes de se présenter aux colloques. Elle a légué plus de 450 dessins naturalistes à l’Armitt Museum Gallery d’Ambleside.

Les lapineaux représentés par Beatrix Potter portent des prénoms délicieusement charmants : Flopsaut, Trotsaut, Queue-de-Coton, Pierre, et vivent en compagnie de leur mère à l’orée d’un grand bois. Mère lapin met en garde ses quatre lapereaux contre les risques de s’aventurer trop loin hors du terrier et de ses alentours. Une imprudence qui a coûté la vie à leur père lapin, mangé par l’horrible Monsieur MacGregor ! Les sœurs de Pierre sont vêtues de pélerines à boutons de cuivre ou dorés, portant chacune, comme Le Petit Chaperon rouge, des paniers d’osier. Pierre, lui, porte une veste courte à boutons dorés. Or, ce garçon s’avère être un petit lapin désobéissant et rebelle ! Les légumes du potager du vieux jardinier grincheux sont délicieux et Pierre outrepasse les recommandations de sa mère…

Un baiser qui palpite là, comme une petite bête, Gilles Paris (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 22 Octobre 2021. , dans Gallimard Jeunesse, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Jeunesse

Un baiser qui palpite là, comme une petite bête, septembre 2021, 224 pages, 13,50 € . Ecrivain(s): Gilles Paris

 

Sur un titre puisé dans un poème du génial et jeune Rimbaud, l’écrivain campe une histoire dont les divers narrateurs sont des jeunes lycéens de quinze et seize ans, en quête d’eux-mêmes, des autres, des joies et des désirs d’adolescents. En quête d’amitié, d’amour, de sexe, s’essayant à la fête, à la drogue, à l’alcool, comme nombre de jeunes.

Voici donc Iris, Emma, Sarah, Chloé. Voici Léon, le disgracieux, Tom, à la mèche insolente, Aaron, Solal, Timothée, Léon, et d’autres. Les jumeaux Emma et Tom, de parents cossus, traversent cette histoire multiple, qui voit s’accumuler les rencontres, les coups bas, les fêtes, les trahisons. Iris s’est pendue, et toutes et tous s’en souviennent, parce qu’ils ont été les uns et les autres responsables de son geste pour l’avoir harcelée, souillée au lycée, l’année précédente. Depuis l’affaire Iris, tout est différent et à la fois pareil. Les séductions, les rencontres, les couples qui se forment, les réseaux qui guettent et visent leurs proies.

La Trilogie de la Poussière, Livre 1, La Belle Sauvage & Livre 2, La Communauté des esprits, Philip Pullman (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Mardi, 01 Juin 2021. , dans Gallimard Jeunesse, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Jeunesse

Edition: Gallimard Jeunesse

 

La Trilogie de la Poussière, Livre 1, La Belle Sauvage (Folio, avril 2021, 544 pages, 9,30 €), & Livre 2, La Communauté des esprits (Gallimard, septembre 2020, 656 pages, 22 €), Philip Pullman, trad. anglais, Jean Esch

Philip Pullman (1946), avec la trilogie À la Croisée des mondes, a créé non seulement un phénomène éditorial à succès désormais transformé en série télévisée (après l’adaptation cinématographique du premier tome, sous le titre de La Boussole d’or, qui fut boudée par le public) et en bande dessinée, mais surtout un univers narratif à la fois complexe et cohérent, ce qui lui donne une paradoxale évidence. Pour faire simple, disons que Pullman, dont les romans ont été publiés en français par Gallimard tant sous l’étiquette « SF » que « Folio Junior » ou tout simplement « Folio », a brouillé les pistes avec intelligence : les romans de l’univers dans lequel Lyra Parle-d’Or évolue relèvent-ils de la science-fiction, de la fantasy, de la littérature à destination de la jeunesse, du roman d’aventure ou de la méditation sur l’existence d’univers parallèles avec un détour par un rien de physique quantique, et une magnifique tendance à dire des choses essentielles et puissantes sur la vie, en nous et autour de nous ? Bien malin qui pourrait répondre de façon absolue – mais bien moins malin qui omettrait l’essentiel :

Inventer les couleurs, Gilles Paris (par Christelle Brocard)

, le Vendredi, 29 Mars 2019. , dans Gallimard Jeunesse, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Jeunesse

Inventer les couleurs, mars 2019, ill. Aline Zalko, 48 pages, 11,90 € . Ecrivain(s): Gilles Paris Edition: Gallimard Jeunesse

 

Empêtré dans la grisaille de son quotidien, l’adulte atrophie le monde qui l’entoure. Peu enclin aux rêves et à la fantaisie, les couleurs sont pour lui uniquement celles de la réalité : « Mais les feuilles des arbres sont vertes, Hippo. La mer est bleue et le soleil jaune ». Mais le petit Hyppolite est loin d’être un ahuri. Il a parfaitement observé que les visages de Fatou et de Firmin sont noirs, ceux des jumelles Chan et Cui, jaunes, et ceux d’Abdallah et Antar, café au lait. Aussi ignore-t-il cette remarque condescendante de Jérôme, l’animateur du service de l’Enfance de la Ville, tout en faisant preuve d’une empathie profonde et clairvoyante à son égard. Après tout, ce dernier vit seul, une vie sans couleur, au douzième étage d’un immeuble, tout au fond d’un couloir, avec un chien pas à lui qui pisse sur son paillasson. L’existence d’Hyppolite n’a pourtant rien d’un conte de fées : sa mère est partie avec le père de son meilleur ami, il s’acquitte de tous les devoirs domestiques que son propre père, noyé dans le chagrin et la bière, n’est depuis longtemps plus en mesure d’assumer : « A chaque fois, je bondis hors de mon lit, je lui prépare son café, un peu grognon d’être debout, les cheveux coiffés par le vent du sommeil. Je prends un sac plastique et j’y mets toutes les canettes mortes et le contenu de son cendrier qui déborde de partout ». Pas étonnant qu’il s’endorme en classe et se retrouve chez le directeur.