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Editions du Cygne


Les éditions du Cygne :

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La Vie rien que la Vie toute la Vie, Marcel Peltier (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Vendredi, 04 Octobre 2019. , dans Editions du Cygne, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

La Vie rien que la Vie toute la Vie, juillet 2019, 60 pages, 10 € . Ecrivain(s): Marcel Peltier Edition: Editions du Cygne

Deux phrases courtes et une césure suffisent à Marcel Peltier pour en dire autant qu’en plusieurs pages explicatives. C’est que cette poésie ne s’explique pas, mais elle se vit. Ce peu de mots renforce même tellement l’idée qu’on semble assister à un coup de « bluff » ; mais la poésie est-elle autre chose que de blanchir ce qui est déjà évident, à l’instar de « Voiles/ Blanchiment/ la mer blanche » ?

Cette poésie fait mouche « de mémoire » puisqu’une amie poète, alors que j’évoquais la parution du nouveau recueil de Marcel, m’a spontanément déclamé, avec un grand sourire : « Ma tasse ébréchée/ J’y tiens », ces mots sortis d’un autre recueil de poèmes du même cru qui fut présenté au public de l’A.E.B.

Marcel Peltier est un des rares poètes activant des titres de recueils plus longs que ce qu’il dit entre les lignes alors que c’est justement parfois cette « politique du peu » qui donne une idée d’abondance. Un autre poète à maîtriser les mots de cette manière n’est autre que Guillevic. Comme ce dernier, Marcel est un briseur de parois, un pourfendeur de matière sublimant son enclume jusqu’à en faire jaillir, très soudainement, un mot ou deux qui semblent surgis de nulle part, tels ces « Vitraux/ Quels témoins/ De Vie ! » où c’est la durée suggérée de ce qui est évoqué qui prend la place de ce qui est réellement dit.

Reprenons les chemins d’ici, Arnaud Le Vac (par Philippe Chauché)

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 07 Juin 2019. , dans Editions du Cygne, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Reprenons les chemins d’ici, mars 2019, 72 pages, 11 € . Ecrivain(s): Arnaud Le Vac Edition: Editions du Cygne

 

« Etre au rythme de l’eau

épandant ses flots

en tous sens, entourant,

cernant la ville en son cœur ».

 

Après On ne part pas, publié il y a deux ans, Arnaud Le Vac revient avec un nouveau livre, joliment baptisé Reprenons les chemins d’ici, et inspiré d’Arthur Rimbaud – J’ai tendu des cordes de clocher à clocher ; des guirlandes de fenêtre à fenêtre ; des chaînes d’or d’étoile à étoile, et je danse (1). Et à la manière de Michel de Montaigne, sème des fleurs : de courts poèmes racés, des visions – Un pont, puis un autre pont, et tout à coup devant soi : les canaux sans fin, à l’infini –, des évidences partagées, Quelques cafés, librairies et jardins ; nous rions et c’est mérité. Trop ? Jamais assez – et un grand principe qui le conduit, la liberté nous oblige à la légèreté, ce qui évite le bavardage.

Amours sibériennes, Ismaël Billy (par France Burghelle Rey)

Ecrit par France Burghelle Rey , le Mercredi, 05 Juin 2019. , dans Editions du Cygne, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Amours sibériennes, Ismaël Billy, éditions du Cygne, 2018 Edition: Editions du Cygne

 

 

Dès la première page de ce recueil qui a reçu le prix d'Honneur 2018 de La Cause littéraire un chant, comme celui de Maldoror, se lève. Avec un lexique et un rythme dignes de Lautréamont l'amour s'exprime dans "la sauvagerie du monde" :

Aux noirs océans, dans la calme mort des eaux assombries

des soleils impuissants qui jamais ne profanent

L'introduction de l'alphabet cyrillique va contribuer à personnifier la mère Russie rendue déjà vivante par l'adresse aux eaux :

L'Amour est un fleuve ; je t'aime, marée de l'Est.

Tu écris des poèmes, Murièle Modély

Ecrit par Cathy Garcia , le Lundi, 04 Décembre 2017. , dans Editions du Cygne, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

Tu écris des poèmes, novembre 2017, 95 pages, 12 € . Ecrivain(s): Murièle Modély Edition: Editions du Cygne

« Tu écris des poèmes », écrit l’auteur, s’adressant à elle-même en usant de ce tu, ce tu qui résonne comme une affirmation ou une accusation, une violence ; aussi bien un silence épais qui vient boucher la sortie des mots qu’un débordement de mots pour recouvrir le silence. Le volcan revient souvent dans l’écriture de Murièle Modély, on pense bien sûr à l’ile de la Réunion, un volcan peut-être « vibrant et lumineux comme le mot racine/dissimulé dans ta première dent de lait ». Volcan métaphore aussi de ce qui couve dans les entrailles, sous la croûte du quotidien, ce qui brûle et déborde par la moindre fissure, tantôt montagne solide, muette et impassible, tantôt menace d’explosion quand le solide pris de fièvre intense se fait liquide, salive, sueur, sperme, cyprine, alors tout tremble et les mots dévalent « dans tous les sens/à bride abattue/jusqu’à respirer sur la table/l’odeur de langue coupée ».

Le poème sourd de l’intérieur, il vient dire quand dire est trop difficile, voire impossible. « Tu écris des poèmes/lorsque tu sens le réel se dérober/dès l’instant où personne ne te comprend/et vice et versa où tu ne comprends personne ». Alors le poème jaillit du cratère, du gouffre : « comme le poème, tu as un trou au milieu de la phrase ». Chez Murièle Modély, les poèmes suintent de ce trou, forment le corps du poète. « Tes poèmes sont n’importe quelle partie de ton corps/n’importe laquelle (…) sauf la tête ».

On ne part pas, Arnaud Le Vac

Ecrit par Philippe Chauché , le Vendredi, 22 Septembre 2017. , dans Editions du Cygne, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

On ne part pas, juillet 2017, 56 pages, 10 € . Ecrivain(s): Arnaud Le Vac Edition: Editions du Cygne

« Une page d’Homère et de Lucrèce, de David et de Dante, de Shakespeare et de Góngora, de Hölderlin et de Rimbaud. Le jour est autre, la nuit aussi. La singularité fait la différence, l’exception se vérifie.

Tout cela se passe sous nos yeux : vous êtes disponible à vous-même plus que jamais, à l’autre par-delà vous-même. Une page déroule et enroule votre voix comme une plage de musique et un chant le temps sous vos yeux ».

On ne part pas pourrait aussi s’appeler on ne meurt pas, tant ce jeune écrivain, éditeur et poète* s’impose par sa singularité, sa différence, son art brillant de rendre une phrase lumineuse, simplement lumineuse et musicale, comme si la main de Rimbaud s’était posée sur la sienne. On ne part pas est un chant du temps qui épouse chacun de nos mouvements, la main tourne les pages, l’œil fixe les lignes, l’oreille attentive écoute, et on peut aussi tenter l’expérience inverse : l’oreille tourne les pages, la main fixe les lignes, l’œil écoute et la beauté jaillit. C’est ce que l’on appelle l’expérience poétique dans ce qu’elle a de plus nécessaire, de plus vital, et ce tout petit livre déploie ses éclats luxuriants en toute sagesse. L’écriture d’Arnaud Le Vac est d’une grande limpidité, tout y est net et précis, presque transparent, c’est la ligne claire qui l’occupe.